Charles Henri Ver-Huell nait à Doetichem (Pays-Bas), le 11 février 1764. Cadet dans un régiment d’infanterie en 1775, il demande, en 1778, à entrer dans le service de mer. Il est admis l’année suivante en qualité de garde de la marine. Ver-Huell fait sa première campagne sur la frégate l’Argo. Il se trouve au combat que l’amiral comte Byland livre à la division anglaise commandée par le commodore Fielding.
Sous-lieutenant de la marine en 1781, il assiste, à bord du même navire, au combat de Doggers-Banck (5 août 1781). Il est blessé dans cette action par une explosion de gargousses. Il obtient le grade de lieutenant de vaisseau en récompense de sa conduite. De 1782 à 1785, il navigue dans la Méditerranée, sur les côtes d’Afrique et dans les mers du Nord.
Vers la fin de la campagne de 1785, se trouvant dans le Zuiderzee, il ajoute à sa réputation par un beau trait d’intrépidité. L’équipage d’un vaisseau se soulève en masse et met ses officiers aux fers. Le lieutenant Ver-Huell, chargé d’aller apaiser cette révolte, se jette dans une embarcation à la tête de quatre-vingts hommes. Il s’approche par surprise, s’élance le premier sur le pont, et, après avoir terrassé plusieurs matelots, il se rend maître du bâtiment.
Promu au grade de major, premier lieutenant de vaisseau, il sert jusqu’en 1789 dans la mer Baltique, la mer du Nord et la Méditerranée. Capitaine de frégate en 1791, il commande une corvette destinée pour les Indes Occidentales. Nommé en l’an III premier adjudant de l’amiral Kinsbergen, il organise un corps de matelots armés. Il passe, l’année suivante, capitaine de vaisseau.
Lors du renversement du Stathoudérat, il se retire du service avec la presque totalité des officiers du corps de la marine. En l’an XI, il rentre à la sollicitation du gouvernement hollandais dans la marine avec le grade de contre-amiral. Lors du fameux projet de descente en Angleterre, la Hollande doit fournir son contingent naval.
Chargé par Napoléon du commandement de la flottille qui se rend à Boulogne, l’amiral Ver-Huell livre à l’amiral anglais Keith, sous le cap Grinez, un combat qui excite l’enthousiasme de toute l’armée. Il lui mérite ensuite des témoignages de satisfaction de la part de Napoléon. Vice-amiral le 12 prairial an XII, le gouvernement hollandais l’appelle au ministère de la marine. Mais il refuse d’accepter le portefeuille avant d’avoir réuni sa flottille à celle des Français.
Un décret lui confie le commandement en chef de l’aile droite de l’armée navale chargée d’opérer contre les côtes d’Angleterre. Après le désarmement de la flottille rassemblée dans les ports de la Manche, il prend possession du portefeuille de la marine en Hollande. C’est lui qui, le 5 juin 1806, demande, en qualité de président de la députation hollandaise, le prince Louis-Napoléon pour roi de Hollande.
Le nouveau roi le nomme maréchal, et bientôt après ambassadeur à Paris. En 1809, lors de la descente des Anglais dans l’île de Walcheren, l’amiral Ver-Huell doit prendre toutes les précautions de sûreté que nécessite cet événement. Il arbore son pavillon sur le vaisseau amiral le Royal Hollandais, et protège efficacement les côtes de la Hollande.
En récompense de ce service, Napoléon le crée comte de Sevenaer. En 1810, lors de la réunion de la Hollande à la France, il devient président de la junte. De plus, l’empereur le maintient dans son grade de vice-amiral de la marine française. À partir de cette époque il appartient irrévocablement à la France.
Commandement général des forces navales sur les côtes de la mer du Nord et de la Baltique, il y déploie une activité remarquable. On lui doit l’établissement des chantiers de construction dans les ports de Brème, de Hambourg et de Lubeck.
Le 1er mars 1811, l’empereur lui accorde une pension de 15. 000 francs sur les fonds de la Légion d’honneur. Au commencement de 1812, il commande l’armée navale du Helder et du Texel et les forces réunies dans le Zuiderzee. Quand l’insurrection éclate en Hollande, fin 1813, l’amiral Ver-Huell sait concilier ses devoirs envers son ancienne patrie et sa patrie adoptive.
Il fait entrer la flotte placée sous ses ordres dans le port de Nieuste-Diep. Puis il s’enferme avec les équipages français et toute la garnison du Helder dans le fort de la Salle. En même temps, il occupe le fort Morland. Puis, il se maintient dans cette position pendant tout l’hiver de 1813 à 1814. Après l’abdication de l’empereur il consent à remettre la place du Helder au général Jonge qui les assiégeait. Il part alors pour Paris.
Louis XVIII le maintient dans son grade et ses titres, lui accorde des lettres de grande naturalisation. L’amiral Ver-Huell fixe définitivement son séjour dans le pays aux intérêts duquel il s’est voué depuis longtemps. En 1815, le gouvernement met deux frégates du port de Rochefort à la disposition de l’Empereur pour le transporter aux États-Unis. L’on sait que les escadres anglaises bloquent ce port et attendent sa sortie. Napoléon demande Ver-Huell pour commander ces deux bâtiments.
La question est agitée à la Chambre des Pairs. Le ministre de la marine, Denis Decrès, déclare que le grade de l’amiral Ver-Huell lui parait trop élevé pour le charger du commandement de deux simples frégates. L’amiral Ver-Huell, alors absent de Paris, n’apprend que plus tard ce qui s’est passé. Ses regrets témoignent qu’il sait apprécier autrement que le ministre un choix si glorieux.
Extrait (de Napoléon, sur le rocher de Sainte-Hélène) :
« Si cette mission avait été confiée à Ver-Huell, ainsi qu’on me l’avait promis, il est probable qu’il eût passé. »
Admis à la retraite en 1816, il meurt en octobre 1845, à l’âge de 81 ans, après de longs et brillants services.
Titres : Comte de l’Empire (1 mars 1811), Pair de France (5 mars 1819).
Distinctions : légionnaire (12 prairial an XII), grand-croix (11 juin 1806), grand-officier de la Légion d’honneur (1812), chevalier du Mérite militaire (1815), grand-croix de l’Union.
Hommages : Son nom est gravé sur l’Arc de Triomphe.
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur) ; Wikipedia. Date de création : 2006-12-31.