(Eulalie) Élise Dosne vit le jour le 2 novembre 1818, à Paris. C’est la fille d’Alexis Dosne (1789-1849), agent de change, propriétaire du château de Thun à Vaux-sur-Seine, régent de la Banque de France, et d’Euridyce née Matheron (1794-1869).
Elise a une sœur, Félicie Dosne (1823-1906). En 1827, Adolphe Thiers se lie d’amitié avec la famille Dosne. Il entretient une relation secrète avec la maîtresse de maison, Eurydice (elle a alors 32 ans et lui 30). En 1833, il épouse la fille aînée, Élise, ce qui lui permet de continuer à voir son amante.
Élise apporte en dot un hôtel particulier situé place Saint-Georges, qui abrite aujourd’hui la fondation Dosne-Thiers. Thiers s’entiche également de la seconde fille de la famille, Félicie. La presse parle alors des « trois moitiés de M. Thiers ». En 1871, Eurydice décède mais Adolphe Thiers continue sa double relation avec Elise. Des chansonniers de l’époque composent les vers suivants : « Je n’ai ni Montespan, ni Fontanges, La Vallière, ni Maintenon Mais j’ai Madame Thiers, un ange, Et Félicie un joli nom ».
Le couple et la belle-sœur du président habitent Versailles car Élise a peur de Paris. Elle dit « Nous ne serions pas quinze jours à Paris, sans que Monsieur Thiers soit assassiné ». Néanmoins, Thiers travaille au palais de l’Élysée la journée et participe aux éventuels dîners diplomatiques, le soir.
Chaque matin, elle va faire le marché à Versailles et ne déroge pas à sa réputation de femme économe. Lors d’un déjeuner mondain en l’honneur de la princesse Troubetskoy, elle va même jusqu’à refuser que le président change les fruits pourris posés sur la table avec ceux, frais, déposés non loin. Elle dit : « Non, mon ami, ceux-là sont pour ce soir ».
Cette radinerie lui attire beaucoup de foudres, notamment de la part de Pauline von Metternich qui la dit « froide ». Mais tandis qu’Élise se comporte en femme austère et de principes, sa sœur Félicie s’habille à la dernière mode et semble mieux apprécier le rôle de maîtresse de maison. Chaque été, le président, son épouse et la sœur de celle-ci vont à Dinard et Trouville et marchent sur la plage avec les bourgeois de l’époque.
Le 24 mai 1873, Adolphe Thiers démissionne et va s’installer au bord du lac Léman. Il décède entouré d’Élise et de Félicie, le 3 septembre 1877. Lors des obsèques, Élise Thiers demande un discours à Jules Grévy, faisant de lui l’héritier naturel et le successeur d’Adolphe Thiers. Puis elle achète une grande concession au cimetière du Père Lachaise. Elle souhaite construire sur ce terrain de 144 mètres carrés le plus grand des mausolées.
Elle décède le 11 décembre 1880, dans son hôtel particulier, place Saint-Georges. Ses obsèques sont célébrées le 15 décembre 1880, en l’église Notre-Dame de Lorette. Elle repose avec son mari, le président de la république Adolphe Thiers (1797-1877), et sa sœur, Félicie Dosne (1823-1906), amante d’Adolphe Thiers.
François Auguste Mignet, et surtout sa sœur Félicie, créent par la suite la fondation Dosne-Thiers.
Une note datée du 6 avril 1882, aujourd’hui à la BNF, confirme que l’idée de la fondation est d’Élise Thiers. Elle aurait ainsi parlé de la « fondation d’une école destinée par son objet à rappeler le souvenir des grands travaux de M. Thiers ». Cette note précise que « l’accès à cette fondation sera réservé à des étudiants brillants dont le champ de savoir n’a d’égal que l’hétérogénéité des connaissances (sciences, philosophie…). »
En 1924, une vente aux enchères disperse les bijoux d’Élise Thiers. La vente atteint des records de prix ; la pièce maîtresse est un collier offert par la reine d’Espagne Isabelle II, parti pour 11 280 000 francs.
Hommages : Une salle du musée du Louvre porte le nom de « salle Élise Dosne-Thiers ». Elle présente le legs qu’Elise fait, peu avant sa mort, au musée de la collection de porcelaines qu’elle avait rassemblée. L’origine des 600 pièces à décor floral est essentiellement de la manufacture de Vincennes-Sèvres.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2018-11-02.