Édouard Adolphe Casimir Joseph Mortier voit le jour le 17 février 1768, à Cateau-Cambrésis (Nord). C’est le fils d’Antoine Charles Joseph Mortier, député aux États généraux. Il entre comme capitaine dans le 1er bataillon des volontaires du Nord. Mortier sert pendant les campagnes de 1792 et de 1793 sur la frontière nord-est et en Hollande, et plus tard sur la Meuse et le Rhin.
Il a un cheval tué sous lui à Quiévrain. Il donne des preuves de sa valeur aux batailles de Jemmapes, de Nerwinde et de Sellemberg près de Louvain. Pendant le blocus de Valenciennes, il se maintient pendant six heures sur la rivière de Persian avec 150 hommes, après l’évacuation du camp de Famars. Il devient adjudant-général à Hondschoote, en octobre 1793.
Blessé au moment où il s’empare du village de Dourlers, il se signale de nouveau à Mons, à Bruxelles, à Louvain, à Fleurus. En 1794, sous le général Kléber, il s’empare du fort Saint-Pierre, et se trouve, sous les ordres de Marceau, au passage du Rhin à Neuwied. En 1796, il a le commandement des avant-postes de l’armée de Sambre-et-Meuse sous le général Lefebvre.
Il se signale à Altenkirchen, à la bataille de Friedberg, enlève les hauteurs de Wildendorf et fait 2 000 prisonniers. Puis il s’empare de Grossen, fait capituler Francfort, enlève de vive force Gemmunden, où il fait un grand nombre de prisonniers et prend quinze bateaux chargés de munitions de guerre, et enfin il force le général Wartensleben à opérer sa retraite sur Bamberg.
Au combat d’Hirschied, à Ehmanstadt, Mortier donne des preuves de la plus grande valeur. Chargé par le général Hatry de traiter directement de la reddition de Mayence avec l’électeur Dalberg, Mortier fait deux voyages à Aschaffenburg, et y conclut une négociation, d’après laquelle les Français occupent Mayence, le 30 décembre. Dans le fort de Rotbemberg, dont il s’empare, il trouve 60 pièces de canon.
Promu au grade de général de brigade en 1799, il concourt puissamment à la prise de Lieptengen. Dans la guerre contre la deuxième coalition en 1799 il est successivement promu général de brigade et général de division le 27 septembre 1799. Il commande la 4e division à l’armée d’Helvétie. Mortier combat avec distinction à la prise de Zurich, et seconde André Masséna pour opérer l’entière expulsion de l’ennemi du territoire helvétique.
Il participe ensuite aux opérations militaires qui ont lieu contre les Autrichiens dans le pays des Grisons. Un arrêté du gouvernement consulaire l’appelle bientôt au commandement des 15e et 16e divisions militaires, dont le chef-lieu est Paris. En 1803, le premier consul lui donne le commandement de l’armée destinée à s’emparer du Hanovre.
Il traverse le Waal avec 14 000 hommes, bat les troupes hanovriennes et force le feld-maréchal Waldomen à signer, le 3 juin, à Sublingen, une convention qui rend les Français maîtres de tout l’Électorat. En 1805, il commande un des corps de la Grande Armée sous les ordres de l’Empereur. Pendant la campagne d’Ulm, il se distingue par son action brillante à Dürrenstein.
En 1806, il est encore à Hanovre et en l’Allemagne du nord-ouest. Napoléon lui confie alors le commandement du 8e corps de la Grande Armée, composée de troupes gallo-bataves. Il s’empare de Cassel le 1er octobre et de Naumburg en novembre suivant. En 1807, il vainc les Suédois à Anklam et se signale à la bataille de Friedland. Nommé duc de Trévise, quelque temps après, il reçoit une dotation de 100 000 francs de rente sur les domaines de l’ancien électorat de Hanovre.
Il devient gouverneur de Silésie. En 1808, il commande le 5e corps de l’armée d’Espagne, prend une part glorieuse au siège de Saragosse. Il remporte la victoire d’Ocaña le 18 novembre 1809 où plus de 60 000 espagnols sont écrasés par moins de 30 000 français. Il fait le siège de Cadix et bat les espagnols à la bataille de Gebora le 19 février 1811. En 1812, lors de la campagne de Russie, le maréchal Mortier reçoit le commandement de la Jeune Garde impériale.
L’Empereur le nomme gouverneur du Kremlin et lui donne, au moment de la retraite, la terrible mission de le faire sauter. Poursuivi par des forces supérieures, il est attaqué lors de la Bataille de la Bérézina et partage avec le maréchal Ney l’honneur de sauver les débris de la Grande Armée. C’est lui qui réorganise, à Francfort-sur-le-Main, la jeune Garde dont il a le commandement pendant la campagne de 1813.
Il combat à Lützen, à Bautzen, à Dresde, à Wachau, à Leipzig et à Hanau. Pendant la campagne de 1814, dans la défense de Paris, il soutient le choc de l’armée alliée dans la plaine de Saint-Denis. L’empereur de Russie envoie à Mortier le comte Orlow, son aide-de-camp, pour le sommer de mettre bas les armes.
Le maréchal répond :
« Les alliés, pour être au pied de la butte Montmartre, ne sont pas pour cela maîtres de Paris. L’armée s’ensevelirait sous ses ruines plutôt que de souscrire à une capitulation honteuse ; et quand elle ne pourra plus se défendre, elle sait comment et par où effectuer sa retraite devant et malgré l’ennemi ».
Mortier ne quitte sa position qu’après que le duc de Raguse a conclu un arrangement pour l’évacuation de la capitale. Le 8 avril il envoie son adhésion aux actes du Gouvernement provisoire. Immédiatement après la rentrée des Bourbons, en 1815, il se met au service de Louis XVIII. Celui ci l’envoie à Lille en qualité de commissaire extraordinaire de la 16e division, dont il devient ensuite gouverneur.
Le 20 mars, le gouvernement se résout à former, à Péronne, une armée de réserve dont il prend le commandement. Arrivé à Lille un peu avant Louis XVIII, il se hâte de prévenir M. de Blacas que la garnison est prête à se soulever. Il pousse le roi à partir le plus promptement possible. Le roi approuve ce conseil. Le maréchal l’accompagne alors jusqu’au bas des glacis, afin de s’imposer aux soldats par sa présence.
« Je vous remercie de ce que vous avez fait, monsieur le maréchal, lui dit le roi. Je vous rends vos serments; servez toujours la France et soyez plus heureux que moi. »
Pendant les Cent-Jours, il rejoint Napoléon qui le nomme membre de la nouvelle Chambre des pairs. Il le charge aussi de l’inspection des places frontières de l’Est et du Nord. Mais dès le début de la campagne de Waterloo, Mortier quitte l’empereur. Après la Seconde Restauration, il sort de la Chambre des Pairs et tombe en disgrâce pendant un certain temps.
Membre du Conseil de guerre chargé de juger le maréchal Ney, il se déclare incompétent. Il devient gouverneur de la 15e division militaire à Rouen, en 1816. Ensuite, il est élu, la même année, membre de la Chambre des députés par le département du Nord. On le rétablit dans les honneurs de la pairie en mars 1819. Entre 1822 et 1830, il est maire de la commune de La Queue-en-Brie (Val-de-Marne).
En 1830-1831, il est ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg. Le 18 novembre 1834, on l’appelle au ministère de la Guerre et à la présidence du Conseil. Il accepte à contrecœur des fonctions pour lesquelles il sait qu’il est peu fait. Le 28 juillet 1835, accompagnant le roi Louis Philippe pendant une revue de la Garde nationale, le maréchal est tué avec onze autres personnes dans l’attentat de Fieschi.
Le cortège, parvenu au boulevard du Temple, le maréchal se plaint de la chaleur qui l’accable. Quelqu’un l’engage à se retirer ; mais il n’y consent pas.
« Ma place, dit-il, est auprès du roi, au milieu des maréchaux, mes compagnons d’armes. »
À peine a-t-il exprimé cette résolution qu’il tombe foudroyé par la mitraille de la machine infernale que Fieschi avait dirigée contre le roi.
Il vit encore quand on le transporte dans une salle de billard du jardin Turc. Il cherche à s’appuyer contre une table. Puis tout à coup, saisi par les dernières convulsions, il porte le corps en arrière, pousse un grand cri et expire.
Il a pour enfants :
- Caroline Mortier de Trévise (1800-1842), marquise de Rumigny ;
- Napoléon Mortier de Trévise (1804-1869), 2e duc de Trévise ;
- Sophie Malvina Joséphine Mortier de Trévise, comtesse de Bellozanne puis, en secondes noces, comtesse de Naives ;
- Edouard Hector Adolphe Joseph Mortier de Trévise (1806-1813) ;
- Louise Ève Adélaïde Sophie Mortier de Trévise, comtesse Gudin.
Seul le cœur du maréchal est déposé dans le tombeau familial. Son corps repose dans la crypte des Invalides, avec ceux des victimes de l’attentat de Fieschi.
Titres : duc de Trévise et de l’Empire (2 juillet 1808), Pair de France (4 juin 1814, annulé le 24 juillet 1815), baron Mortier et Pair de France (16 juillet 1824).
Distinctions : chevalier (1803), grand-officier (1804), grand-aigle de la Légion d’honneur (2 février 1805) ; grand cordon du Christ de Portugal (1805) ; chevalier (2 juin 1814), grand-croix de Saint Louis (1820) ; Commandeur du Saint-Esprit (1825).
Hommages : Son buste orne la galerie des Batailles du château de Versailles. Son nom est gravé sur le piller est de l’Arc de Triomphe. Un des boulevard des Maréchaux de Paris porte son nom.
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur) ; Wikipedia. Date de création : 2010-01-18.