(Alexandrine Elisabeth) Sarah Monod voit le jour le 24 juin 1836, à Lyon (Rhône). C’est la quatrième des sept enfants du pasteur Adolphe Monod et de son épouse écossaise, Hannah Honyman. Elle se charge de l’éducation de sa jeune sœur, Camille, de neuf ans sa cadette.
L’été, elle séjourne en compagnie de sa sœur Émilie en Angleterre ou en Normandie, dans la famille du pasteur Puaux. Dès l’enfance, elle côtoie donc Louise et Julie Puaux (1848-1922), future épouse de Jules Siegfried, futures consœurs du Conseil National des Femmes Françaises.
Très proche de son père, Sarah Monod a 19 ans lorsqu’il meurt en 1855. Elle s’attache alors à réunir ses œuvres et les faire publier. Elle consacre une notice biographique à la sœur Caroline Malvesin, fondatrice de l’Institution des Diaconesses de Reuilly.
Son éducation pieuse est très présente dans ses discours. Cela fait dire à la journaliste Jane Misme que Sarah Monod « vêtue en quakeresse » est la « papesse du protestantisme ».
À la mort de sa mère en 1868, elle se rapproche de l’Institution des Diaconesses de Paris. Grâce à elles, elle part, le 3 août 1870, sur le front de Forbach, juste après la déclaration de guerre. L’ambulance mobile dite « Monod », mise en place à l’instigation du Comité évangélique auxiliaire de secours pour les soldats blessés et malades, soigne, entre le 3 août 1870 et le 3 mars 1871, plus de 1 500 blessés, notamment lors des batailles de Daucourt et Beaumont.
Après la défaite de Sedan, Sarah Monod se rend à Londres pour récolter des fonds et du matériel, puis regagne la France et l’ambulance pour soigner les victimes de la campagne de la Loire. Le 2 juillet 1871, elle reçoit la croix de bronze de l’Œuvre internationale de secours volontaire sur les champs de bataille. Quelques mois plus tard, elle porte secours à d’autres blessés, ceux de la Commune de Paris, sans distinction de camp.
Puis elle devient directrice laïque de l’Institution des Diaconesses de Paris, poste qu’elle occupera 30 ans. Son unique frère, William Monod, est aumônier de l’institution. Sarah Monod y organise la section d’éducation correctionnelle où sont détenues les délinquantes mineures.
Dès 1861, sa correspondance laisse poindre ses préoccupations pour le sort des femmes. La prison de femmes de Saint-Lazare est le lieu autour duquel se cristallise la philanthropie abolitionniste protestante. C’est là que Sarah Monod fait la connaissance d’Isabelle Bogelot, directrice de l’Œuvre des libérées de Saint-Lazare. Elle y rencontre aussi les abolitionnistes Joséphine Butler, Émilie de Morsier ou Aimé Humbert.
Elle crée, en 1892, avec sa sœur Camille Vernes, les Unions Chrétiennes de Jeunes Filles, branche française des Young Women Christian Association, afin de prévenir la prostitution chez les jeunes filles, qui arrivent à Paris à la recherche d’un emploi.
En 1889, se déroule à Paris, en marge de l’Exposition universelle, le premier congrès des œuvres et institutions féminines, organisé par Isabelle Bogelot et Émilie de Morsier. Sarah Monod fait partie du comité du congrès présidé par Jules Simon.
Elle décide, pour ne pas laisser retomber l’élan, de réunir chaque année « toutes les femmes s’intéressant à la philanthropie ». Elle crée ainsi la conférence de Versailles, qu’elle préside pendant 20 ans. Ce rendez-vous est international. La revue La Femme publie des rapports consacrés à la législation, l’hygiène, l’éducation ou l’assistance.
En 1899, Sarah Monod et Isabelle Bogelot se rendent au Congrès international des femmes de Londres.
A la création de la fédération regroupant les associations féminines hexagonales, le Conseil National des Femmes Françaises (CNFF), en 1901, elle en devient la présidente. Parmi les réformes inspirées par le CNFF, on peut citer : la loi du 13 juillet 1907 sur le libre salaire de la femme mariée, divers règlements relatifs au travail des femmes, le projet de loi pour l’institution de tribunaux pour enfants.
Sarah Monod est membre du journal L’Avant-Courrière, fondé en 1893, et rejoint l’Union française pour le suffrage des femmes.
Elle meurt le 13 décembre 1912, à Paris, à l’âge de 76 ans. Ses obsèques sont célébrées au temple des Batignolles par le pasteur Benjamin Couve, en présence de notamment de Mme Jules Ferry. Elle repose avec son père, le pasteur Adolphe Monod (1808-1856), sa grand-mère, Louise Philippine Monod, née de Coninck (1775-1851), son grand-père, le pasteur Jean Monod (1760-1836), et son oncle, le pasteur Frédéric Monod (1794-1863).
Distinctions : chevalier de la Légion d’honneur (20 octobre 1911).
Sources : https://museeprotestant.org/notice/sarah-monod-1836-1912/ ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2022-11-25.