Nelly Roussel voit le jour le 5 janvier 1878, à Paris (12ème) où elle grandit dans une famille bourgeoise catholique. A 20 ans, elle épouse le sculpteur et libre-penseur Henri Godet, de 15 ans son aîné, avec qui elle aura trois enfants.
Elle est initiée en franc-maçonnerie à la Grande Loge symbolique écossaise. Proche du noyau fondateur de l’ordre maçonnique mixte international, le Droit humain, elle est affiliée à la loge no 43.
Nelly Roussel est une militante antinataliste. En 1902, comme Madeleine Pelletier, elle est l’une des premières femmes en Europe à revendiquer publiquement le droit des femmes à disposer de leurs corps et à prôner une politique de contrôle des naissances.
Néomalthusienne, elle milite pour le droit à la contraception et à l’avortement. C’st une « position extrêmement révolutionnaire et minoritaire, y compris dans le cadre du mouvement féministe », selon l’historienne Christelle Taraud. Elle s’insurge, use de ses talents oratoires et fait appel à la grève des ventres.
Avec Madeleine Pelletier, elle souligne l’importance de l’éducation sexuelle des filles. Pour elles, un objectif prime : dissocier la maternité de la sexualité. Il ne s’agit pas de promouvoir l’amour libre, comme veulent faire croire leurs opposants (y compris féministes). Elles revendiquent le droit des femmes qui vivent en couple, mariées ou non, au plaisir et à l’expression de leur sexualité sans maternité non souhaitée et souvent douloureuse. La femme doit pouvoir choisir d’être mère.
Elle lutte pour modifier l’image traditionnelle de la femme. Son action, sa vie et sa pensée s’insurgent contre ce modèle, développant au contraire celui de la « nouvelle femme », bien représenté aux États-Unis. Au travers d’une femme sportive, active, investie dans une profession valorisante.
Elle oppose à « l’éternel féminin » ce qu’elle nomme « l’éternelle sacrifiée » (c’est le titre de l’un de ses livres). La femme, écrit-elle :
« est en effet sacrifiée non seulement par Dieu et par la Nature mais aussi par la société républicaine elle-même. ».
De plus, elle présente le mariage sans amour comme de la prostitution, milite pour supprimer les dispositions du code civil qui font de la femme mariée une mineure au regard du droit et de la société, ainsi que pour l’obtention du droit de vote.
Elle meurt de la tuberculose, le 18 décembre 1922, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Elle repose avec son mari, le sculpteur Henri Godet (1863-1937).
Œuvres :
- Quelques lances rompues pour nos libertés, Giard et Brière (1910) ;
- Paroles de combat et d’espoir (discours choisis), préf. Madeleine Vernet, éditions de l’Avenir social (1919) ;
- Trois conférences de Nelly Roussel, Marcel Giard (1930) ;
- Derniers combats : recueil d’articles et de discours (1911-1922), préface Han Ryner, L’Émancipatrice (1932) ;
- Centenaire Nelly Roussel : 1878-1922, à l’avant-garde des combats actuels, féminisme, libre pensée, droit au travail…, Bibliothèque féministe Marguerite Durand (1978) ;
- L’Éternelle sacrifiée (conférence du 28 janvier 1906 à l’université populaire de Lille) Préface et notes par Maïté Albistur, Daniel Armogathe, Syros, Coll. Mémoire des femmes (1979) ;
- « Féminisme », Le Libertaire, 13 février 1904 ;
- Par la révolte et La faute d’Eve, pièces de théâtre, in Au temps de l’anarchie, un théâtre de combat : 1880-1914, Séguier Archimbaud (2001).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2022-11-25.