Le baron Edmond James de Rothschild nait à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 19 août 1845. C’est le cadet du baron James de Rothschild, fondateur de la maison de banque de Paris, et de Betty von Rothschild. Il sert dans la Garde nationale pendant la guerre de 1870. Ses parents veulent le fiancer à sa cousine Marguerite de Rothschild, mais elle refuse pour épouser le duc de Guiche.
Il épouse donc, en 1877, sa cousine Adelheid von Rothschild (connue comme Adélaïde) (1853-1935), de la branche de Naples. Ils auront trois enfants : James Armand Edmond, dit « Jimmy » (1878-1957), Maurice (1881-1957) et Miriam-Alexandrine (1884-1965), collectionneuse d’art impressionniste et post-impressionniste.
Edmond de Rothschild ne prend pas une part active au développement de la banque familiale. C’est, avant tout, un des plus grands collectionneurs de son temps et un mécène. C’est l’ami d’Ernest Hébert, Jean-Jacques Henner, Aimé Morot, Eugène Guillaume et Léon Bonnat. Par ailleurs, il réunit une collection de boîtes en or et de miniatures. Son fils aîné en héritera ; elle est aujourd’hui à Waddesdon Manor (Grande-Bretagne).
Membre du Conseil des Musées, il fait don au musée du Louvre du trésor d’argenterie de 110 pièces trouvé, en 1895 à Boscoreale, près de Pompéi (Italie). C’est également un mécène pour certains musées de province et de Paris.
En 1907, par exemple, il participe financièrement à la fondation de la Société des Amis du Muséum national d’Histoire naturelle. En 1902, il fait don au Muséum national d’histoire naturelle, de fossiles de dinosaures qui sont aujourd’hui dans la galerie de paléontologie. Avec son frère Gustave, il finance les fouilles de Milet, Didymes, Tralles et Magnésie, effectuées en 1873 en Turquie.
Il finance également les fouilles de Charles-Simon Clermont-Ganneau en Égypte, d’Eustache de Lorey en Syrie et de Raymond Weyl en Palestine. Il offre un ensemble de manuscrits et d’autographes à la Bibliothèque Nationale. Ceci lui vaut d’entrer comme membre libre de l’Académie des beaux-arts, en 1906.
De plus, il offre d’autres manuscrits au Metropolitan Museum of Art (New-York), au Getty Museum (Los-Angeles) et au musée d’Israël à Jérusalem. Par ailleurs, il contribue à la création de l’Institut de biologie physico-chimique (1927), de l’Institut Henri Poincaré et de la Maison de l’Institut de France à Londres (1919). Il finance également la Casa de Velázquez, à Madrid (Espagne). À sa mort, ses héritiers font don au musée du Louvre de 3 000 dessins du XVIIIe siècle et de 43 000 estampes.
L’engagement sioniste
À partir de 1882, il se met à acheter des terres en Palestine. Il devient un des soutiens les plus actifs du sionisme, finançant le premier établissement à Rishon LeZion. C’est un des hommes clefs de la réussite de la première Aliyah sioniste. En 1899, il transfère 25 000 hectares de terres agricoles palestiniennes, ainsi que les colonies qui s’y trouvent, à la Jewish Colonization Association. Puis il continue à la soutenir financièrement.
Contrairement aux autres Rothschild, il attache une grande importance à cette entreprise. Il fait cinq voyages en Palestine (mai 1887, printemps 1893, février 1899, février 1914, mai 1925) pour y suivre de façon paternaliste le développement de ses « colonies ». Il développe, en particulier, la colonie de Zikhron Yaakov ainsi nommée en souvenir de son père Jacob (James).
De plus, il aide les juifs de Russie, chassés par les pogroms, à créer des vignobles autour du mont Carmel. Mais il échoue à développer, comme à Grasse, l’industrie du parfum. En 1924, il crée la Palestine Jewish Colonization Association (PICA), qui acquiert plus de 50 000 hectares de terrain. On estime qu’il dépense plus de 50 millions de dollars dans ces entreprises. Il meurt à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) le 2 novembre 1934.
En avril 1954, on exhume sa dépouille et celle de sa femme pour les transporter en Israël sur une frégate militaire. À Haïfa, des sirènes et des coups de canon saluent le navire. Des funérailles nationales ont lieu au cours desquelles l’ancien Premier ministre David Ben Gourion lit l’éloge funèbre. Edmond de Rothschild et sa femme sont inhumés au Mémorial de Ramat Hanadiv.
Sa résidence
En 1876, il acquiert aux héritiers de Michaela Almonaster y Rojas (1795-1874), épouse de son cousin le baron Célestin Delfau de Pontalba (1791-1878), l’hôtel de Pontalba (aujourd’hui résidence de l’ambassadeur des États-Unis). Celle ci l’avait acquis en juin 1836 et fait démolir en 1839 puis reconstruire par Louis Visconti. Elle y avait fait réutiliser des panneaux laqués provenant du « salon chinois » (1723) de l’hôtel du Maine, détruit.
Edmond fait presque entièrement remodeler et agrandir l’hôtel par Félix Langlais. Celui ci change la façade à colonnes et, côté jardin, ajoute deux ailes symétriques. Il élève la toiture, et y fait remonter des boiseries de 1740 provenant des hôtels Samuel Bernard et Peyrenc de Moras, détruits. Il aménage un fumoir, en 1890, dans le goût orientaliste qui accueille ses collections d’art islamique.
En 1937, l’hôtel est partiellement vidé de ses très riches collections (dessins et estampes léguées au musée du Louvre). Deux ans plus tard, Hermann Goering, chef de l’aviation nazie, y installe le siège de son ministère. Les œuvres d’art qui s’y trouvent encore sont alors saisies.
En 1945, l’hôtel démeublé est loué à la British Royal Air Force. Puis en 1948, dépouillé de ses parquets et boiseries, balustrades en fer forgé et rampes d’escaliers… est vendu aux États-Unis. Ceux ci en font des bureaux jusqu’en 1966, puis le restaure pour en faire la résidence de son ambassadeur en France.
Un amateur passionné de jardins
À Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Edmond possède le château Rothschild de style Louis XIV, reconstruit en 1855 pour son père. Le 4 juillet 1925, il y invite Georges Clemenceau, amateur et collectionneur d’art asiatique, qui évoque brièvement le jardin disparu.
Extrait (d’une lettre à Marguerite Baldensperger, 5/07/1925, in Lettres à une amie, Gallimard, 1970, p. 173) :
« Un parc éblouissant de fraîcheur par l’effet des pluies. Un jardin japonais comme il n’y en a pas peut-être au Japon […] . Le maître de maison m’a rapporté de Rhodes les photos d’une statue que j’admire beaucoup moins que lui. Les convives partis, nous allons nous asseoir au fond d’une maison japonaise et nous parlons à tort et à travers ».
Il détient également le château d’Arminvilliers à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne). C’est une ancienne propriété des Pereire, édifiée de 1880 à 1900 dans le style anglo-normand par Félix Langlais et Émile Ullmann. Avec le domaine de Ferrières contigu, autre propriété Rothschild, cela représente 7 000 hectares, soit la superficie de Paris ! Le parc, particulièrement luxueux, dû à Laîné – qui travaille aux jardins de Vaux-le-Vicomte, nécessite d’immenses travaux de terrassement et de vallonnement.
Ainsi il faut 100 ouvriers pour construire les berges et l’entourage de l’étang, créé pour attirer les canards sauvages et qui est resté le plus vaste de la Brie (80 hectares). Les arbres y sont disposés avec soin, des sequoias géants de Californie aux longues avenues de peupliers, selon leurs formes et couleurs, afin de créer une œuvre d’art dont l’entretien exige 40 personnes. L’herbe y est tondue en vagues semi-circulaires pour suivre les contours de la façade du château. En 1997, le domaine appartient au roi du Maroc.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2017-06-09.