Jean Longuet voit le jour le 10 mai 1876, à Londres (Grande Bretagne), pendant l’exil de son père, dirigeant communard. Sa mère est Jenny Marx (1844-1883), fille aînée de Karl Marx. Jean Longuet est aussi le neveu par alliance de Paul Lafargue. En 1880, son père peut rentrer en France.
Après le décès de sa mère en 1883, on envoie Jean dans la famille de son père, à Caen, poursuivre ses études. On l’élève au contact des dirigeants socialistes internationaux de l’époque, dont son oncle, Eduard Bernstein et Karl Kautsky. Toute sa vie, Jean Longuet se sentira responsable de son héritage familial. L’extrême droite, dans L’Action, le qualifiera de « quart-de-boche », par exemple.
Il est étudiant à Caen, en 1894, puis, bachelier l’année suivante, il s’inscrit à l’Université à Paris et s’engage dans les groupes d’étudiants socialistes. Il adhère assez rapidement au Parti Ouvrier de Jules Guesde, auquel appartient Paul Lafargue. L’affaire Dreyfus est l’occasion d’une rupture. En effet, Jean Longuet trouve bien timide le soutien de Guesde à Dreyfus et se retrouve plus dans l’engagement sans limite de Jean Jaurès.
Jean longuet quitte le POF. Il est proche de Jean Jaurès, à partir du congrès de la salle Wagram (1900) qui voit l’échec de la première tentative d’unification socialiste en France. Il s’oppose cependant à celui-ci lorsqu’il soutient le gouvernement Millerand (1901).
Devenu membre du PSF, de Jean Jaurès, il œuvre à l’unification des groupes socialistes, tout en représentant l' »aile gauche ». Son engagement permet d’éviter une rupture définitive entre Jaurès et Guesde, qui se serait traduite par une mise au ban de l’Internationale du PSF.
Jean Longuet épouse Anita Desvaux (1875-1960), une militante socialiste, en 1900. Ils auront deux fils, Robert Jean, militant socialiste et anticolonialiste, et Charles, dit Karl-Jean, sculpteur.
Jean Longuet devient journaliste, à partir de 1899. Il travaille d’abord au sein de La Petite République, cofondée par Jaurès, puis de L’Humanité, où il s’occupe des questions internationales. Il se consacre aussi à l’animation de revues : Le Mouvement socialiste, La Revue socialiste et Die Neue Zeit.
Par sa culture et sa formation (il parle couramment l’anglais, l’allemand et l’italien), il a un point de vue internationaliste. Il anime ainsi la revue Pro Armenia, en 1900. Il collabore à L’Européen, de 1901 à 1906, et au Courrier européen, jusqu’en 1914. De plus, il traduit nombre de brochures et articles de socialistes allemands ou britanniques.
Jean Longuet est responsable national de la SFIO, de 1905 à 1914. Elu à la Commission administrative permanente du parti, il conserve ce mandat jusqu’à sa mort. En 1913, il publie dans le cadre de l’Encyclopédie socialiste de Compère-Morel le volume consacré au Mouvement socialiste international.
En 1914, il se fait élire député par le département de la Seine. Il assiste à l’assassinat de Jaurès, le 31 juillet 1914. Il se rallie à la politique de défense nationale, dès l’enterrement du leader socialiste. Durant le conflit, il mène la tendance dite minoritaire de la SFIO, qui adopte une position pacifiste tout en continuant de voter les crédits militaires.
En 1917, ce courant crée le quotidien, Le Populaire, animé par Paul Faure, Henri Barbusse et lui. En 1918, ce courant s’impose dans la SFIO : Ludovic-Oscar Frossard devient secrétaire général du parti, et Marcel Cachin prend la direction de L’Humanité.
Jean Longuet, en novembre 1919, fait partie des nombreux députés socialistes qui ne retrouvent pas leur siège, emportés par la vague « bleu horizon ». Le congrès de Tours (décembre 1920) voit la scission de la SFIO et la création du parti communiste. Jean Longuet y joue un rôle central et reste à la SFIO.
A la nouvelle direction de la SFIO, il assure la direction de la commission d’immigration et un rôle dans les instances internationales. Il participe à la conférence de Hambourg, qui, en 1923, crée l’Internationale Ouvrière Socialiste, dont il devient membre du comité exécutif. À partir de sa création en 1926, il intervient au sein de la commission coloniale de l’Internationale.
Au sein de la Nouvelle revue socialiste, il publie, de 1925 à 1930, de nombreux articles sur les questions internationales. Il s’engage aussi, aux côtés de son fils Robert, auprès des nationalistes marocains, pour l’indépendance de cette colonie. Mais, en 1936, l’insurrection antifranquiste des nationalistes du Maroc espagnol se heurte au refus de Léon Blum de les soutenir. Ceci apparaît comme un désaveu des efforts de Jean Longuet.
Battu aux législatives de 1924 sur la liste du Cartel des gauches, il se fait élire, l’année suivante, maire de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Ce mandat est renouvelé jusqu’à sa mort. Il lui permet de multiples réalisations : distribution du gaz, de l’eau courante, réfection de la voirie, enlèvement des ordures ménagères, éclairage, cantines, patronage Voltaire, colonies de vacances, nouvelle mairie en 1933, puis la construction d’une piscine intercommunale et celle d’un stade.
En 1929, il se fait élire conseiller général puis réélire en 1935. Il intervient à l’assemblée départementale pour la conservation du Parc de Sceaux et la création d’un musée d’Île-de-France, en 1934. En 1932, il revient au Palais Bourbon. Mais, en 1936, il perd son siège en faveur du candidat communiste, le maire de Bagneux Albert Petit.
Jean Longuet meurt brutalement, le 11 septembre 1938, dans un accident de la route. Il repose avec ses fils, l’avocat et journaliste Robert Jean (1901-1987), et le sculpteur Karl Jean Longuet (1904-1981), sa belle-fille, la sculptrice Simone Longuet née Boisecq (1922-2012), son oncle, le député socialiste Paul Lafargue (1842-1911), et sa tante, la socialiste Laura née Marx (1845-1911).
Publications :
- Les Dessous de la police russe. Terroristes et policiers : Azev, Harting, etc., Paris, Juven (1909, en collaboration avec Georges Silber) ;
- Encyclopédie socialiste syndicale et coopérative de l’Internationale ouvrière, tome V. Le mouvement socialiste international, Paris, Quillet (1913) ;
- La politique internationale du marxisme, Paris, Alcan (1918) ;
- Contre la paix impérialiste, pour la Russie révolutionnaire, discours prononcé à la Chambre le 18 septembre 1919, Paris, Librairie du Parti socialiste et de L’Humanité (1919).
Traduction : Coll. MacArthur, Le Sultan et les grandes puissances, préface d’Urbain Gohier, Paris, Alcan (1899).
Sources : Candar (Gilles) Jean Longuet : Un internationaliste à l’épreuve de l’histoire, Presses universitaires de Rennes, 2015 ; Binot (Jean-Marc), Lefebvre (Denis) et Serne (Pierre) Cent Ans, Cent Socialistes, Graffic – Bruno Leprince, 2005, p. 264 ; « Jean Longuet » dans La Nouvelle Revue Socialiste, 15 février – 15 mars 1930. Date de création : 2108-01-10