Lorsque l’on se dirige vers le rond-point Casimir Périer, se trouve une sépulture devant laquelle tous les touristes s’arrêtent : croyant découvrir une célébrité, ils sont souvent déçus de découvrir l’identité de son propriétaire, Etienne Robert, dont ils ne savent rien. Le beau tombeau a dès lors moins d’attrait et ils poursuivent leur chemin (Régis Dufour Leforrestier).
Etienne Gaspard Robert, dit Robertson, voit le jour en 1763, à Liège (Belgique). Il devient tout à la fois peintre, physicien de talent, aérostier persévérant et inventeur génial. Il est également un mystificateur qui escroque la société émotive du Directoire. En réalité, Etienne Robert s’inscrit très précisément dans son époque, celle du premier XIXème siècle, durant laquelle la science en plein essor n’est pas encore parvenue à s’affranchir de sa part de mysticisme, d’expériences galvaniques et de magies.
Physicien, il publie des articles, se lie avec Volta dont il est un assistant. Il n’invente pas – contrairement à ce que l’on lit trop souvent – le parachute, mais le perfectionne. Il crée un lance-flammes qui a peu de succès. S’intéressant à l’électricité, ses recherches le mènent à l’invention du « fantascope ». C’est une machine optique permettant de diffuser à travers un rideau, des images mobiles et évanescentes.
Dès lors, deux personnes cohabitent : Etienne Robert, le savant, le professeur de physique du département de l’Ourthe (en Belgique actuelle, où il n’exerce jamais) qui dépose le brevet de son étrange invention. De l’autre, Robertson, le « fantasmagore », effrayant le public de sa salle du Nouveau Tivoli (actuelle 88 rue de Clichy) en faisant apparaître à une foule encore traumatisée par la Révolution, les fantômes de Marat, Robespierre ou Danton.
Mais Robertson est également un aérostier qui totalise 59 ascensions dans toute l’Europe, ainsi qu’en Chine. Il vit confortablement de ses diverses activités et s’éteint aux Batignolles, en 1837.
Sources : Lassalle et Rousseau Promenades pittoresques aux cimetières du Père-Lachaise, de Montmartre, du Montparnasse et autres, Ed. Amédée Bédelet, Paris, 1839, 86 planches et notices. Date de création : 2006-04-11.