KERMANN Patrick (1959-2000)
France

Patrick Kermann voit le jour à Strasbourg (Bas-Rhin), en 1959. Il devient agrégé d’allemand. Il écrit trois livrets d’opéra : Du Diktat, La Blessure de l’ange et Vertiges. Ce dernier se base sur le monolinguisme du chœur qui se trouve devant l’impossibilité de traduire par une seule voix la peur d’être au monde de chaque individu. Il réalise une installation sonore « A » ayant pour thème « La naissance des mondes à venir ».

Patrick Kermann traduit Électre d’Euripide, Le Festin de Thyeste de Sénèque et Un déjeuner allemand, roman de Thomas Bernhard. Il écrit des pièces de théâtre. Il utilise la langue comme un matériau malléable et vivant, jusqu’à pouvoir rendre corps aux morts qu’il réanime. Patrick Kermann bénéficie d’une résidence à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon (1996) puis d’une commande du ministère de la Culture (1998). Il obtient ensuite une bourse Beaumarchais (1999), une commande d’œuvre lyrique (1999, avec Daniel Lemahieu, Du diktat). Il bénéficie, enfin, en 1999-2000 d’une bourse d’année sabbatique du Centre national du livre.

Patrick Kermann se donne la mort le 29 février 2000.

Extrait (de quoi ?):

Pour moi, «Le théâtre est le territoire de la mort, ce lieu rituel où les vivants tentent la communication avec l’au-delà. Sur scène, dans une balance incessante entre incarnation et désincarnation, matériel et immatériel, visible et invisible, apparaissent des fantômes qui portent la parole des morts, pour nous encore et tout juste vivants.

De là l’importance dans mon écriture de la recherche de formes fortes qui approchent au plus près cette essence du théâtre : déambulation dans un no man’s land entre terre et enfer (De quelques choses vues la nuit ou Les tristes champs d’asphodèles), voix d’outre-tombe (The Great Disaster ou La Mastication des morts), installation sonore (A) ou livret opératique (La Blessure de l’ange) qui évacuent le corps pour ne garder que la parole défunte.

De là aussi ce qui fait à mon sens la seule légitimité de l’écriture contemporaine, le travail sur/de/contre la langue : du monde des morts ne surgissent que des voix spectrales, des sons d’une autre langue, de cette langue des morts qui se fait chair et s’incarne en l’acteur. Ne m’intéresse donc que ce dialogue fragile avec les morts, ces souffles ténus recueillis auprès des morts qui témoignent de leur avoir été à l’histoire et au monde».

« Dans les pièces de Patrick Kermann, l’absence de ponctuation prive le texte de souffle, symbole de vie, pour donner la parole aux morts. L’absence de ponctuation évoque la crise du personnage comme miroir de la crise du sujet face à l’Histoire. Les témoignages des morts sont fragmentaires, accidentés, fragiles. La parole, pour les vivants comme pour les morts, n’est ni salvatrice, ni rédemptrice. La langue est toujours celle d’un corps rythmique, une langue étrangère qui ne dit pas le monde mais sa distance irréconciliable au monde. ».

Sources : Wikipedia. Date de création : 2108-02-13.

Monument

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Date de la dernière mise à jour : 18 août 2023