De son vrai nom Guy Treichler, Guy Tréjan voit le jour à Paris, le 18 septembre 1921. C’est le fils unique de Jacques Treichler, de nationalité suisse, représentant de produits manufacturés, et de Simone Jamsin, mannequin chez Premet. Guy Tréjan a seize ans quand son père décède.
Jusqu’à là, il a suivi une scolarité sérieuse au collège de Genève puis dans une institution, près de Zurich. Sa mère part pour Bruxelles où elle trouve un emploi de gouvernante. Son fils l’accompagne et interrompt ses études, mais s’engage à suivre des cours par correspondance.
Sa vocation se dessinant, il fréquente surtout tous les théâtres de la ville : il veut devenir acteur. Un an plus tard, il gagne Paris où il fait la connaissance de René Lefèvre. Ce dernier l’encourage et lui donne l’occasion de faire un peu de figuration. Guy Tréjan suit les cours de Paupélix, ancien acteur du théâtre de l’Odéon.
Il joue sa toute première pièce au Théâtre de l’Abri (aujourd’hui disparu). Chez Louis Jouvet, il est auditeur libre, il passe ensuite chez Charles Dullin, alors directeur du Théâtre Sarah Bernhardt devenu sous l’occupation le Théâtre de la Cité.
Le régime de Vichy ayant instauré le Service du Travail Obligatoire, Guy met à profit sa double nationalité pour y échapper. Il rejoint alors Genève (Suisse) où il est pensionnaire à la Comédie de Genève pendant huit années. Il joue dans de nombreuses villes suisses, notamment Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux. Avec Pauline Carton, il se produit au cabaret. Par ailleurs, il enregistre des pièces radiophoniques.
Il est reporter pour Radio Genève et anime d’excellentes interviews de Sacha Guitry, Edwige Feuillère, Elvire Popesco, Madeleine Robinson etc. En 1952, il revient en France, quittant définitivement Genève avec en poche un engagement aux tournées Karsenty, pour Félix d’Henri Bernstein.
Guy Tréjan joue Cocktail Party de T.S Eliot au Théâtre du vieux Colombier. De ce jour, il ne quittera plus les planches. Il brille aussi bien dans le classique que dans le Boulevard. On lui doit d’excellentes interprétations comme dans le Tartuffe, mis en scène par Roger Planchon, La Ceriseraie par Peter Brook, Antigone de Jean Anouilh, Le Libertin de Dieu de Michèle Ressi qu’il joue en 1997 à la Comédie des Champs Elysées.
Il joue six pièces avec son amie Edwige Feuillère :
- Constance, de Somerset Maughan,
- L’Aigle à deux têtes, de Jean Cocteau,
- Eve et Line, de Luigi Pirandello,
- Le Bateau pour Lipaïa, d’Alex Arbouzov,
- Cher Menteur, de Jérôme Kilty,
- Les Meilleurs amis, de Hugh Whitemore.
Parmi ses grands succès figurent :
- Pepsie, de Pierrette Bruno,
- Photo finish, de Peter Ustinov,
- Domino, de Marcel Achard,
- Un sale égoïste, de Françoise Dorin,
- No man’s land, de Harold Pinter,
- Chacun sa vérité, de Luigi Pirandello,
- La Villa bleue, de Jean Claude Brinsville,
- Volpone, dans l’adaptation de Jules Romains et de Stefan Zweig, etc.
Et enfin sa magistrale interprétation du professeur juif dans Heldenplatz, qu’il joue au Théâtre de la Colline dans une mise en scène de Jorge Lavelli, lui vaut le Molière 1991.
Il débute au cinéma dans Marie Antoinette, Reine de France, avec Michèle Morgan, où il campe un Lafayette superbe sous la direction de Jean Delannoy. Ce sera ensuite, Les Trois Mousquetaires, de Bernard Borderie, Pouic-Pouic, de Jean Girault avec Louis de Funès. On retient également sa prestation dans «J’ai épousé une ombre» et enfin Hey Stranger.
La télévision le sollicite également : Le dossier de Chelsea Street, de Marcel Bluwal, «Tous ceux qui tombent», de Michel Mitrani, Allô Police, une série de 36épisodes dans laquelle il interprète le rôle du Commissaire Lambert, Nana, de Maurice Cazeneuve, avec Véronique Genest, Thérèse Humbert, de Marcel Bluwal, Madame le Maire, une série avec Marthe Mercadier, Cinéma, de Philippe Lefebvre, Un crime de guerre, de Michel Wyn, etc.
Ce grand serviteur du Théâtre a poursuivi sa passion jusqu’au bout, passion qui lui a permis de servir les meilleurs auteurs et de tenir de grands rôles. Maurice Escande, alors administrateur de la Comédie Française, a failli l’embaucher dans la Maison de Molière, mais cela ne s’est jamais fait. Le grand comédien décède à Paris le 25 janvier 2001.
Sources : -. Date de création : 2006-03-10.