NADAR, Gaspard Félix TOURNACHON, dit Félix (1820-1910)
France

autoportrait photographique 1860 - BNF
Créateur du premier grand studio photo à Paris

Gaspard Félix Tournachon, dit Félix Nadar, nait le 6 avril 1820 à Paris. C’est un touche à tout de génie, tour à tour caricaturiste, aérostier et photographe. Ses parents sont d’origine lyonnaise, son père Victor Tournachon est imprimeur et libraire installé dans la capitale. Le jeune Félix fréquente différents internats de la région parisienne. Son père connaît de graves revers de fortune.

Le jeune Nadar est un grand jeune homme roux, les yeux effarés, très fantasque, à la jeunesse vagabonde. Sa devise est « Quand même ». Il se définit  comme un « vrai casse-cou, un touche-à-tout, mal élevé jusqu’à appeler les choses par leur nom, et les gens aussi ». En 1837, son père meurt quand Gaspard-Félix commence des études de médecine à Lyon.

Mais, sans soutien financier il se croit obligé d’y renoncer pour «gagner le pain quotidien de la famille», dont il a désormais la charge. Sa famille comprend sa mère et son jeune frère cadet, Adrien Tournachon, de cinq années son cadet. Nadar collabore dans différentes rédactions de journaux Lyonnais, avant de revenir s’installer à Paris. Il reprend son travail dans de petites feuilles de presse.

Toujours en mouvement et à la hâte, il fonde en collaboration avec Polydore Millaud, un journal judiciaire, intitulé l’Audience et fréquente le milieu de la jeunesse artistique décrit dans le roman d’Henri Murger «Scènes de la vie de Bohème». Il côtoie alors des gens comme Gérard de Nerval, Charles Baudelaire et Théodore de Bainville. Ce sont ses amis qui commencent à le surnommer «Tournadar», puis «Nadar», qui devient son pseudonyme.

Sa vie n’est pas facile, il subsiste grâce à divers expédients. Il écrit des romans, dessine des caricatures (il a un excellent coup de crayon et de plume). A dix-neuf ans, grâce à l’aide d’un ami, il se lance dans l’aventure de la création d’une revue prestigieuse «Le Livre d’Or» dont il devient rédacteur en chef. Grâce à ses relations, il peut compter sur la collaboration de Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Gavarni et Honoré Daumier.

Mais, au neuvième numéro, l’aventure doit s’arrêter, malgré un bon succès d’estime. Après cet échec cuisant, Nadar reprend sa carrière dans les colonnes des gazettes comme caricaturiste. Pendant un stage au journal satirique «le Corsaire-Satan», il découvre le crayon lithographique et abandonne la plume. Avec son premier dessin-charge publié dans «le Charivari» il obtient la consécration à la veille de la révolution de 1848.

Le 30 mars 1848, il s’engage avec son frère dans la Légion Polonaise pour porter secours à la Pologne. Son passeport porte le nom de «Nadarsky». Mais, il est fait prisonnier et mis au travail forcé dans une mine. Libéré, il refuse le rapatriement gratuit et revient à pied en France Il met deux mois pour rallier la capitale après avoir été incarcéré par le gouvernement prussien lors de son passage en Saxe.

Rapidement après son retour, l’éditeur Jules Hetzel, alors chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire, l’engage comme agent secret. Il part se renseigner sur les mouvements de troupes russes à la frontière prussienne malgré sa mauvaise expérience polonaise. De retour à Paris, il reprend ses activités de caricaturiste. Sa renommée est maintenant importante.

En 1851, il se lance dans une œuvre gigantesque, le «Musée des Gloires contemporaines», avec ses collaborateurs, il rencontre les grands hommes de l’époque afin de les dessiner. L’ensemble de ce travail rassemble plus de trois cents personnages illustres, ce qui constitue un panthéon qui lui apporte la notoriété sous le nom de Panthéon de Nadar en quatre feuillets. «Le Photographe» Nadar s’installe rue Saint-Lazare, où il peut disposer d’un atelier bénéficiant de la lumière naturelle.

C’est dans ce lieu que sont réalisés tous ces portraits, constituant l’œuvre des portraits entreprise tout d’abord avec la caricature et maintenant relayée par la photographie. Dès cette époque, la technique du portrait est au point et maîtrisée, les travaux sont de qualité et de nombreux studios voient le jour. Les prix baissent. Tous les gens en vue, de tous milieux toutes origines, se font « tirer le portrait ».

En 1854, Nadar se marie, mais se brouille avec son frère établi lui aussi comme photographe portraitiste qui souhaite utiliser le nom de Nadar. Il s’ensuit un procès. Nadar souhaite que l’appareil photo sorte des studios et qu’on puisse l’utiliser à l’extérieur. Il expérimente la photographie embarquée à bord d’un ballon, ainsi, il est le premier, dès 1858, à faire de la photographie aérienne, avec des vues du Petit-Bicêtre.

Honoré Daumier le représente alors dans une caricature avec cette légende «Nadar élevant la photographie à la hauteur de l’art». Nadar s’installe boulevard des Capucines dans un local plus grand en 1860. Pionnier en toutes choses, il fait installer au fronton de son immeuble une immense enseigne dessinée par Antoine Lumière et éclairée au gaz. Il est, la même année le pionnier de la photo à la lumière artificielle.

C’est dans son studio que se tient en avril 1874, la première exposition des peintres impressionnistes. Il passe pour en être l’organisateur. Il semble qu’il a simplement loué son ancien studio. Après la destruction de son atelier rouge, sa femme finance et gère avec vingt personnes, l’Aristocratique, rue du Faubourg Saint-Honoré.

Toujours en quête de nouveauté et accroc au progrès, Nadar découvre une nouvelle technologie, le monde du ballon et des aérostats. En 1858, il réalise la première photographie aérienne, à quatre-vingt mètres d’altitude dans un ballon captif. Les aventures de Nadar inspirent Jules Verne pour ses «Cinq semaines en ballon» (1862), et «de la Terre à la lune et autour de la lune», deux romans parus en 1865 et 1869. Le héros s’appelle Michel Ardan, anagramme de Nadar.

Nadar fonde en 1863 la «Société d’encouragement de la navigation aérienne au moyen du plus lourd que l’air». Il fait construire «Le Géant», un  ballon haut de 40 mètres et contenant près de 6 000 m3 de gaz. Le 4 octobre, le premier vol de Géant à lieu à Paris avec treize personnes à bord. Le ballon perd très rapidement de l’altitude et se pose à Meaux. Mais, il ne se décourage pas, il repart le 18 octobre avec sa femme à bord.

Dans les environs de Hanovre, c’est l’accident, le ballon atterrit très durement et est traîné sur près de vingt kilomètres. Nadar et son épouse sont grièvement blessés. Sa femme reste hémiplégique. D’autres tentatives ont lieu, mais faute d’intérêt du public Nadar doit arrêter l’aventure du «Géant» faute d’argent. En 1867, avec d’autres passionnés comme lui, il fonde la revue «L’Aéronaute».

Pendant le siège de Paris par les prussiens, il constitue de sa propre autorité «la Compagnie des Aérostiers» avec Camille Dartois et Jules Duruof dont l’objectif est la construction de ballons militaires pour les mettre à la disposition du gouvernement. Ils établissent leur base sur la place Saint-Pierre au pied de la butte Montmartre. C’est là que naît la poste aérienne du siège. De plus, les ballons permettent de surveiller l’ennemi.

Les ballons sont baptisés : le «George Sand», «l’Armand Barbès» et le «Louis-Blanc». C’est à bord de «l’Armand-Barbès» que Gambetta, ministre de l’intérieur, quitte Paris le 7 octobre 1870 pour regagner Tours afin d’y organiser la résistance à l’ennemi. Au total, on construira soixante-six ballons  entre le 2 septembre 1870 et le 28 janvier 1871.

Ils transporteront onze tonnes de courrier, soit deux millions et demi de lettres. Seuls cinq ballons seront capturés par les prussiens. Cette première fabrication en série marque officiellement la naissance l’industrie aéronautique. A la chute de l’Empereur Napoléon III, il s’installe place Saint-Pierre même. Avec deux ballons : le «Neptune» et le «Strasbourg», il est chargé d’étudier les mouvements de l’ennemi.

Après l’écrasement de la Commune, Nadar est compétemment ruiné, il redémarre alors une activité dans la photographie. Il accompagne, en 1886, son fils Paul Tournachon, qui doit réaliser une interview du chimiste Paul Chevreul. Il en profite pour faire des photos. Ce double travail paraît le 5 septembre dans le «Journal Illustré». C’est le premier reportage photographique réalisé en même temps que l’entretien journalistique dont il assure parfaitement l’illustration.

En 1887, il s’installe en forêt de Sénart, dans le Manoir de l’Ermitage où il accueille ses amis dans le besoin, et ce, jusqu’en 1894. Cette même année, à soixante-dix-sept ans, Nadar ne dételle pas et fonde à Marseille un atelier photographique. Nadar, doyen des photographes français devient dans la région de Marseille une véritable gloire.

Il se lie d’amitié avec le grand poète provençal Frédéric Mistral. Il triomphe encore à l’exposition Universelle de Paris en 1900, avec une rétrospective de son œuvre, organisée par son fils. Ce que beaucoup ignorent, c’est à lui que l’on doit ces barrières pour contenir la foule lors de manifestations, barrières aussi appelées Nadar, à l’origine en bois, elles sont de nos jours en acier.

En 1904, Nadar revient à Paris pour y décéder le 21 mars 1910 à quelques jours de ses quatre-vingt-dix ans. Il repose avec son épouse, Ernestine Constance Nadar, née Lefevre (1836-1909), et son fils, le photographe Paul Nadar (1856-1939).

Pour voir la biographie de Nadar sur le site caricatures

Sources : Wikipedia. Date de création : 2006-04-10.

Photos

Monument

Inscriptions : LEFEBVRE TOURNACHON, NADAR

Mme LEFEBVRE, née PARENT, 28 mai 1830.
Claude LEFEBVRE, 12 juin 1832.
Mme LEFEBVRE, née FAUQUET, 23 nov. 1853.
Mme MERCIER, née LEFEBVRE, 7 sept. 1856.
Edouard LEFEBVRE, 7 oct. 1875.
Marthe TOURNACHON NADAR, 8 juin 1948.
Marthe TOURNACHON NADAR, 5 avril 1857.
Mme TOURNACHON NADAR, née Ernestine LEFEBVRE, 27 janvier 1909.
Félix, TOURNACHON NADAR, 1er avril 1820, 23 mars 1910.
Paul TOURNACHON NADAR, 8 février 1856, 1er septembre 1939.
Mme TOURNACHON NADAR, née Anne PARQUET, 8 aout 1957.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 2 mai 2024