Pierre Semard nait le 15 janvier 1887, à Bragny-sur-Saône (Saône et Loire), dans un milieu modeste. Son père est cantonnier aux chemins de fer et sa mère est garde barrière. Le jeune Pierre passe une enfance heureuse en Bourgogne. Dès le certificat d’études obtenu, il rejoint le monde du travail.
En 1898, il travaille chez un notaire tout d’abord, puis occupe de nombreux emplois. En 1904, il va à Paris et exerce nombre de petits métiers, apprenti charcutier, vendeur de journaux, déballeur aux Halles. Il retourne sur sa terre natale en 1906, là, il gagne sa vie comme charcutier et comme cuisinier.
Ensuite, il part pour Lyon et Valence et finalement, se fixe en s’engageant dans l’armée pour trois ans. Il passe brigadier. Disert et bon danseur, il s’intègre facilement dans la société locale. Parallèlement, il participe à des courses cyclistes qu’il gagne régulièrement. Il se marie à une jeune valentinoise peu avant son retour à la vie civile.
Il passe alors un examen pour entrer aux chemins de fer comme employé aux écritures. En 1912, il entre au secrétariat du chef de gare de Valence (Drôme). C’est de là que débute sa vie syndicale. Lorsque qu’éclate la Grande Guerre, il est père de trois enfants.
Il est muté aux services des trains en raison de ses activités syndicales. En 1917, il représente la section de Valence au premier congrès de l’Union des Syndicats du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) qui se tient à Avignon. Mais en 1918, son épouse décède des suites de la grippe espagnole.
En 1919, il devient le secrétaire général d’une Ligue de Défense et d’action contre les mercantis et les spéculateurs qui vient de naître. Ce groupement rassemble des commerçants et artisans et des ouvriers. Pierre Semard est avant tout le dirigeant des cheminots de la Drôme où il déploie une activité militante soutenue en faveur du syndicalisme.
Il joue un rôle plus étendu à partir de 1920, à l’échelon national. Le PLM le révoque pour fait de grève. Il se remarie avec une ancienne employée des PLM également révoquée. Pierre Semard devient gérant de la coopérative des cheminots pour subvenir aux besoins de sa famille.
Il revient à Paris l’année suivante. Il joue un rôle de tout premier plan dans la création de la CGTU, il intervient dans les colonnes de la Vie Ouvrière pour affirmer ses convictions profondes de syndicalisme révolutionnaire antibureaucratiques.
En décembre 1921, il signe la motion Mayoux, hostile au contrôle du parti sur l’activité syndicale. En novembre 1922, il rencontre Lénine à Moscou en compagnie de Gaston Monmousseau, Lénine fait des concessions à ses interlocuteurs. A son retour en France, Pierre Semard justifie alors l’adhésion de la CGTU à l’ISR.
Il s’engage alors aux côtés du Parti Communiste Français (PCF) dans l’action commune contre l’occupation de la Ruhr. Par ces motifs, il est arrêté et emprisonné quelques mois en 1923. Il met à profit son incarcération pour écrire quelques articles pour la Vie Ouvrière.
Il entre au Comité Central puis, en juin 1924, il devient secrétaire général du PCF. En 1927, on l’arrête de nouveau pour ses actions contre la guerre du Rif au Maroc, comme bon nombre de dirigeants communistes.
Il reste à la prison de la Santé jusqu’en janvier 1928. Il reprend alors ses fonctions de secrétaire général. Son audience est affaiblie et le poste de secrétaire général est supprimé en septembre 1928. De 1932 à 1939, c’est le retour au syndicalisme.
Il réside quelque temps à Moscou comme membre du secrétariat international du PCF, chargé des questions paysannes. En juin 1936, il fait partie de la délégation syndicale qui rencontre Léon Blum et les ministres concernés.
Au nom de la CGT, Pierre Semard se prononce en faveur de la nationalisation à la création de la SNCF. Il soutient les républicains espagnols en s’occupant de l’acheminement de l’aide matérielle à la frontière espagnole. Au lendemain de la grande grève du 30 novembre 1938, on le révoque du conseil d’administration pour avoir signé des tracts appelant à la grève.
On le traduit devant le conseil de discipline et on le rétrograde au rang d’employé aux écritures. Arrive le pacte germano-soviétique, avec lui vole en éclat l’unité du bureau fédéral de la CGT. Le 25 septembre, le bureau fédéral l’exclu avec ses camarades des fonctions de direction.
Il est arrêté et conduit à la Santé par le juge d’instruction militaire sous l’inculpation de détournement de fonds et d’infraction au décret du 26 septembre concernant la dissolution du PCF. Il est condamné à trois années d’emprisonnement.
Le 20 mai, on le transfère à Bourges (Cher) où il reste enfermé pendant dix-huit mois. Il met cette incarcération à profit pour entretenir une correspondance abondante avec sa femme et ses enfants. En août 1941, on arrête sa femme, puis sa fille Yvette, au début 1942.
Au début de 1942, on le transfère au camp d’internement de Gaillon où on le mêle avec les détenus de droit commun. Le 6 mars, il est transféré à la prison d’Evreux (Eure) et le lendemain, 7 mars 1942, on le fusille, à la demande des allemands, à titre d’otage.
Derniers mots prononcés le 7 mars 1942 :
« Je meurs avec la certitude de la Libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront ! J’en suis convaincu. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat. »
Œuvres :
- Pour le Front unique des transports (1923) ;
- La Guerre du Rif (1925) ;
- Histoire de la fédération des cheminots (1934) ;
- Transports en commun bon marché (1936) ;
- Entretiens avec Lénine (1959).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2006-08-29.