Marcel Verrière voit le jour le 4 août 1895. Capitaine d’infanterie en 1940, il rejoint la Résistance en octobre 1941, se faisant appeler Lecomte, dans le groupe de Ripoche de Ceux de la Libération. Lecomte prend alors la direction de la trésorerie. La couverture est idéale puisque Lecomte est banquier et que sa banque (Banque Mobilière Privée, 22 rue Pasquier) assure le transfert des fonds.
Le système qu’il met au point est le suivant : la Banque Mobilière Privée enregistre l’argent en provenance de Londres, puis le transfère au Crédit du Nord, boulevard Haussmann. Ces deux banques sont à leur insu les dépositaires des fonds du réseau. Les déplacements d’argent prennent ensuite la direction de la province au travers des succursales régionales.
Ainsi, les agences de la Confrérie Notre-Dame (CND) sont alimentées directement par des banques dans leurs villes respectives. Lecomte assure même à la CND de l’argent disponible quand celle-ci n’a pas d’approvisionnement de Londres.
De plus, son métier de banquier lui permet de spéculer avec l’argent qu’il reçoit pour augmenter les moyens financiers du réseau. Il créée ainsi un fond de sauvegarde pour pallier les absences d’envois financiers. Il réalise de grosses opérations de spéculations lorsque Londres, à court de francs, lui expédie des dollars.
Ces opérations financières permettent à la CND de financer des opérations de l’OCM et des communistes. De janvier à octobre 1942, la CND prend en charge les frais des agents de Centurie. Mais l’effort le plus important reste pour les communistes. Des millions de francs sont remis par la CND au Front National (FN). Grace à Lecomte, la CND remet 500 000 francs par semaine à Joseph.
La trésorerie du réseau prend aussi en charge le financement du SR FANA, monté conjointement en octobre 1942, par Rémy et le professeur Prenant, envoyé spécial du FN. Malgré tous les efforts de Lecomte, la trésorerie CND est au bord de la banqueroute. En novembre 1942, Lecomte réalise la dernière opération financière pour les communistes.
Mille ouvriers sont réquisitionnés par le STO, Joseph propose à Rémy de donner mille francs par ouvrier pour permettre au FN de les intégrer au FTP. Cette opération coûte à la CND environ 1 million de francs. Le 25 novembre 1942, Rémy, sur les conseils de Lecomte, prévient les communistes que la CND ne peut plus les financer sans affaiblir dangereusement le réseau.
A partir de décembre 1942, la CND se dégage peu à peu de la trésorerie des communistes. Lecomte recrute aussi un noyau d’agent dans son entourage familial et professionnel pour recueillir des renseignements. La Gestapo l’arrête en novembre 1943. Mais il réussit à se jouer des Allemands qui le relâchent faute de preuves.
En novembre 1943, il récupère les éléments de la CND et rebaptise les restes sous le nom de Castille. Celle-ci travaille jusqu’à la Libération avec l’OCM. Lecomte est le premier liquidateur du réseau CND-Castille. Il devient à la Libération le président du Parisien Libéré. Il décède le 18 août 1966.
Témoignage (de Courtaud) :
« C’était un homme d’une belle stature, au visage mobile, à l’œil vif, au sourire jovial et à la voix feutrée et saccadée à la fois. Il inspirait la confiance et de lui se dégageait la certitude que ce qu’il faisait, il le faisait sans bruit mais avec efficacité. Prudent, discret, c’était là un camarade aux conseils duquel on pouvait se fier.»
Distinctions : commandeur de la Légion d’honneur (dossier non disponible dans la Base Léonore) ; croix de Guerre 1914-1918 et 1940-1945.
Sources : Site de la CND ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2108-11-11.