Edouard (Alexandre) Holacher voit le jour en 1826. Ancien acteur, il devient le directeur du théâtre de Belleville (46 rue de Belleville, à Paris) de 1862 à sa mort. Celui-ci présente des vaudevilles, des drames historiques et des mélodrames.
En 1864, Edouard donne sa chance à une comédienne dont nul directeur de théâtre parisien ne veut : Céleste Mogador, qui a un passé de prostituée notaire. Mais, avec son mariage, c’est désormais la comtesse de Chabrillan. Elle triomphe souvent devant le public plébéien de Belleville, une façon pour elle de se venger de ses anciens clients.
Dans la nuit du 11 au 12 décembre 1867, un incendie anéantit le théâtre de Belleville et une brasserie voisine. La salle est heureusement vide à ce moment-là. Le feu a commencé à couver à la toute fin de la représentation sans que personne ne le remarque.
Extrait (du Petit Journal) :
« Voici quelques détails complémentaires sur le sinistre d’hier. On avait joué le Canal Saint-Martin, pièce dans laquelle on tire un coup de pistolet. On suppose que la bourre enflammée est allée se loger dans un décor, où elle aurait fait amadou, et c’est ainsi que l’incendie aurait commencé. »
Édouard Holacher, par ses démarches financières et avec le soutien de la population bellevilloise, du milieu professionnel et de la mairie du 20e arrondissement, parvient en moins d’un an à le faire reconstruire. Les architectes Lehman et Fernoux le refont à l’identique.
À l’automne 1870, durant le siège de Paris, on y donne une représentation dont la recette sert à l’achat d’un canon ou d’une mitrailleuse en faveur d’un bataillon bellevillois de la Garde nationale.
La famille Holacher tend aussi la main à de vieux comédiens, comme Frédérick Lemaitre. Celui ci, après 40 ans passés sur les plus grandes scènes, fatigué, malade et ruiné, ne trouve plus d’engagement. En 1873-1876, il reprend ses rôles à succès, comme Le portier du numéro 45, Le sonneur de Saint-Pierre, Le crime de Faverne …
Édouard Holacher décède le 12 juin 1879. Ses fils Édouard et Louis reprennent le théâtre. Les deux nouveaux directeurs ont bien du mal à continuer à faire vivre le théâtre. C’est qu’il se trouve désormais d’autres théâtres dans son secteur : le Théâtre populaire de Belleville et le Théâtre-Nouveau.
En 1907, à la mort d’Edouard, le théâtre change de mains. Mais la concurrence du cinéma se fait sentir de plus en plus et il est finalement détruit en 1932.
Sources : Braquet (Maxime) de l’AHAV ; L’ami du 20ème. Date de création : 2022-05-17.
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