Les pérégrinations du cœur de Chopin
Le départ de Paris
Frédéric Chopin décède, le 17 octobre 1849, à Paris (1er), au 12 place Vendôme, à l’âge de 39 ans. Un peu auparavant, sa sœur aînée, Ludwika, était venue de Pologne pour assister à ses derniers moments. Il lui a demandé de l’enterrer dans une église de Pologne.
Il a aussi demandé à son médecin, Cruveilhier, de procéder à une autopsie après son décès et de lui retirer le cœur. Cruveilhier place le cœur avec de l’alcool (probablement du cognac), dans un flacon en verre scellé hermétiquement. Puis il le remet à Ludwika.
En janvier 1850, celle-ci rapporte le cœur à Varsovie, en train, enfoui clandestinement dans ses bagages, en passant par l’Autriche et en ne déclarant rien aux douaniers russes. L’historien de la musique soviétique Igor Boelza explique qu’elle avait caché « un petit coffre en chêne sous sa robe. Dans celui-ci se trouvait un cercueil en bois d’ébène, contenant un récipient précieux avec le cœur de Chopin ».
De l’appartement de Ludwika vers l’église Sainte Croix
À Varsovie, Ludwika garde le cœur sur une commode. Puis avant sa mort, en 1855, elle le remet au clergé de l’église Sainte-Croix de Varsovie. Mais, comme Chopin n’est pas un saint, le clergé s’oppose à son dépôt dans le chœur de l’église. Il fait alors déposer le cœur dans les catacombes de l’église.
Celui-ci y reste, intact, pendant plus de deux décennies. En 1878, le journaliste Adam Pług le retrouve et écrit un article dans un journal de Varsovie.
L’administrateur apostolique Antoni Ksawery Sotkiewicz fait alors déplacer le cœur dans la partie supérieure de l’église. Mais ce transfert s’effectue en secret par crainte des autorités tsaristes. Le compositeur Władysław Żeleński est un des organisateurs de cette cérémonie. Elle a lieu le 1er mars 1879, avec une douzaine de personnes. On encastre alors la boite contenant le récipient avec le cœur dans le premier pilier de gauche, face à la grande nef de l’église.
Le 29 février 1880, le cœur de Chopin est consacré. Le sculpteur Leonard Marconi grave une tablette de marbre de Carrare à la mémoire de Chopin. Puis on l’installe sur le pilier, une semaine plus tard.
De l’église Sainte Croix vers Milanówek, via l’appartement du commandant SS
En 1939, après la prise de Varsovie par l’armée allemande, la musique de Chopin est interdite, l’Institut Fryderyk Chopin est fermé et le monument Frédéric Chopin dans le parc Łazienki est détruit.
Au cours de l’insurrection de Varsovie en 1944, l’église Sainte-Croix est endommagée et Schulze, un prêtre allemand, remet le cœur de Chopin aux SS pour qu’il soit préservé. Il arrive ainsi dans les mains du commandant SS Erich von dem Bach-Zelewski qui le conserve chez lui, avec d’autres bibelots.
Puis ce dernier organise le transfert du cœur à l’évêque auxiliaire de Varsovie, Antoni Szlagowski. Dans le cadre de la propagande nazie, il demande de filmer ce transfert. Mais la défaillance des projecteurs au moment précis où l’urne contenant le cœur est remise, permet à l’évêque de déclarer à ses collègues « Merci Seigneur, Cette fois, ces barbares ont échoué dans leur stratagème de propagande ».
Escorté par un contingent de soldats allemands, l’évêque fait transférer le cœur à l’église Sainte-Hedwige de Milanówek, une ville du centre de la Pologne.
À son arrivée à Milanówek, on cache le cœur de Chopin, de peur que les Allemands ne tentent de le reprendre. Le professeur Antoniewicz puis la pianiste Maria Findeisen le conservent ainsi dans leur appartement. Ensuite, jusqu’en octobre 1945, le cœur est en possession de l’archevêque Szlagowski, sur le piano de sa chapelle privée.
Retour de Milanowek vers Varsovie
Bronisław Edward Sydow, membre du conseil d’administration de l’Institut Frédéric Chopin, contacte des responsables du gouvernement provisoire. Il veut organiser une cérémonie pour le retour du cœur à l’église Sainte-Croix. A cette époque, celle-ci est déjà partiellement restaurée. Le 18 septembre 1945, il crée, à Varsovie, le Comité exécutif de la Célébration nationale du retour du cœur de Chopin.
Le 17 octobre 1945, jour du 96ème anniversaire de la mort de Chopin, on remet l’urne contenant son cœur à Léopold Petrzyk, dans la cour de l’église Sainte-Hedwige de Milanówek. Une délégation comprenant le pianiste Bolesław Woytowicz la transporte alors en voiture jusqu’à Żelazowa Wola, le village natal de Chopin.
Tout au long du parcours, une foule agite des drapeaux polonais. A Żelazowa Wola, Petrzyk transmet l’urne au président de la République, Bolesław Bierut, qui la remet ensuite au maire de Varsovie, Stanisław Tołwiński.
Après l’arrivée du cœur à Varsovie, un service commémoratif a lieu à l’église Sainte-Croix, en présence du président et du premier ministre. De plus, on retransmet ce service à la nation.
On replace ensuite le cœur dans le pilier situé sous le buste de Chopin créé par le sculpteur Andrzej Pruszyński.
Une dernière sortie pour une examen médical
Les incertitudes sur les raisons de la mort prématurée de Chopin poussent des scientifiques à demander l’analyse du tissu cardiaque. Mais le gouvernement polonais refuse cet examen.
Néanmoins, Le 14 avril 2014, un groupe de responsables de l’église, de scientifiques et de représentants de l’Institut Frédéric Chopin exhument l’urne contenant le cœur de Chopin. Un examen externe a lieu, sans ouverture du flacon. Les scientifiques concluent que Frédéric Chopin est mort d’une péricardite, provoquée par la tuberculose.
Merci à Lou L-Benz (Lou Mishel) pour nous avoir donné l’idée de cette page.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2025-01-25.