Serge Alexandre Stavisky, dit « le beau Sacha », voit le jour en Ukraine, le 20 novembre 1886, dans une famille juive. Il se fait naturaliser français en 1910. Séducteur et beau parleur, il devient rapidement un escroc professionnel. Impliqué dans plusieurs affaires de vol et arrêté à Marly-le-Roi, il écope de dix-huit mois de prison de la Santé, à Paris, en 1926.
Malgré ses appuis dans les milieux économiques et parmi les hommes politiques, il se compromet définitivement avec l’affaire des bons de Bayonne où il réussit à détourner, sous le nom de Serge Alexandre, 235 millions de francs au détriment du Crédit municipal de Bayonne avec la complicité du député-maire de la ville, Joseph Garat.
On découvre l’arnaque à la fin de l’année 1933. Stavisky est alors recherché et il prend la fuite. La police le traque jusqu’à son chalet près de Chamonix, dit «le Vieux logis». Lorsque les policiers entrent dans la résidence, le 8 janvier 1934, un coup de feu retentit et on trouve Stavisky mort, une balle dans la tête.
Il s’est suicidé (?). Cet événement, extrêmement médiatisé, donne lieu à une crise politique.
L’affaire Stavisky
C’est une crise politique survenue en janvier 1934, succédant au décès dans des circonstances mystérieuses d’Alexandre Stavisky. Ce scandale symbolise la crise d’un régime instable soupçonné de corruption. Il contribue à la chute du gouvernement de Camille Chautemps et au déclenchement des émeutes antiparlementaires du 6 février 1934.
Le 23 décembre 1933, on arrête le directeur du Crédit communal de Bayonne, Gustave Tissier, pour fraude et mise en circulation de faux billets pour un montant de 235 millions de francs. On découvre rapidement que Tissier n’est que l’exécutant du fondateur du Crédit communal, Serge Alexandre Stavisky.
L’enquête, menée tambour battant, permet de découvrir les nombreuses relations entretenues par l’escroc dans la police, la presse et la justice : le député Bonnaure, le sénateur Renoult, le ministre des Colonies et ancien ministre de la Justice Albert Dalimier, les directeurs de journaux Dubarry et Aymard qui ont profité de ses largesses en échange de leur appui. Sans parler du procureur général Pressard, beau-frère du président du Conseil Camille Chautemps, qui a fait en sorte que Stavisky voit son procès indéfiniment reporté.
On se demande à qui le suicide (ou le crime) profite le plus. Le Canard enchaîné titre « Stavisky se suicide d’un coup de revolver qui lui est tiré à bout portant. » ou encore « Stavisky s’est suicidé d’une balle tirée à 3 mètres. Voilà ce que c’est que d’avoir le bras long. »
Cette affaire déclenche une grande polémique qui divise la France en deux clans: ceux qui le croient coupable et les autres. Elle fait aussi éclater un scandale politique puisqu’il s’avère que la justice poursuivait déjà Stavisky, mais que les poursuites avaient été étouffées sur intervention de ministres ou de parlementaires.
André Tardieu publie une liste fantaisiste de parlementaires ayant « touché », qui rappelle les « chéquards » de l’affaire de Panama. Léon Daudet dénonce en Chautemps le chef d’une bande de voleurs et d’assassins. Un accès d’antiparlementarisme saisit le pays. Il aboutit à l’émeute du 6 février 1934.
Distinctions : Légion d’honneur (1915), croix de guerre avec deux citations.
Sources : Le Breton (Auguste) Les Pégriots, Fayard, 1973 ; Base Léonore (Légion d’honneur) ; Wikipedia. Date de création : 2008-11-14.