Édouard Pelletan voit le jour le 9 octobre 1854, à Paris. Il est issu de la communauté protestante mais rallié aux idées positivistes. Il commence une carrière au ministère des affaires étrangères. Puis il ouvre, le 1er février 1896, au 125 boulevard Saint-Germain, une galerie et maison d’édition : Éditions d’Art Édouard Pelletan.
Dès ses débuts d’éditeur, dans une plaquette programme intitulée Le Livre, il met en corrélation la typographie et l’œuvre d’un écrivain. Réagissant à l’époque qui voit, selon Henri Beraldi, « le livre comme un musée de dessins », Edouard Pelletan singularise chacun de ses tirages. Il refuse la standardisation promise par « les techniques américaines ». Il emploie différentes couleurs d’encres et qualités de papiers, convoquant des ornementations originales et soignant jusqu’à ses prospectus.
Edouard Pelletan revisite les grands classiques. Mais il ouvre aussi son catalogue à des contemporains comme Jean Lorrain, Anatole France (avec qui il est ami), Sully Prudhomme, Catulle Mendès, Jules Renard, etc. En 1906, Jérôme et Jean Tharaud obtiennent le prix Goncourt pour la réédition augmentée de Dingley, l’illustre écrivain. Pelletan est alors au faîte de la gloire.
Du côté des illustrateurs, il offre à Henri Bellery-Desfontaines ses premières expériences livresques avec entre autres L’Almanach du Bibliophile (1898). Il sollicite également Steinlen, Eugène Grasset, Auguste Leroux, Louis Dunki, Daniel Vierge, Paul-Émile Colin, Auguste Gérardin, Lucien Mignon, etc.
Il travaille aussi avec les graveurs sur bois : Frédéric et Ernest Florian, Clément Bellenger, Froment père et Froment fils, Pierre Gusman, Ernest Deloche, Crosbie, Mathieu, Jules Germain, Duplessis, Perrichon, Aubert, Julien Tinayre (frère de Caroline, l’épouse de Pelletan), etc. Le 15 mars 1897, il lance la revue d’art mensuelle L’Estampe et l’affiche codirigée par les critiques Noël Clément-Janin et André Mellerio (1862-1943).
Il demande pour la promouvoir des affiches à Jean Peské ou Pierre Bonnard. La revue paraîtra jusqu’en décembre 1899. Il lance aussi une collection populaire à 60 centimes le volume. C’est la Bibliothèque sociale et philosophique où paraissent des essais, de sensibilité positiviste, signés Camille Monier, Émile Corra, Paul Dubuisson, Périclès Grimanelli ou Anatole France.
Edouard Pelletan fait, entre autre, imprimer ses livres à l’Imprimerie nationale ainsi qu’à l’imprimerie Lahure, qui utilise un atelier de presse à bras. En tout, Edouard Pelletan aurait imprimé une soixantaine d’ouvrages à tirages limités. Edouard Pelletan ne reçoit pas que des éloges : dès 1898, il est au cœur de vives polémiques en heurtant les tenants d’une certaine école du livre illustré.
On lui reproche ses vieilleries, ses lubies, de n’être pas du milieu, etc. En 1905, le relieur et collectionneur Charles Meunier (1865-1948) le qualifie de « guignol ». Il signale que son Almanach est « déjà vieux même en naissant ».
Pelletan conçoit le livre de luxe comme une construction où l’éditeur doit produire un travail de qualité, pour les illustrations comme la typographie. C’est pour cela qu’il préfère ne pas travailler avec des peintres, moins aptes à se plier aux consignes d’un éditeur. C’est notamment ce qui l’oppose à Ambroise Vollard, marchand de tableaux puis éditeur d’art, qui préfère travailler avec des peintres et sollicite, lui, la lithographie.
Le 2 février 1912, sa fille Jeanne épouse René Helleu (1884-1964), principal collaborateur de l’entreprise. Le 31 mai 1912, Édouard Pelletan décède après une maladie de près d’une année, à Paris (6ème).
En 1913, René Helleu reprend le fonds et la marque. Il ouvre une galerie baptisée Galerie Pelletan-Helleu. Dans les années 1920, il s’associe avec René Sergent, et édite des ouvrages numérotés sous son seul nom. René Helleu édita et exposa dans les années 1930 notamment les œuvres du peintre et graveur Pierre Matossy.
Extrait (de l’oraison d’Anatole France pour les funérailles) :
« Du jour où il composa son premier volume, Pelletan mit le pied dans la voie où il devait promptement passer maître. Son souci prédominant de la typographie différencia immédiatement ses livres de la production environnante. (…) Pelletan raisonna le livre comme un problème. Problème complexe, où le sens artistique doit venir sans cesse réchauffer la froide logique.
Il réussit ce tour de force de concilier ces antinomies : être à la fois logicien et artiste. [Il] n’hésita pas à rénover les coûteuses traditions des tirages multiples, des fleurons, des capitales ou des mots en couleurs, des ornements qui encadrent la pagination, des tables illustrées, des grands titres décorés. (…) Cet éditeur était un penseur. Ce libraire était un lettré. »
Publications :
- Catalogue illustré des Éditions d’art Édouard Pelletan, Paris (1896) ;
- Lettres aux bibliophiles. Du Texte et du Caractère typographique, Paris (1896) ;
- Sur la tombe de Henry Crompton, cinquante-deuxième anniversaire de la mort d’Auguste Comte : 1857-1909, [Allocution prononcée par Édouard Pelletan le 5 septembre 1909], Paris (1909).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2016-04-07.