Jules Blumenfeld voit le 24 mai 1914 à Bucarest (Roumanie) dans une famille d’intellectuels juifs. Il se fait connaître sous le surnom de Perahim dès 1930 (comme Blumen, Perahim signifie « fleurs »). Il est élève des peintres Nicolae Vermont et Costin Petrescu, à l’École des Beaux-Arts de Bucarest.
Mais il s’écarte de leur enseignement et devient, dès 1930, une des figures marquantes de l’avant-garde artistique roumaine. Il collabore à la revue Unu (1930-1932) avec Victor Brauner et Jacques Herold. En 1930, il publie avec des jeunes poètes (dont Ghérasim Luca) la revue non conformiste Alge. Celle ci paraît sous différents formats entre 1930 et 1933. Elle leur vaut quelques semaines de prison pour atteinte à la morale.
En 1932, il expose à Bucarest des toiles surréalistes (Rêve d’une jeune fille, Un cyprès traverse la mer, Equilibre parfait, etc.). En 1936, son exposition de peintures et de dessins à Bucarest s’impose par la violence des images. Dans une vision fantastique, il s’érige contre la montée des agents répressifs (Profils d’une morale, Jeu de Beau-Père, etc.) et le fonctionnement du pouvoir (Conseil d’administration, Lumpenproletariat et aristocratie, Main-d’œuvre, etc.).
En 1938, à Prague, Jules Perahim expose dans le foyer du théâtre de Burian, fréquenté par les artistes et les écrivains de l’avant-garde tchèque.
Il rencontre l’artiste dadaïste allemand John Heartfield, connu pour ses photomontages antinazis. Sans pouvoir se rendre à Paris, où Victor Brauner et Ghérasim Luca se trouvent déjà, il est contraint de rentrer en Roumanie. Mais c’est en pleine ascension de l’extrême droite violemment antisémite. La garde fer le menace et le poursuit, tant pour ses opinions de gauche que pour les dessins corrosifs publiés dans la presse démocratique (Cuvantul liber, Reporter, etc.).
Il se réfugie alors, fin 1940, en Bessarabie (Moldavie) devenue une République soviétique. En juin 1941, après l’attaque de l’armée allemande, il s’enfuit avec la population civile. Il se soumet alors au travail obligatoire et exerce des métiers de fortune (ouvrier, paysan dans un kolkhoze, etc.).
Jules Perahim traverse à pied le Caucase. Il arrive en Arménie où il gagne sa vie en créant des décors et costumes pour un théâtre réservé aux blessés de guerre à Kenaker, près d’Erevan. Mobilisé, en mars 1944, à Moscou pour devenir illustrateur et présentateur graphique de la revue des Roumains antifascistes « Graiul Nou », Jules Perahim rentre en Roumanie au moment où celle-ci déclare la guerre à l’Axe.
Pendant la période stalinienne, au cours des années cinquante, Perahim produit des images impersonnelles conformes aux impératifs d’un art dirigé ; il peint aussi des images officielles (dont des portraits de dirigeants) dans le style du « réalisme socialiste ».
Il s’engage activement dans un « art pour le forum » : décorations murales en mosaïque (Maison de la culture à Mangalia en Roumanie, etc.), cycles de gravures (ex : Proverbes et dictons en 1957) et illustrations de livres. Seule la réalisation de décors de théâtre (Vladimir Maïakovski Le Bain, 1957 ; Pierre Boulez Le marteau sans maître, 1958) et la céramique (exposition à Bucarest en 1965) lui permettent de s’exprimer loin du « réalisme socialiste ».
Entre 1948 et 1956, il exerce comme professeur d’arts graphiques et de scénographie à l’Institut d’arts plastiques de Bucarest. Il est ensuite rédacteur en chef de la revue Arta Plastica, de 1956 à 1964. À partir de cette date, Perahim recommence à peindre. Il recourt à des exercices propres à « forcer l’inspiration » (Max Ernst) : décalcomanies, frottages, collages, etc. exposés en partie à Paris en 1968.
En 1969, il s’établit définitivement à Paris. Depuis, son œuvre a fait l’objet d’une quarantaine d’expositions personnelles en France (galeries A. F. Petit, M. Calatchi, 1900-2000 à Paris, galerie Jacques Verrière à Lyon) et à l’étranger.
Il participe aussi à des foires internationales : Bâle, Milan, Bologne, Gand, Fiac à Paris, etc. À partir des années 1990, il est à nouveau présenté en Roumanie dans des expositions consacrées à l’avant-garde.
Pendant ces quarante années de vie en France, la peinture et les dessins de l’artiste présentent un univers enchanté. Des voyages en Afrique australe laissent des traces profondes dans sa création. Edouard Jaguer écrit dans l’album Perahim, en 1990 :
« Sa création vient de la communication universelle, d’une hybridation de toutes les formes de vie dans une sensualité généreuse qui commande et dirige la symbiose de tous les éléments. »
Le monde de Perahim reste ouvert à toutes les fantaisies : un bestiaire fabuleux réunissant l’animal et le végétal, le mécanique et le vivant. Il décède à Paris le 2 mars 2008. Son épouse, Marina Vanci-Perahim, était historienne de l’art, professeur émérite à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Expositions collectives :
- Museum of fun organisé par Asahi Shinbun, Tokyo 1984 ;
- Art et Alchimie, Biennale de Venise 1986 ;
- Le Surréalisme et l’Amour, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 1998 ;
- Marcel Duchamp e altri iconoclasti anche, Musée d’art moderne de Rome 1998 ;
- Hypnos. Contribution à une histoire visuelle de l’inconscient, Musée d’art moderne de Lille Métropole 2009, etc.
Collections publiques :
- Fonds National d’Art Contemporain de Paris,
- Musée d’art contemporain de Rome,
- Musée d’art de Jérusalem,
- Musée national d’art de Bucarest.
Prix : prix d’État (titre honorifique de maître émérite de l’art, en Roumanie), médaille d’or de la Foire du livre à Leipzig, médaille d’argent à la Triennale de Milan, lauréat du Festival international du théâtre d’Épidaure en Grèce, membre d’honneur de l’Académie du dessin de Florence.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2108-03-02.