1872-1914 – L’apprentissage de la République
Après avoir été l’écrin funéraire des notables de deux empires et de trois monarchies, le Père Lachaise devient celui des notables de la République. La bourgeoisie triomphe définitivement : elle peut entrer à son aise dans une « Belle époque » et témoigner, par ses imposantes chapelles, de la réussite d’ici-bas.
En 1872 est inhumé la soprano italienne Eugenia Tadolini. En février 1874, une partie de la 83ème division s’effondre dans le tunnel du chemin de fer de ceinture. On en profite pour faire disparaître les dernières fosses communes du cimetière. C’est aussi l’année de l’inhumation de l’historien Jules Michelet, du ministre Alexandre Ledru-Rollin et de la courtisane Blanche d’Antigny.
En 1875 sont inhumés le compositeur Georges Bizet, le peintre Camille Corot, le sculpteur Antoine Barye, la comédienne Virginie Dejazet et l’industriel Eugène Schneider.
En 1876 suivent l’autrice et compagne de Frantz Liszt, Marie d’Agoult, et le serviteur de Napoléon Louis Marchand. En 1877, l’inhumation du chef d’état Adolphe Thiers a lieu en grandes pompes. En 1878 sont inhumés le peintre Charles François d’Aubigny, le fondateur de la médecine expérimentale Claude Bernard et le chimiste et politicien François Raspail. En 1879 suivent le caricaturiste Honoré Daumier et le sculpteur Auguste Préault.
En 1880 a lieu l’inhumation du mathématicien Michel Chasles, qui sera exhumé l’année suivante pour rejoindre Chartres. La loi du 14 novembre 1881 fait disparaitre les enclos confessionnels, ce qui entraine la destruction des murs du cimetière juif et ceux de l’enclos musulman. 1881, c’est aussi l’année de l’inhumation du théoricien politique Auguste Blanqui.
1882 voit l’inhumation du théoricien politique Louis Blanc et 1883 celles de du peintre et graveur Gustave Doré et d’Auguste Clesinger, sculpteur auteur du tombeau de Chopin.
En 1884, la statue érodée en marbre par Etex de Théodore Géricault est remplacé par l’actuel monument. En 1885 sont inhumés les écrivains Jules Vallès et Edmond About, de l’architecte Théodore Ballu et du caricaturiste André Gill. 1886 voit la construction de la chapelle-mausolée d’Adolphe Thiers par Aldrophe, grâce à une souscription nationale.
En 1887 est inhumé Eugène Pottier, auteur de « L’internationale », et le corps du compositeur Gioacchino Rossini est exhumé et envoyé à l’église Santa-Croce de Florence (Italie). En 1888 voit les inhumations du ministre Hippolyte Carnot et de l’écrivain Auguste Maquet. En 1889 est achevé le crématorium dû à l’architecte Formigé et est inhumé l’écrivain Auguste Villiers de l’Isle-Adam. En 1890 sont inhumés le député Jules Joffrin et le philanthrope Richard Wallace.
En 1891 ont lieu les inhumations de l’urbaniste Jean-Charles Alphand, du préfet de Paris, le baron Georges Haussmann, de l’éditeur Calmann Lévy et du peintre Georges Seurat, alors que Victor Noir est transféré au Père Lachaise pour reposer sous un gisant de Dalou. En 1892 sont inhumés le compositeur Edouard Lalo et le fondeur Ferdinand Barbedienne. En 1893 suit le ministre Pierre Tirard et le député qui a fait abolir l’esclavage, Victor Schœlcher. En 1894 ont lieu les inhumations du peintre Gustave Caillebotte et de Ferdinand de Lesseps, l’artisan du canal de Suez. En 1895 suit celle de la soprano Marie Miolan-Carvalho.
En 1896, on commence le columbarium, et ont lieu les inhumations du collectionneur italien Henri Cernuschi, dont la maison deviendra un musée, et du ministre Emmanuel Arago. En 1897 sont inhumés l’écrivain Alphonse Daudet et la soprano Cornélie Falcon. En 1898 suit le poète belge Georges Rodenbach.
En 1899 éclate un scandale lors de l’inauguration du Monument au Morts de Bartholomé en raison de la nudité des personnages. 1899, c’est aussi l’année des inhumations du compositeur Ernest Chausson, de l’aéronaute Gaston Tissandier, du sculpteur du Louvre Charles Capellaro, de la comtesse de Castiglione, ancienne maitresse de Napoléon III, et du président de la république Félix Faure. En 1900 est inhumé le sculpteur Alexandre Falguière et en 1901, l’inventeur de la dynamo, le belge Zénobie Gramme et le spirite Gaétan Leymarie.
En 1902, Charlotte Besnard réalise le tombeau de Georges Rodenbach et a lieu l’inhumation de l’officier Ignace Hoff, héros de la guerre de 1870. En 1903 sont inhumés Jean-Baptiste Clément, l’auteur du « Temps des cerises », Robert Planquette, celui des « Cloches de Corneville », et le peintre Camille Pissarro. En 1904, Auguste Bartholdi réalise la statue de la tombe d’Ignace Hoff et est inhumée la violoniste Teresa Milanollo.
1905 voit les inhumations de la cantatrice Célestine Galli-Marié, créatrice de Carmen, et du sculpteur Paul Dubois. En 1906 est inhumé le peintre belge Alfred Stevens. En 1907 est apposé la plaque commémorative de la Commune et sont inhumés le chimiste Henri Moissan, prix Nobel, et le poète Sully-Prud’homme, lui aussi prix Nobel. 1908 voit l’inhumation de la spirite Rufina Nœggerath, dite «Bonne Maman».
En 1909 parait « le cimetière du Père-Lachaise » de Jules Moiroux et est édifié le Monument aux victimes des révolutions, par Paul Moreau-Vauthier, dans le square Samuel de Champlain, contre le mur du cimetière. 1909 voit aussi l’inhumation d’Alfred Chauchard, fondateur des magasins du Louvre. En 1910 sont inhumés le chef d’orchestre Edouard Colonne, Jean Moréas et le photographe Felix Nadar.
1911 voit l’inhumation du peintre Félix François Ziem et 1912 celle du peintre Edouard Detaille. En 1913 sont inhumés la chanteuse Thérésa, le comédien Léon Noël et le chanteur Harry Fragson est crématisé. 1914 voit l‘inhumation d’Alphonse Bertillon.
En 1914, la mosquée est en ruine et on détruit ce qui menace de s’effondrer.
D’un point de vue architectural, la chapelle s’impose largement dans cette période et elle est omniprésente dans les divisions 61 et 62. C’est le signe d’une économie funéraire prospère avec architectes, entrepreneurs, sculpteurs, verriers, ferronniers, menuisiers, céramistes … Les vitraux représentent parfois le portrait d’un disparu, souvent à partir d’une photographie. On voit même, dans des chapelles, de véritables plaques photographiques intégrées au décor. Enfin, le début du nouveau siècle voit apparaître les premières photographies sur céramique.
Retrouvez tous les personnages et les monuments de la Troisième République
Sources : Philippe Landru. Date de création : 2005-09-09.