Eugène Hénaff voit le jour à Spézet (Finistère), le 30 octobre 1904. Fils de paysans bretons sans terre, l’aîné d’une fratrie de quatre garçons, il suit sa famille qui émigre à Paris. Le père, mobilisé en 1914, la famille revient à Spézet. Eugène, à dix ans, travaille comme garçon de ferme.
À la fin de la guerre, la famille s’installe de nouveau à Paris, à Belleville, puis à Ménilmontant. Le père travaille comme terrassier. Adhérent très actif du syndicat, il est de toutes les grèves. A 15 ans, Eugène est garçon boucher puis manœuvre dans une imprimerie et ouvrier cimentier, métier dont il restera fier toute sa vie.
Il comprend très tôt la nécessité de l’organisation syndicale. A vingt ans, il adhère à la Confédération Générale du Travail Unitaire (CGTU). Peu de temps après, il adhère au Parti Communiste Français (PCF). Rapidement, il devient secrétaire général du syndicat des cimentiers, puis secrétaire régional des syndicats du bâtiment.
Lorsqu’il devient secrétaire de l’Union régionale des syndicats parisiens de la CGTU, il ne cesse d’accorder une attention particulière à sa profession d’origine. Il devient membre du bureau confédéral de la CGTU, au congrès de septembre 1933.
En 1935, il reçoit une délégation féminine qui a besoin d’aide pour l’organisation des luttes dans la haute couture parisienne. C’est là qu’il rencontre celle qui va devenir la compagne de sa vie, Germaine Chaplain avec laquelle il se marie le 27 janvier 1936. Ensemble, ils auront trois enfants : deux filles nées, en 1937 (Yvette) et 1938 (Jacqueline), et un garçon (Michel) en 1939.
Le Front Populaire et les luttes de juin 1936 lui permettent d’élargir ses dimensions de militant responsable. Il est élu au comité central du PCF. Par ailleurs, il écrit dans La vie ouvrière et dans Le peuple. Il est à l’aise avec tous les salariés, comme il l’est dans ses rencontres avec les intellectuels proches du Parti Communiste : Louis Aragon, Pablo Picasso, Henri Wallon, Paul Langevin, Frédéric Joliot-Curie.
En 1936, il signe avec les représentants du patronat les Accords de Matignon en 1936. En 1939, Eugène Hénaff est mobilisé et envoyé au front. La débâcle le surprend à Châlons-sur-Marne (Marne), en juin 1940. Les allemands le font prisonnier de guerre. En juillet, il s’évade grâce à la complicité de communistes locaux.
Il retourne aussitôt à Paris et, dans la clandestinité, milite pour la création de Comités Populaires dans les entreprises. Victime d’une trahison, la police l’arrête, le 20 octobre 1940. Il est interné successivement à Aincourt (Val d’Oise), à Fontevrault (Maine-et-Loire), à Clairvaux (Aube) et au camp de Choisel près de Châteaubriant (Loire-Atlantique), où se trouvent aussi le syndicaliste Victor Renelle (1888-1941) et le député communiste Charles Michels (1903-1941).
Il s’en évade, le 19 juin 1941, avec ses camarades Henri Raynaud, Léon Mauvais et Fernand Grenier. Reprenant sa place dans le combat contre les nazis, il assume, sous le nom de Denis, à la direction de l’OS (Organisation spéciale), les relations entre divers mouvements comme les Bataillons de la Jeunesse et la Main-d’œuvre Immigrée (MOI).
Il fait partie du Comité Militaire National qui devient, au printemps 1942, le Mouvement des Francs-Tireurs et Partisans. Germaine, sa compagne, après avoir mis les enfants en sécurité, s’engage elle-même dans la clandestinité après l’évasion d’Eugène. Elle est affectée auprès de lui comme agent de liaison et responsable de sa sécurité.
En 1943, la répression de la police française aux ordres de la Gestapo va en s’intensifiant. Eugène et Germaine, victimes d’une dénonciation, doivent quitter la région parisienne. Ils partent à Lyon. Là, on le désigne pour prendre la direction des syndicats clandestins de la Zone sud, ainsi que la liaison entre les FTP (Francs-Tireurs et Partisans) et la MOI.
Il poursuit à Lyon, le combat engagé à Paris. Il revient dès la libération de Paris et reprend ses activités civiles. Elu Secrétaire général de l’Union des Syndicats CGT de la Seine, il dirige grèves et manifestations avec André Tollet. Il participe à toutes les grandes batailles sociales de l’après-guerre.
Après de multiples infarctus, il meurt à l’âge de 62 ans, à Paris, le 28 octobre 1966. Il repose avec d’autres membres du Comité Central du PCF : Il repose avec d’autres membres du Comité Central du PCF : le député François Billoux (1903-1992), le journaliste Claude Cabanes (1936-2015), le député et directeur de l’Humanité, Etienne Fajon (1906-1991), le secrétaire général de la CGT, Benoît Frachon (1893-1975), le secrétaire général de la CGT de la Seine, le député Fernand Grenier (1901-1992) et le résistant et député Alfred Malleret, dit Malleret-Joinville (1911-1960).
Distinctions : chevalier de la Légion d’honneur (20 septembre 1946), médaille de la Résistance, croix de guerre 1939-1945.
Sources : Roger Boucheron (Roger) Rol-Tanguy, Editions Tallandier, 2004 ; Grenier (Fernand) Ceux de Châteaubriant, Editions sociales, 1971 ; Peschanski (Denis) Vichy 1940-1944, Archives d’Angelo Tasca, Editions du CNRS et coéditions Feltrinelli, 1986 ; Ouzoulias (Albert) Colonel André, Les fils de la nuit, Grasset, 1985 ; Linet (Roger) 1933-1943 La Traversée de la Tourmente, Editions Messidor, 1990 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2013-02-19.