Frédéric Soulié voit le jour à Foix (Ariège), le 23 décembre 1800. Son père, François Melchior Soulié, est employé des contributions. Frédéric suit son père à Nantes en 1808, puis à Poitiers en 1815 où il termine ses études secondaires. Son père, partisan de Napoléon, destitué en 1815, se rend à Paris. Frédéric l’y accompagne et suit les cours de l’école de droit.
Expulsé pour avoir signé des pétitions libérales, on l’envoie à Rennes pour finir son droit, sous la surveillance de la police. Son droit fini, il rejoind son père à Laval. Il entre dans l’administration, mais, en 1824, son père ayant été mis à la retraite pour avoir mal voté aux élections, Frédéric démissionne.
Le père et le fils reviennent à Paris. Frédéric y publie des vers, Amours françaises, sous le nom de F. Soulié de Lavelanet. Casimir Delavigne lui prodigue ses encouragements et il devint l’ami d’Alexandre Dumas. Pour assurer sa subsistance, il devint directeur d’une scierie mécanique.
Poussé par sa vocation littéraire, il traduit et adapte une tragédie de Shakespeare, Roméo et Juliette, représentée à l’Odéon le 10 juin 1828, avec succès. Puis il fait jouer une pièce en vers, de l’école romantique, Christine à Fontainebleau, à l’Odéon, le 13 octobre 1829. En pleine bataille romantique, c’est un échec.
Le 17 juin 1830, il revient au théâtre pour faire représenter, avec succès, une pièce en deux actes, Une nuit du duc de Montfort. Lors de la révolution, il combat au milieu des insurgés, le fusil à la main, dans les rues de Paris.
L’ordre rétabli, il reprit la plume, écrivant dans les petits journaux. Puis il écrit un drame, Clotilde, donné le 11 septembre 1832, au Théâtre-Français, avec succès. Il fait aussi paraitre un roman, Les Deux Cadavres, tissu d’horreurs, de meurtres et de scènes sanglantes, mais admirablement écrit, et qui connait un grand succès.
Dès ce moment, sa réputation comme dramaturge et romancier est établie. En 1833, il fonde le journal, Le Napoléon, qu’il cède bientôt à Émile Marco de Saint-Hilaire. Puis il écrit une pièce, Une aventure sous Charles IX, pour le Théâtre-Français, le 21 mai 1834, très applaudie et beaucoup jouée. Il publie aussi des romans et des nouvelles.
Vers cette époque, il conçoit les Mémoires du diable, œuvre gigantesque, inspirée du Diable boiteux de Lesage. Elle parait du milieu de 1837 en mars 1838. C’est le tableau de la société dans ce qu’elle a de plus hideux, de plus atroce. Le crime, l’inceste, l’adultère, la fausseté … s’y identifient à des personnages dépeints sous les dehors trompeurs du bien, de l’innocence et de la pureté.
L’immense renommée qu’il acquiert avec cette publication le place au faîte de la gloire littéraire. On reprend alors au théâtre ses pièces. Il continue à écrire des nouvelles dans L’Europe littéraire, La Mode, la Revue de Paris, et La Chronique de Paris. Il écrit aussi des feuilletons dans Le Journal général de France, Le Journal des Débats, La Presse, La Quotidienne, Le Messager, et Le Siècle.
De 1840 à 1847, il continue à publier de nombreux romans. Il fait aussi jouer plusieurs pièces qui ont toutes un grand nombre de représentations. Mais il est affecté d’une maladie cardiaque et, après trois mois de souffrances, il meurt, à 47 ans, à Bièvres (Essonne), dans sa maison de campagne, le 23 septembre 1847.
Une foule considérable assiste, le 27 septembre, à ses obsèques en l’Église Sainte-Élisabeth du Temple et à son inhumation où Victor Hugo prononce un discours et où Alexandre Dumas, pressé par la foule de dire quelque chose, s’effondre en sanglots.
Alexandre Dumas en parle dans ses mémoires :
« Je reviendrai souvent à Soulié ; j’en parlerai beaucoup ; c’est l’une des plus puissantes organisations littéraires de l’époque, c’est un des tempéraments les plus vigoureux que j’aie connus. Il est mort jeune ! Il est mort non seulement dans la force de son talent, mais encore avant d’avoir produit l’œuvre irréprochable et complète qu’il eut certainement produite, un jour ou l’autre, si la mort ne se fût pas tant hâtée.
Soulié avait quelque chose d’emmêlé et d’obscur dans le cerveau ; sa pensée était, comme le monde, éclairé d’un côté seulement ; l’antipode de ce côté illuminé par le soleil était impitoyablement plongé dans les ténèbres.
Soulié ne savait commencer ni un drame, ni un roman. Son exposition se faisait au hasard : tantôt au premier, tantôt au dernier acte, si c’était un drame ; tantôt au premier, tantôt au dernier volume, si c’était un roman. Soulié avait à l’époque où je l’ai connu, vingt-six ans : c’était un vigoureux jeune homme, de taille moyenne, mais admirablement prise ; il avait le front proéminant ; les cheveux, les sourcils et la barbe noirs ; le nez bien fait, et les yeux à fleur de tête ; des lèvres grosses, les dents blanches.
Après avoir reçu une excellente éducation provinciale, il avait été faire son droit à Rennes, je crois. De là, cette admirable peinture de la vie d’étudiant qu’il a faite dans la Confession générale. Il avait passé ses examens de droit, et avait été reçu avocat. Mais il éprouvait une certaine répugnance pour le barreau. »
Distinctions : croix de Juillet ; la légion d’honneur sur le monument ne figure pas dans la Base Léonore.
Hommages : L’avenue qui mène à son tombeau porte son nom.
Sources : Dumas (Alexandre) Mes Mémoires, Paris 1863 ; Base Léonore (Légion d’honneur) ; Wikipedia. Date de création : 2006-04-13.