Jacques Marie Armand, comte Guerry de Beauregard de Maubreuil, marquis d’Orvault, nait le 26 mai 1783, dans le château de Maubreuil, près de Nantes (Loire-Atlantique). Sa famille compte parmi la meilleure noblesse vendéenne.
Une mère qui décède quelques mois après sa naissance, un père contraint d’émigrer pendant la Révolution : l’enfant vit une adolescence difficile. Esprit aventureux, il participe à la Chouannerie puis, la paix revenue, mène grand train, tantôt à Maubreuil, tantôt à Nantes.
Nantes où il fait connaissance, en 1802, avec Jérôme Bonaparte, le frère du Premier Consul. Les deux jeunes gens sont des fêtards et partagent d’heureux moments. Maubreuil qui, après deux héritages, dispose d’une belle fortune, dilapide à tous vents.
Plus tard, il se rappelle au bon souvenir de Jérôme, devenu roi de Westphalie. Le souverain en fait son capitaine des chasses et un écuyer de la reine Catherine.
En 1809, après avoir séduit l’une des maîtresses de Jérôme, le marquis de Maubreuil doit partir guerroyer en Espagne. A son retour, redevenu civil, il s’installe à Paris et place sa fortune dans diverses entreprises, avec plus ou moins de bonheur. Sans doute meilleur soldat que financier, il voit fondre son trésor et s’accumuler les dettes. Puis il est impliqué dans l’affaire des bijoux de la couronne.
Le marquis de Maubreuil épouse en novembre 1866, dans le Luxembourg, étant âgé de quatre-vingt-trois ans, Catherine Schumacher, qui se fait appeler Mme de la Bruyère. Il meurt à Paris, à l’hôtel de Bordeaux, rue Capron, le 17 juin 1869.
Le marquis de Maubreuil et les bijoux de la Couronne
En 1814, les troupes autrichiennes, allemandes, russes et anglaises occupent la France. Le 6 avril, Napoléon signe son abdication. Le Sénat vote le rétablissement des Bourbons et la famille impériale se résout à l’exil. Ainsi, Catherine de Wurtemberg, la fille du tsar de Russie, s’apprête-t-elle à rejoindre son époux, Jérôme Bonaparte en Suisse.
Le 21 avril 1814, sur la route de Fontainebleau à Sens, une berline tractée par six chevaux ouvre la voie à cinq autres voitures. Le convoi s’apprête à faire halte au relais de poste non loin de Villeneuve-la-Guyard (Yonne). Dans la première voiture se trouve la reine Catherine.
Soudain, un groupe de cavaliers stoppe les équipages. Un colonel de hussards, le marquis de Maubreuil, ancien écuyer de Catherine, commande ce groupe de cavaliers.
Le marquis s’approche de la première voiture et s’adresse à la passagère :
« Je suis chargé, Madame, de saisir vos bagages et de les ramener à Paris. Vous êtes soupçonnée d’avoir enlevé les diamants de la Couronne ».
Le marquis de Maubreuil, chouan avant-hier, bonapartiste hier, espère aujourd’hui le retour des Bourbons. Muni d’authentiques ordres de mission, il se prétend chargé par le gouvernement provisoire de veiller à ce que les diamants de la Couronne de France ne quittent pas le pays.
Maubreuil fait conduire les voitures jusqu’au relais de poste et décharger onze caisses. Puis il réclame les clés des coffres à la reine Catherine qui proteste mais obéit.
Sept malles contiennent les bijoux de la souveraine, une les diamants de Jérôme. Lorsque Maubreuil l’informe qu’il va ramener ses bagages à Paris, mais qu’elle peut poursuivre sa route, Catherine s’évanouit. Ayant repris ses esprits, elle lui demande de lui laisser au moins un coffret d’or. Maubreuil refuse et ordonne le retour sur la capitale.
Catherine prend la direction de Sens et s’arrête à Pont-sur-Yonne, où elle dépose plainte. L’affaire fait grand bruit, d’autant qu’alerté, le tsar ne cache pas sa colère. La police recherche Maubreuil. Le 22 avril, on livre les caisses de la reine Catherine chez le baron de Vitrolles, secrétaire des conseils du roi, mais il manque deux malles.
Le 24 avril, le marquis de Maubreuil se présente chez le baron de Vitrolles. Comme on lui demande des explications, il ne se démonte pas : il n’a fait que son devoir et remplit une mission. Il donne alors une explication qui paraît invraisemblable. Le soir même, il est emprisonné.
Plus tard, on remontera de la Seine un bracelet en or, des peignes sertis de diamants puis des colliers, des pièces d’or et des diadèmes. En dépit de ce faisceau de preuves, Maubreuil maintient ses dénégations.
Sans doute en sait-il trop puisqu’on le libère lorsque Napoléon s’échappe de l’île d’Elbe. Arrêté à nouveau, évadé, réincarcéré, puis relâché, le marquis n’aura de cesse de faire parler de lui. Jugé, il sera finalement condamné à cinq ans d’emprisonnement pour le vol. Mais, entre-temps, évadé, il s’est réfugié en Angleterre.
Sources : Garçon (Maurice) La Tumultueuse existence de Maubreuil, marquis d’Orvault, Editions Hachette, 1954 ; Boringe (Béard) Le Marquis de Maubreuil a-t-il volé les diamants de la reine Catherine ?, in Historia ; Bertaut (Jules) L’affaire Maubreuil, Historia ; Noël (Léon) Talleyrand a-t-il tenté de faire assassiner Napoléon ?, in Annales de Bourgogne, 1947 ; Wikipedia. Date de création : 2007-12-08.