Jean-Jacques Guizot voit le jour en 1789. Jean-Jacques, qui doit son prénom à son grand-père maternel, vit dans l’ombre de son frère. Il n’en a ni la vigueur d’esprit ni le tempérament conquérant. Tous deux, élevés et grandis ensemble, s’entendent parfaitement.
Décrit comme léger, fantasque et généreux, il est toujours protégé par son aîné. François Guizot écrit à sa mère en 1809 :
« Tu sais comme je l’aime… Il n’est rien que je ne fisse pour lui. Je le regarde comme mon enfant. »
Précisément, Jean-Jacques vit alors à Nîmes avec sa mère, chez les grands-parents Bonicel et, à vingt ans, il ne fait rien de bon, allant même jusqu’à se laisser pousser la barbe. Pour le sortir de là, Guizot lui trouve, en 1812, un poste à la Régie des tabacs.
Il s’installe alors à Paris, et, dépourvu de jalousie, s’extasie sur les succès de François :
« Sa place à la chaire d’histoire est assurée. M. de Fontanes le traite avec une grande distinction, tout le monde l’honore, ce n’est qu’un même murmure autour de lui. »
Dès lors, il ne quitte plus son frère, qui le place en 1815 au bureau des subsistances au ministère de l’Intérieur, puis le propulse, en 1819, sous-préfet de Saverne, et en 1820 de Marvejols. Révoqué en 1823 par la réaction ultra, il seconde son frère dans ses travaux d’édition et de traduction, car il lit l’anglais et l’allemand. Il est attentif auprès de son neveu et filleul François, très attaché à lui.
En 1826, il épouse Amélie Vincens, issue d’une famille protestante nîmoise, dont le père Émile fait une belle carrière au ministère du Commerce et au Conseil d’État. Sitôt la révolution de Juillet, François prend son frère avec lui au ministère de l’Intérieur comme chef du personnel puis le met au Conseil d’État comme maître des requêtes.
Le futur maréchal de Castellane le croque ainsi :
« C’était un brave garçon, petit et laid et bien ridicule. On ne l’appelait jamais que ‘J-J’. »
Après la mort de sa femme Eliza en 1833, Guizot s’appuie beaucoup sur Jean-Jacques et Amélie. En effet, ceux ci n’ont pas d’enfant et ils s’occupent beaucoup des siens.
Mais Jean-Jacques meurt le 25 février 1835, et Amélie dix-huit mois plus tard. Guizot ressent durement cette disparition. Allant dîner chez Émile Vincens en septembre 1837, il écrit à sa mère :
« Je n’entre jamais dans cette maison sans un serrement de cœur si amer ! Nous avions là deux créatures qui nous étaient si profondément attachées, dévouées, à vous, à moi, à mes enfants ! Et je ne puis aller prendre là mon pauvre frère, ni la bonne Amélie pour les emmener avec moi à la campagne ! ».
Il reposait avec Elisabeth Charlotte Pauline Guizot, née de Meulan (1773-1827), la femme du ministre, avant qu’elle ne soit transférée pour rejoindre son époux. Il reste avec son épouse née Alexandrine Amélie Vincens (1791-1836).
Extrait (de Theis (Laurent) : Guizot : La traversée d’un siècle, CNRS Editions) :
« Jean-Jacques est pour son frère aîné, François, l’objet d’une célèbre confusion historique. François Guizot est porté au Moniteur comme signataire de l’acte additionnel aux constitutions de l’Empire du 22 avril 1815. Or à la fin des Cent-Jours, au nom du parti libéral, il se rend à Gand pour porter à Louis XVIII « les conseils des royalistes constitutionnels ».
Sa visite à Gand, alors que la France est l’objet d’une seconde invasion, est le sujet d’amers reproches faits à François Guizot au cours de sa vie par ses opposants politiques, pour son manque de patriotisme. L’« Homme de Gand » est l’un des termes peu flatteurs utilisés contre lui pendant sa puissance. On l’accuse plus tard d’avoir donné sa signature à l’acte additionnel, puis, au retours de Gand, de s’être subrepticement introduit dans les bureaux du ministère, et d’avoir, par un pâté des plus importuns, rendu sa signature indéchiffrable.
En fait le signataire n’était pas François, mais Jean-Jacques, chef de bureau à cette époque au ministère de l’intérieur et qui est révoqué de ses fonctions dans le courant du mois de mai 1815. François a quitté ses fonctions de secrétaire général au ministère de l’intérieur dès le 20 mars 1815. La rectification officielle n’est publiée qu’en 1844, dans le Moniteur même où la confusion a d’abord été commise. »
Sources : Wikipedia. Date de création : 2015-02-19.
