Le charme et l’engagement Yves Montand, de son vrai nom Ivo Livi, a vu le jour dans un petit village toscan du nom de Monsummano, le 13 octobre 1921 (Italie). Son père Giovanni Livi, militant communiste, est obligé de fuir le régime fasciste de Mussolini en 1921. Il s’installe avec sa femme Guiseppina et son fils, à Marseille.
Ils ont déjà deux autres enfants, Lydia et Giuliano nés respectivement en 1915 et 1917. La famille Livi est naturalisée française en 1929. Ils vivent petitement, avec des revenus très modestes. Les deux aînés sont très vite retirés de l’école et sont mis au travail, les parents rejetant tous leurs espoirs d’étude sur le dernier.
Mais, le jeune Ivo n’aime pas l’école et pense à toute autre chose. Malgré ses efforts, le père doit cesser l’exploitation de sa fabrique de balais. Ivo, à l’âge précoce de onze ans quitte définitivement l’école et entre à l’usine. Vers quatorze ans, il rejoint le salon de coiffure de sa sœur. Il passe alors son CAP de coiffeur avec succès.
Sa vraie passion, c’est le cinéma. Son modèle, c’est Frédéric Austerlitz dit Fred Astaire, le Roi de la danse et des claquettes. Le jeune Ivo est un jeune homme timide et réservé. Un régisseur de music-hall, en 1938, lui propose une place de « chauffeur de salle ». Il change de nom, devient Yves Montand et répète sans discontinuer pendant des semaines.
Yves Montand passe sur scène devant un public qui l’accueille avec chaleur. Il est applaudi à tout rompre, sa légende est en marche. Il se produit dans diverses petites salles de la région et décroche, le 21 juin 1939, un contrat à l’Alcazar de Marseille, salle devenue mythique. Son premier titre est, Dans les plaines du Far-West.
Mais, à la déclaration de guerre, il est contraint de travailler aux chantiers de Provence comme manœuvre. C’est au printemps 1941 que sa carrière redémarre et elle ne s’interrompra plus jamais. Il prend des cours de danse et de chant et il change plusieurs fois d’agent. Il fait de plus en plus de galas. C’est un séducteur, il accumule les conquêtes féminines.
En 1944, il échappe aux recherches qui peuvent l’envoyer au STO (Service du Travail Obligatoire). Il monte à Paris, fait ses débuts sur la scène de l’ABC en février. Une nouvelle fois, le succès est au rendez-vous. Puis c’est Bobino, Les Folies-Belleville, et surtout le Moulin-Rouge. C’est là qu’il passe dans le spectacle d’Edith Piaf, en première partie.
C’est presque immédiatement qu’il ressent le coup de foudre l’un pour l’autre. Elle sera un excellant professeur pour Yves Montand et il répète chaque jour avec elle. C’est elle qui fera le personnage Montand et lui donnera sa célébrité. Ils partent tous les deux en tournée, en couple qu’ils sont devenus. Il passe en vedette, à l’automne 1945, au Théâtre de l’Etoile, à Paris.
C’est là qu’il interprète, Les Grands boulevards et Battling Joe, avec un énorme succès. Edith et Yves se séparent en 1946. Il connaît alors des débuts difficiles au cinéma. Yves renoue avec le public en 1947, encore au Théâtre de l’Etoile pendant six semaines. C’est là qu’il rencontre le pianiste Bob Castella. Ils seront inséparables jusqu’au décès d’Yves Montand.
De sa rencontre avec Jacques Prévert, il tire Les Feuilles mortes, chanson extraite du film Les portes de la nuit (1945), sans succès à l’époque. En août 1949, il rencontre la femme de sa vie, Simone Signoret en vacances avec sa fille à Saint-Paul-de-Vence. Elle divorce d’Yves Allégret, père de sa fille Catherine, et épouse Yves Montand.
Le couple s’installe place Dauphine, à Paris, en 1951. A partir de 1950, Yves et Simone sont catalogués « compagnons de route du Parti Communiste ». Mais, ils sont de toutes les luttes et de tous les combats menés au nom du parti ou de l’Union Soviétique, comme l’Appel de Stockholm contre l’utilisation de l’arme atomique.
C’est en 1951 qu’il fait son premier « one man show » : 22 chansons et plusieurs poèmes qui lui valent un immense succès. Mais son vieux rêve, le cinéma, le hante. C’est Henri Georges Clouzot qui lui donne sa première vraie chance avec Le Salaire de la peur, en 1952. Le film reçoit le Grand Prix du festival de Cannes l’année suivante.
Il fait son retour à la chanson en 1953. Son récital, prévu pour trois semaines, atteint les deux cent représentations, toujours au Théâtre de l’Etoile. En 1954, il achète la maison d’Auteuil, où le couple reçoit ses amis, Jacques Prévert, Luis Bunuel, Jorge Semprun, Pierre Brasseur, Serge Reggiani etc. Ils jouent, tous deux dans la pièce d’Arthur Miller, Les Sorcières de Salem, en 1954.
En fin 1956, Montand veut chanter en URSS, mais les chars soviétiques écrasent la révolte de Budapest. Tiraillé comme tous les artistes français proches du communisme par une crise de conscience, il décide néanmoins d’honorer son contrat. C’est diversement accueilli par l’opinion publique française. Mais Moscou lui réserve un très bon accueil.
Il rencontre le maître du Kremlin, Nikita Khrouchtchev, à qui il demande des explications sur la répression de la révolte hongroise. L’échange dure plusieurs heures, sans vraiment apporter de réponse, mais Montand est soulagé. En 1956, il fait une tournée triomphale dans les pays de l’Est. Mais à son retour en France, il prend ses distances avec l’activité politique.
Le cinéma le rappelle, il tourne La Loi, avec Marcello Mastroianni et Pierre Brasseur. Ce film est un échec. Il donne une série de récitals entre 1958 et 1959. Il est un temps indésirable aux Etats-Unis à cause de ses opinions politiques. Mais il est sollicité par un agent américain et donne une série de récitals à New York. C’est un véritable triomphe.
Il rencontre avec Simone, Arthur Miller et son épouse, Marilyn Monroe. Yves Montand est maintenant une star internationale, il peut envisager une carrière cinématographique. On lui propose le film Le Milliardaire, avec Marilyn Monroe, qui se concrétise en février 60. Une idylle naît entre les deux partenaires, ce qui affectera profondément Simone.
Mais, le film terminé, il regagne la France et … son épouse. Il fait ensuite une tournée internationale, de New York à Tokyo en passant par Londres. Partout, on l’adule. Puis viennent les années cinéma. Retrouvant ses amours de jeunesse, il tourne successivement, Compartiments tueurs de Costa Gavras, La guerre est finie d’Alain Resnais (1966), Paris brûle-t’il ? de René Clément (1967), et Z de Costa Gavras (1968).
Il tient la scène de l’Olympia six semaines, en 1968. Ce militant reconnu prend ses distances avec les évènements de mai 68. De là date sa rupture avec le parti communiste, ce qui lui pose quelques problèmes. Costa Gavras lui offre le rôle d’Arthur London dans le film L’Aveu, qui sort sur les écrans en avril 1970.
Durant les années qui suivent, il joue dans La Folie des grandeurs de Gérard Oury (1971), César et Rosalie de Claude Sautet (1972), etc. Dans les années 1980, il se révèle militant des droits de l’homme et signe un appel en faveur du syndicat polonais Solidarnosc en décembre 1981. Avec d’autres artistes, il dénonce la montée du Front National.
Il devient un homme public et politique. En septembre 1985, il perd la femme de sa vie Simone Signoret qui s’éteint à 64 ans. Yves Montand a alors une liaison avec son assistante, Carol Amial qui lui donne un fils, Valentin. Il tourne encore Jean de Florette et Manon des sources de Claude Berry où il campe un Papé plus vrai que nature.
Dorénavant, il vit paisiblement en famille. Il décède d’un infarctus du myocarde le 9 novembre 1991. Il repose avec sa femme, l’actrice Simone Kaminker dite Signoret (1921-1985).
Pour écouter Les feuilles mortes par Yves Montand
Sources : -. Date de création : 2011-02-16.