Chrétien Auguste Juncker nait en 1791. Après des études à l’école Polytechnique, il devient ingénieur du corps des Mines. Arrivé à Poullaouën (Finistère, situé à 5 km de Carhaix) en 1816 en qualité d’inspecteur des mines de Poullaouen et Huelgoat, il accède la même année à la direction de l’établissement.
Les mines de plomb et d’argent de Poullaouen et Huelgoat restèrent pendant toute sa direction l’établissement de cette sorte le plus considérable qu’eut la France. L’infiltration des eaux dans les galeries constituait un problème permanent. Les machines hydrauliques installées au 18ème siècle n’apportent pas de solutions pleinement satisfaisantes. Du fait de leur mécanisme compliqué et rudimentaire, leur rendement stagne autour de 20 %.
Il faut attendre le début du 19ème siècle pour qu’enfin une étape nouvelle se franchisse grâce aux travaux de Monsieur de Reichenbach, ingénieur aux salines de Bavière, en Allemagne. Celui-ci a met au point une machine dite à colonne d’eau. Celle ci, selon le principe d’hydraulique de Pascal, permet d’élever l’eau d’une source au-dessus de son niveau.
Comme les ingénieurs de plusieurs pays, Juncker va observer les travaux de Monsieur de Reichenbach avant de mettre en œuvre ces techniques à la mine de Huelgoat. Juncker perfectionne en outre le système mécanique développé par Reichenbach, par d’ingénieux agencements. Il met en service deux machines identiques d’un mètre de diamètre et 2,30 m de courbe, actionnées grâce à une chute d’eau de 61 mètres.
Ces machines dont la puissance et le perfectionnement du mécanisme constituent une prouesse pour l’époque sont mises en service en 1831. Elles vont fonctionner jusqu’en 1866. La renommée de Juncker se répand dans tout le monde métallurgique. Beaucoup viennent sur place voir cette fameuse « machine de Juncker ».
Des revues savantes en parlent. « L’illustration » consacre, en 1845, un reportage aux mines de Poullaouen et présente la machine en détail (n°120 du 14 juin). Juncker dirige l’établissement vingt-cinq ans, jusqu’en 1841, date à laquelle il rentre dans l’administration. Il s’installe alors à Paris où il assume la charge du service minéralogique et des carrières du département de la Seine.
Il réorganise et gère ce service jusqu’en 1851. L’atlas souterrain des carrières de Paris date de cette époque. Cette période de la vie de Juncker est aussi marquée par son engagement dans l’église évangélique luthérienne de Paris. Il est ainsi membre de son consistoire de 1844 à 1865. Il décède en 1865.
Sources : Livre du centenaire (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, Tome III, p.184. Date de création : 2008-03-28.