Félix Guattari voit le jour le 30 avril 1930, à Villeneuve-les-Sablons (Oise). Proche de Jean Oury et de son frère Fernand, il travaille toute sa vie à la clinique de La Borde, haut lieu de la psychothérapie institutionnelle. Il suit longtemps le séminaire de Jacques Lacan, qui est son psychanalyste.
Il a prend ses distances avec le « lacanisme » au fil de sa collaboration avec Gilles Deleuze. C’est lui l’inventeur du mot « déterritorialisation ». Il tente de renouer avec l’inventivité première de la psychanalyse, et trouve quelques échos notamment dans la «pratique brésilienne».
Militant très à gauche, il soutient les minorités : les Palestiniens en 1976, les opéraïstes italiens en 1977, le processus de re-démocratisation du Brésil à partir de 1979, etc.
C’est l’un des promoteurs des radios libres dans les années 70. Il fait également partie du collectif de soutien à la candidature de Coluche pour la campagne présidentielle de 1981.
Extrait (de quoi ?) :
« Mais, pourquoi le nier, certains enjeux politiques nous tiennent à cœur, et surtout certains refus qui nous conduisent, à nos risques et périls, à nous engager dans certaines aventures plus ou moins risquées. Notre expérience des formes dogmatiques d’engagement et notre inclination irrépressible vers les processus de singularisation nous prémunissent – du moins le pensons-nous – contre tout surcodage des intensités esthétiques et des agencements de désir, quelles que soient les propositions politiques et les partis auxquels on adhère, fussent-ils les mieux intentionnés. Il n’y a d’ailleurs qu’à suivre la pente. Chaque jour se fraient sous nos yeux de nouvelles voies de passage entre les domaines autrefois cloisonnés de l’art, de la technique, de l’éthique, de la politique, etc. Des objets inclassables, des « attracteurs étranges » – pour paraphraser une fois de plus les physiciens – nous incitent à brûler les vieilles langues de bois, à accélérer des particules de sens à haute énergie, pour débusquer d’autres vérités. »
Félix Guattari ne croit pas qu’il soit possible d’isoler l’élément inconscient dans le langage ou de le structurer dans des horizons signifiants. L’inconscient au contraire se rapporte à tout un champ social, économique et politique.
Les objets du désir se déterminent comme réalité coextensive au champ social. La recherche radicale de Guattari a la capacité à donner une forme conceptuelle et pragmatique à des interrogations existentielles. Elle s’outille du côté de la psychothérapie institutionnelle et de la psychosociologie, dans un premier temps.
Puis Guattari se tourne vers des sémiotiques non limitées par l’effondrement des « lieux de parole », sensible depuis 1975. Enfin, il invente les « cartographies schizoanalytiques » et jette les bases de l’ « écosophie ». Il est à l’origine du «Centre d’Etudes, de Recherches et de Formation Institutionnelles» (CERFI, 1965-1987). Sa revue, Recherches, traite des approches amoralistes du travail, de l’école, des toxicomanies, des féminismes, des homosexualités …
L’analyse institutionnelle du Centre explore l’histoire de l’État (équipements collectifs, administration centrale…) et l’histoire sociale, de la classe ouvrière aux milieux marginaux.
Parmi les chercheurs du CERFI, on peut citer Anne Querrien, Numa Murard, François Fourquet, Liane Mozère… Ils ont traité de nosologie psychiatrique, théorie de la pédagogie, savoir de la petite enfance, urbanisme comme science ou « urbanologie », et enfin science économique.
Félix Guattari s’éteint le 29 août 1992, à la clinique de La Borde (Cour-Cheverny, Loir-et-Cher).
Sources : -. Date de création : 2009-01-03.