Gabriel Julien Ouvrard, fils d’un contremaître, nait le 11 octobre 1770, aux Moulins d’Antières à Clisson (Loire-Atlantique). Il reçoit une instruction élémentaire et entre comme employé dans une maison de commerce de Nantes en 1787. Spéculateur impénitent, il ne tarde pas à se lancer dans d’audacieuses affaires.
Dès la fin de l’Ancien Régime, il s’associe aux armateurs bordelais Baour et Balguerie. Sous le Directoire, il s’enrichit énormément, surtout dans le commerce colonial et les fournitures militaires. Il a alors trois maisons de commerce sous ses ordres à Brest, Nantes et Orléans. Il contrôle également Gay et Compagnie à Anvers, la banque Gamba. De plus, il détient des participations importantes dans de grandes compagnies parisiennes.
Il est également associé de fournisseurs importants Vanlerberghe pour le blé, les Frères Michel pour les fournitures militaires, Carvillon des Tillières et Roy pour l’acier et le bois. En septembre 1798, il obtient pour six années la fourniture générale des vivres destinés à la Marine, c’est un contrat très important de l’ordre de plus de soixante-cinq millions de francs. Il reprend, quelques mois après, le contrat de la flotte espagnole stationnée en rade de Brest. C’est ensuite les fournitures de l’armée d’Italie qui lui sont dévolues.
Fort riche, il loue le château du Raincy dont il se rend acquéreur en 1806. Le premier Consul Bonaparte le fait arrêter en janvier 1800, soupçonné de malversations. Mais, il est blanchi après examens de ses contrats, de ses comptes et de ses livres. Son directeur juridique qui n’est autre que Jean-Jacques Régis de Cambacérès fournit des écritures qui ne comptent aucune irrégularité.
Une fois libéré, Ouvrard participe activement aux approvisionnements de l’armée de Marengo et de l’armée d’invasion de l’Angleterre stationnée à Boulogne. Avec Médard Desprez (1764-1842), régent de la Banque de France, Ouvrard est l’un des fondateurs de la Compagnie des Négociants réunis. Mais la reprise des hostilités entre l’Empire et l’Angleterre ralentit fortement l’activité maritime. Il faut alors produire des liquidités.
Ouvrard, jamais à court d’idées, imagine faire escompter par la Banque de France des traites de pures complaisances que les membres de la Compagnie des Négociants ont contractées les uns avec les autres. Il s’ensuit une inflation de la planche à billets qui provoque une grave crise de confiance. La victoire d’Austerlitz arrive à point nommé pour endiguer le mécontentement et la méfiance.
L’Empereur, dès son retour, convoque son ministre des Finances François Barbé-Marbois, coupable à ses yeux d’une confiance aveugle en Ouvrard. Ce dernier doit rembourser au Trésor Public la bagatelle de cent quarante et un millions de francs-or. Pour Gabriel Ouvrard, c’est le début d’une longue période de difficultés financières inextricables. Il ne peut finir de payer son château.
Comble de la déchéance, en 1809, on l’emprisonne à Sainte Pélagie pour dettes impayées. On ne le libère que que trois mois plus tard. Non assagi, il tente de négocier, avec l’appui de Louis Bonaparte et de Joseph Fouché, une paix secrète avec l’Angleterre. Résultat, on le condamne à trois ans de prison. Vient la Restauration. Le premier Ministre de louis XVIII, le duc de Richelieu, annule sa dette envers le trésor et lui restitue ses biens.
Ouvrard réussit à faire adopter par le roi un projet de crédit public que Napoléon lui a en son temps refusé. En 1823, il reçoit le privilège d’équiper l’armée française en vue de l’expédition d’Espagne. Mais, il commet des irrégularités et en 1825, il est arrêté. On l’acquitte, malgré tout. Il s’exile alors en Angleterre où il finit ses jours, à demi oublié, et y rédige ses Souvenirs.
En octobre 1846, il meurt à Londres. Il repose avec son frère, le député Julien, dit Jules, Ouvrard (1798-1861).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2006-12-28