Zeiza Gisèle Élise Taïeb voit le jour le 27 juillet 1927, à La Goulette, près de Tunis (Tunisie, alors française). Sa famille juive est modeste, sa mère séfarade, Fortunée Metoudi, dite Fritna, et son père d’origine berbère, Édouard Taïeb. Son père a commencé comme garçon de course dans un cabinet d’avocat avant d’être clerc de notaire.
Son père est si désolé d’avoir une fille qu’il met plusieurs semaines à l’avouer à ses amis mais il l’aimera passionnément. Elle dit de sa mère que celle-ci « ne l’aimait pas » et qu’elle est « l’explication de toute sa démarche », ayant « voulu que les femmes ne lui ressemblent pas ». Selon Le Maitron,
« le féminisme de Gisèle Halimi s’enracine dans la déception (et le récit qui lui en a été fait) suscitée par sa naissance auprès de parents qui espéraient un garçon.
Particulièrement fervente, sa mère marqua toujours sa préférence pour ses fils, tandis que son père, désarçonné par la détermination dont Gisèle Halimi fait preuve dès son plus jeune âge, ne cessa de lui porter une grande affection ».
Elle se révolte, dans sa famille, contre l’obligation faite aux filles de servir les hommes à table, y compris ses frères. Elle est aussi contre l’obligation de se consacrer à des tâches ménagères que ne font pas ses frères. À l’âge de treize ans, elle fait une grève de la faim pour ne plus faire le lit de son frère. Au bout de trois jours, ses parents cèdent. Elle écrit alors dans son journal intime : « Aujourd’hui j’ai gagné mon premier petit bout de liberté ».
Après l’obtention de son baccalauréat, elle refuse un mariage arrangé avec un marchand d’huile pour ses quinze ans. Elle obtient l’autorisation de suivre ses études en France l’année suivante. Elle obtient son diplôme d’avocat en 1948.
En 1949, à 22 ans, elle épouse Paul Halimi, administrateur civil au ministère de l’Agriculture. Ils auront deux fils, Jean-Yves, futur avocat, et Serge, futur directeur du Monde diplomatique.
Gisèle Taïeb prend alors le nom de Gisèle Halimi. Elle entre au barreau de Tunis pour plaider de petites affaires puis défendre des syndicalistes et des indépendantistes tunisiens. Elle poursuit ensuite sa carrière d’avocate à Paris où elle s’inscrit au barreau en 1955.
Dès les années 1950, Gisèle Halimi milite pour l’indépendance de son pays, la Tunisie, mais aussi pour celle de l’Algérie.
Bien qu’elle divorce en 1959, elle continue de porter le nom d’Halimi, sous lequel elle s’est fait connaître.
En 1960, elle prend la défense de Djamila Boupacha, militante du FLN, accusée d’avoir déposé une bombe dans un snack-bar d’Alger. En détention, des soldats français l’ont torturée et violée. Gisèle Halimi axe sa défense sur l’invalidité des aveux obtenus sous la torture. Avec l’accord de Djamila Boupacha, elle fait publiquement état de son viol et porte plainte contre X. Elle forme un comité de défense qui collecte les fonds nécessaires pour financer son rapatriement en France. On condamne à mort Djamila Boupacha, le 28 juin 1961. Mais des dispositions prises par les accords d’Évian permettent de l’amnistier et de la libérer, le 21 avril 1962.
Le 21 février 1961, elle se remarie avec Claude Faux, intellectuel et secrétaire de Jean-Paul Sartre, dont elle est l’amie et l’avocate. Le couple aura un fils, Emmanuel, représentant des étudiants en 1986 contre la loi Devaquet puis journaliste à Europe 1.
« Vivre avec un homme, quand on est déterminée à exister avec sa dignité de femme et à se battre pour celle des autres, le choix est très limité »,
confie Gisèle Halimi, très affectée par son décès qui survient en 2017.
En 1965, Marie-Thérèse Eyquem fonde le Mouvement démocratique féminin, affilié à la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste (FGDS). Gisèle Halimi, Madeleine Guilbert, Marguerite Thibert, Évelyne Sullerot… la rejoignent.
Gisèle Halimi est la seule avocate signataire, en 1971, du manifeste des 343 femmes qui déclarent avoir avorté et réclament le libre accès aux moyens contraceptifs et à l’avortement.
Le 29 mai 1977, la chaine FR3 l’interview. Dans le débat sur la criminalisation du viol, elle dénonce la culpabilisation faite de la victime et l’indulgence faite au violeur. Elle déclare :
« Une femme violée, c’est une femme cassée. C’est une femme éclatée, c’est une femme qui, à mon sens, ne s’en remettra jamais À cette criminalisation partielle, fruit de ce que l’historienne Séverine Liatard décrit comme « une législation qui avait pour but de protéger les familles atteintes dans leur honneur quand une des leurs était violée » ainsi que dans les cas d’enfants adultérins, s’ajoute la quasi-systématique requalification en atteintes à la pudeur des affaires. »
Dans ce procès Gisèle Halimi s’oppose à un des avocats de la défense, Gilbert Collard. L’ouverture du huis clos et la médiatisation du procès conduisent à la condamnation de six ans pour le meneur du viol collectif et de quatre ans pour les deux autres accusés.
Ce procès contribue à l’adoption de la nouvelle loi du 23 décembre 1980 de la sénatrice Brigitte Gros. Celle ci définit clairement l’attentat à la pudeur. Elle élargit la définition du viol en « tout acte de pénétration sexuelle, que quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte ou surprise ». Par la suite, Gisèle Halimi aide et soutient la cinéaste Yannick Bellon à produire le film L’Amour violé. Elle présente le film, à de nombreuses reprises, lors de débats sur le sujet.
En 1985, elle devient ambassadrice de la France auprès de l’UNESCO, une fonction qu’elle occupe jusqu’en septembre 1986. C’est, ensuite, la présidente du Comité des conventions et des recommandations de l’UNESCO, jusqu’en 1987.
Elle rejoint Jean-Pierre Chevènement pour les élections européennes de 1994, car son programme prend en compte la revendication paritaire. Mais la liste n’obtient que 2,4 % des voix. En 1995, Gisèle Halimi devient membre de l’Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes.
Gisèle Halimi meurt le 28 juillet 2020 à Paris, le lendemain de son 93e anniversaire. Elle était la marraine de Nicolas Bedos. Elle repose avec son époux, Claude Faux (1930-2017), urbaniste et intellectuel, et son fils, le journaliste Emmanuel Faux (1964-2022).
Sources : Le Maitron ; Wikipedia. Date de création : 2020-12-25.