Emile Marguerin voit le jour le 14 octobre 1820. Ses parents, d’humble origine et sans fortune, ne ménagent aucun sacrifice pour lui assurer le bienfait d’une éducation élevée. Il justifie, dès le début, leurs espérances. Placé dans une pension qui suit les cours du collège Bourbon (aujourd’hui le lycée Condorcet), Marguerin, sans être ce qu’on appelle un élève à succès, compte parmi les meilleurs esprits de sa classe.
Citation (d’Henri Baudrillard, un ami de sa jeunesse) :
« Il est de ceux que les maîtres remarquent et que leurs camarades classent entre eux au premier rang. Indépendamment des avantages de sa personne et d’un air de distinction naturelle, on est frappé par son ouverture d’esprit ; sa passion de lecture s’en prenait aux livres de tout genre ; aucun d’entre nous, en rhétorique ou en philosophie, n’est plus au courant de ce monde intellectuel qui comprend les poètes, les romanciers, les historiens et les philosophes. »
Ses goûts l’attirent surtout vers l’histoire. C’est à cet ordre d’enseignement qu’il a l’ambition de se consacrer (1841). Cependant, tout en se préparant à ses examens, il doit venir en aide à sa famille. Cette préoccupation de la famille, – nous empruntons encore cette observation aux souvenirs de M. Baudrillard. – Marguerin doit, toute sa vie, la porter jusqu’au dévouement.
Il se dévoue pour sa mère d’abord, qu’il entoure pendant trente ans des soins les plus tendres, puis pour tous ses parents. Il partage son temps entre les leçons particulières qui lui assurent de modestes ressources, ses études propres, et la vie du monde dont il goûte les plaisirs délicats. Reçu licencié ès lettres en 1843, il est, l’année suivante, chargé au collège Bourbon des cours spéciaux que Villemain vient de fonder.
Il conserve cet emploi jusqu’en 1852, mûrissant son savoir et perfectionnant son talent. En 1853, les emplois de chargés de cours ayant été supprimés à Paris, Marguerin, qui n’a pu affronter encore les concours de l’agrégation, est pourvu d’une chaire dans un lycée de province. Il ne croit pas devoir l’accepter. Presque au même moment, la direction de l’école municipale Turgot est devenue vacante : obéissant à une sorte de vocation secrète, il sollicite le poste et l’obtient.
Il y trouve l’intérêt et l’honneur de sa vie. Il a la satisfaction de voir s’élever entre ses mains les écoles Colbert, Lavoisier, Jean-Baptiste Say, Arago. Au titre d’administrateur général des écoles supérieures de la ville de Paris, qui lui est conféré, sont attachées de laborieuses fonctions, qu’il remplit avec un zèle toujours égal. Un moment vient où la charge est trouvée insuffisante. On lui demande d’y ajouter la direction d’un de ces établissements qu’il a contribué à fonder.
Il doit accepter, et fait bientôt de Jean-Baptiste Say ce qu’il a fait de Turgot. Mais cette tâche accomplie, il se retire. En 1881, l’Institut consacre ses éminents services en lui décernant le prix Halphen, prix attribué «à ceux qui, par leur action personnelle et par leurs travaux, ont le mieux servi les progrès de l’instruction primaire». On retrouve la plupart de ces mérites dans ses écrits, bien qu’il reconnait lui-même qu’il a moins de goût pour la plume que pour la parole.
Ses premiers essais – les articles qu’il donne au «Courrier français» de mai à novembre 1844 – contiennent en germe toutes les qualités que la vie, cette maîtresse supérieure, devait développer en lui. Ses deux ouvrages principaux sont : «le Rapport sur l’éducation des classes moyennes en Angleterre» et «les Grandes époques de l’histoire de France».
«Le Rapport sur l’éducation des classes moyennes» en Angleterre, qui date de 1864, ouvre la série des grandes enquêtes pédagogiques. Le document est riche en faits bien observés, en considérations intéressantes. C’est à la demande du Conseil municipal de Paris que Marguerin, accompagné d’un jeune professeur distingué, M. Motheré, a accompli ce voyage scolaire. Tout ce qu’il en a rapporté d’observations utiles et pratiques n’a pas trouvé place dans son livre, mais il s’en est inspiré dans son administration.
«Les Grandes époques de l’histoire de France» ont été cependant, et de beaucoup, son œuvre de prédilection. C’est avec M. Hubault qu’il l’a entreprise. Marguerin aime le travail en collaboration. C’est presque un besoin de son esprit. Il excelle à faire un plan, à concevoir le dessein d’un ouvrage, d’un chapitre, d’un article ; le chapitre ou l’article écrit par un autre, il le critique supérieurement.
Ses amis, Adolphe Thiers, Mignet, Guizot, Jules Cousin, pensent plus d’une fois à lui confier la direction d’un journal. Il y aurait certainement réussi. Dans les dernières années de sa vie, lorsque la retraite accroit ses loisirs, Marguerin essaie de revenir à ces études historiques que l’observation des révolutions politiques et sociales auxquelles il a assisté lui rend, dit-il, plus chère.
Il commence un «Précis de l’histoire d’Orient». Mais la lecture des textes lui fatigue la vue qu’il a toujours eue délicate, et il ne se sent plus les forces nécessaires pour suivre un travail de longue haleine. Emile Marguerin écrit, pour la première édition du «Dictionnaire de pédagogie», l’article «Littérature».
Emile Marguerin meurt à Paris le 4 octobre 1884. Il repose avec son petit-fils, l’historien Jean Porcher (1892-1966).
Publications :
- La Hongrie, Paris, Joubert (1848) ;
- avec Gustave Hubault, Cadres d’histoire de France, Paris, Dezobry et E. Magdeleine (1850).
Distinctions : La Légion d’honneur mentionnée sur l’inscription ne figure pas dans la Base Léonore.
Hommages : Une rue de Paris (15ème) porte son nom.
Sources : Wikipedia ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2008-06-02.