L’enclos musulman (1856)
Selon la nouvelle réglementation des cimetières de 1804, « chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier, et dans les cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu’il y a de cultes différents, avec une entrée particulière pour chacune et en proportionnant cet espace au nombre d’habitants de chaque culte ».
En 1809, on crée un enclos « israélite », fermé, avec un accès direct depuis la rue (aujourd’hui, c’est la Division 07). Puis on réserve les Divisions 39 et 40 aux protestants, là ou se situaient les bassins de l’ancien parc, dans une zone encore très boueuse. En 1856, un des membres de l’ambassade de l’Empire Ottoman meurt à Paris. Celle ci demande l’ouverture d’un enclos musulman. La ville de Paris et « la Sublime Porte », comme on désigne à l’époque la Turquie, signent un accord. Cet enclos est ouvert dans la nouvelle partie du cimetière (une partie de la Division 85, aujourd’hui).
Cet accord prévoit la construction d’une petite mosquée de façon à ce que les fidèles puissent recevoir les derniers rites sur place. On construit rapidement cette mosquée, sans grand soin. Puis l’Empire Ottoman néglige complétement de l’entretenir, contrairement à ce qu’il a signé dans l’accord. La mosquée est bien visible dans les documents de l’époque.
Avec « la république des républicains », la loi du 14 novembre 1881 fait disparaître les espaces réservés à chaque religion à l’intérieur des cimetières : on supprime les murs qui isolaient l’enclos israélite et l’enclos musulman peu rempli, s’estompe pour permettre l’enterrement de non musulmans. En 1914, la mosquée est en ruine et les conditions politiques ont bien changé avec l’arrivée de la guerre. On détruit alors ce qui en reste.
Malka Khachwar, reine d’Oudh (aujourd’hui Awad, en Inde du nord), morte à Paris en 1858 et Ali Bin Hamud, sultan de Zanzibar mort à Paris en 1918, sont encore dans cet ancien enclos, toujours marqué par une petite haie.
Plus récemment, on y a enterré Sadegh Hedayat, grand écrivain iranien qui s’est suicidé, en exil en 1951, Mahmoud Al Hamchari, représentant palestinien assassiné en France par le Mossad israélien en 1973, et le chanteur berbère (algérien) Halid Cheriet dit Idir, mort en 2020.
Sources : -. Date de création : 2020-12-25.