PIAF, Giovanna LAMBOUKAS, née GASSION, dite Edith (1915-1963)
France

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas le sulfureux Jim Morrison qui tient la vedette dans le cimetière … C’est notre Edith nationale. Chose curieuse, lors des visites organisées par notre association pour les jeunes scolaires, les garçons et filles de 15 à 17 ans, nous demandent régulièrement : « Est-ce que l’on verra la tombe d’Edith Piaf ? » S’il est une chanteuse populaire c’est bien celle-ci. (Régis Dufour Forrestier)

Giovanna Gassion, qui deviendra Edith Piaf, nait le 19 décembre 1915. La légende dit qu’elle a vu le jour sur les marches du 72 rue de Belleville, sur le trottoir en somme ! La vérité est plus prosaïque, elle est née, comme l’atteste son acte de naissance, à l’hôpital Tenon (Paris 20ème). Enfant de la balle, son père est contorsionniste et sa mère Anetta, d’origine italo-kabyle est chanteuse de rue. Giovanna grandit entre ses deux grands-mères dont l’une tient une maison de tolérance dans l’Eure à Bernay.

Démobilisé, son père après la guerre, embarque sa fille avec lui dans un cirque itinérant. Les ingrédients de sa vie sont réunis : trottoir, cirque, chanson, bordel, singulière enfance peu ordinaire. Elle commence à chanter pour aider son père au cirque. Mais, ses parents divorcent. Après le remariage de son père, une demi-sœur voit le jour, Denise. Giovanna continue la chanson de rue. Elle rencontre Louis Dupont à 17 ans, elle devient sa maîtresse et tombe enceinte.

C’est le début pour elle, d’une longue vie faite de relations amoureuses se finissant mal et de malheurs en tous genres. Le premier d’entre eux est la mort de sa fille Marcelle suite à une méningite. Ayant quitté Louis Dupont, elle se met à fréquenter truands et marlous parisiens. A 20 ans, elle se retrouve livrée à elle-même, au bord de la déprime, sombrant dans la pauvreté, la drogue et la prostitution. Mais, un beau soir de 1935, elle fait la connaissance de Louis Leplée, gérant d’une boite à la mode le Gerny’s.

Séduit immédiatement par la jeune femme, Leplée l’invite à chanter dans son établissement : elle y interprète plusieurs chansons dont Les mômes de la cloche. C’est lui aussi qui trouve à Edith son surnom de Môme Piaf, compte tenu de sa fragilité apparente et de sa petite taille. Maurice Chevalier lui-même, salue son passage au Gerny’s. Jacques Canetti lui fait passer sa première séance radio et lui fait enregistrer son premier disque vers la fin 1935. Malgré son succès, la rue et son passé la rattrapent. En avril 1936, Louis Leplée est assassiné, sans doute par « les protecteurs » d’Edith.

Celle-ci est inquiétée par la Police et passe de forts mauvais moments. Les journaux se délectent de cette affaire et de ses rebondissements. Mais, grâce à Raymond Asso, rencontré quelques temps avant, Piaf se sort de la galère. En janvier 1937, elle enregistre la chanson Mon Légionnaire (empruntée au répertoire de Marie Dubas, sa créatrice) et Raymond et Edith deviennent amants. Sa vie dissolue est désormais derrière elle. Son travail acharné finit par payer : l’ABC, l’accueille sous son nouveau nom, Edith Piaf. Alors, elle côtoie tous les grands noms de la chanson, Mireille, Charles Trenet, etc.

Elle tourne dans toute l’Europe. Mais la guerre sépare Raymond Asso et Edith. Elle tombe alors dans les bras de Paul Meurice, puis le quitte pour Michel Emer qui lui écrit L’Accordéoniste et Le disque usé. Elle devient une institution, tout Paris la réclame, elle fréquente Cocteau, Breton … La guerre l’oblige à passer en zone libre où elle se produit jusqu’en 1942. Puis vient la Libération, Piaf ne cesse jamais de chanter, de Paris à Berlin. En 1944, elle fait chanter et devient la maîtresse d’Ivo Livi, dit Yves Montand. En 1946, elle écrit l’un de ses titres immortels : La vie en rose.

Elle embarque pour New York en fin 1947 et se lie d’amitié avec Marlène Dietrich. Elle fait une rencontre qui bouleverse sa vie en la personne de Marcel Cerdan, le boxeur. Ils deviendront «les meilleurs amants du monde». Mais le destin veille, elle perd son amant le 27 octobre 1947 dans l’accident d’avion des Açores. Edith est brisée, elle écrit alors l’Hymne à l’amour, mais sa vie ne sera plus jamais la même. En 1950, elle retourne à New York avec son nouvel amant, Eddie Constantine, et en compagnie d’un secrétaire, Charles Aznavour.

Elle est de retour à Paris en 1951 et travaille sur une comédie musicale La Pt’ite Lili, avec Eddie Constantine et Robert Lamoureux. Cette œuvrette a un certain succès. Mais, de maladies en accidents, Piaf tombe dans la dépendance de la morphine. Peu à peu, elle s’enlise, tombant dans la déchéance. Côté scène, c’est toujours le grand succès, avec Jézébel (C. Aznavour) et Je t’ai dans la peau (J. Pils et Gilbert Bécaud). Pils est célèbre outre-Manche, il devient par défi ou par bravade l’époux d’Edith le 29 juillet 1952. Ils s’installent boulevard Lannes à Paris, appartement qu’elle gardera jusqu’à sa mort.

Mais la mort de Cerdan la poursuit : en 1953, c’est la première cure de désintoxication de la chanteuse. Elle fait ensuite une série de tournées : New York, Mexico, Rio, Paris et aussi d’interminables voyages pour oublier. C’est désormais une grande star internationale, mais sa vie privée est une suite d’échecs et de malheurs. Elle divorce de Jacques Pils en 1956. Cette dévoreuse d’hommes se plait à les « élever », les prendre en main, exploiter leur talent et leurs ressources, jusqu’à en faire des stars à leur tour. Ainsi, Georges Moustaki, n’échappe pas à la règle. Il devient son amant et lui écrit avec son concours, la chanson Milord.

En 1958, ils ont ensemble, un grave accident de voiture. Recommence alors pour Edith Piaf la descente et la chute. Au début 1959, elle triomphe encore à New York, mais, elle s’effondre sur scène. Les opérations se suivent, de plus en plus sévères. Elle n’est plus que son propre fantôme. Elle rentre à Paris en triste état sans Moustaki parti vers des cieux plus cléments. En 1961, bien qu’au bout de ses forces, elle remporte un triomphe à l’Olympia, devant le tout-Paris.

Elle connaît une fin de vie âpre et difficile. De nouveaux compositeurs et paroliers lui écrivent de nouvelles chansons, Francis Lai, Charles Dumont, etc. Elle tombe éperdument amoureuse d’un certain Théophanis Lamboukas, dit Théo Sarapo, de vingt ans son cadet. Ils se marient le 9 octobre 1962 à Paris. La presse se veut alors cynique et moqueuse envers ce qu’elle appelle un «mariage d’amour». Edith est alors une artiste usée, droguée, malade. Elle entreprend encore quelques concerts qui finissent de l’épuiser.

En convalescence, près de Grasse, elle s’éteint le 10 octobre 1963. Ses proches ramènent sa dépouille en catimini jusqu’à Paris où son décès devient officiel, le 11, le jour même où disparaît Jean Cocteau, son ami. Ses obsèques sont l’occasion d’un mouvement de foule, toutes origines sociales confondues.

Son second mari, Théophanis Lamboukas, dit Théo Sarapo (1936-1970), fait une courte carrière de chanteur avant de disparaître à son tour dans un accident de voiture. Ils reposent tous deux dans la même sépulture.

Ecouter Edith et Théo dans A quoi ça sert l’amour

Revivre ses obsèques

Sources : -. Date de création : 2006-02-11.

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Monument

Inscriptions : Famille GASSION-PIAF

Marcelle DUPONT, 1933-1935.
Louis Alphonse GASSION, 1881-1944.
Madame LAMBOUKAS, dite Edith PIAF, 1915-1963.
Théophanis LAMBOUKAS, dit Théo SARAPO, 1936-1970.

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Date de la dernière mise à jour : 7 octobre 2024