Sophie Victoire Alexandrine de Girardin voit le jour en 1763. C’est la fille du marquis de Girardin, chez qui Jean-Jacques Rousseau décède à Ermenonville (Oise), le 3 juillet 1778. Sophie épouse d’abord, en 1781, Alexandre de Vassy, marquis de Pirou (1755-1795), dont elle aura un fils Amédée (qui signe la déclaration de décès de sa mère).
Veuve, en 1803, elle se marie avec Chrétien André Guillaume de Bohm (1768-1824), dont elle aura deux enfants Léopold et Amélie. Sophie écrit à propos des évènements du 2 décembre 1804 : » Mes enfants jouent doucement près du feu, étonnés de voir notre isolement et de ma préoccupation. Léopold me dit avec effroi : « nous sommes seuls dans la maison, Maman, maman, reste avec nous; si tu nous quittes, nous pleurerons ».
Je cherche en m’occupant d’eux d’oublier ces heures suprêmes qui consacrent l’asservissement de la France. Napoléon s’établira sur ce trône, comme s’il succédait à un Roi, son père! » En 1789, Sophie se réfugie en Suisse. Revenue en France, on l’arrête à Senlis, le 15 août 1793. Elle est d’abord transférée à la prison de Chantilly. Puis à la fin de 1793, ou début 1794, on l’envoie à la terrible prison du Plessis à Paris.
Libérée, elle obtient la libération de ses parents. On la délivre le 14 fructidor (31 août), à la suite de la chute de Robespierre (27 juillet 1794). Elle écrit un des témoignages les plus poignants sur les prisons de la Terreur.
La comtesse décède le 21 avril 1845 à Paris. Elle repose avec son mari, le diplomate prissien, Christian Guillaume comte de Böhm (1768-1824).
Extrait (de l’Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l’Europe (1843-1846)) :
« Femme distinguée par son esprit, son instruction, sa politesse, la douceur de son caractère et l’élévation de ses sentiments. Mariée fort jeune au comte de Vassy, d’une ancienne et noble famille de Normandie, elle est présentée à la Cour par sa tante, la comtesse de Berchiny, l’une des dames de la princesse Sophie, tante du Roi Louis XVI. Elle est admise auprès d’elle en qualité de dame surnuméraire.
Vers cette époque, Madame de Staël, publia sur Jean-Jacques Rousseau, une lettre dans laquelle elle attribuait la mort de cet écrivain à un suicide. La jeune comtesse de Vassy crut devoir réfuter cette assertion. Sa réponse obtint la faveur de la cour de cette ville. Madame de Staël se montra fort piquée du succès de la noble dame.
Peu de temps après, Madame de Vassy, voyageant en Italie, est présentée à la cour de Turin, par l’ambassadeur de France, Monsieur de Choiseul-Meuse. Celui ci croit devoir la présenter comme femme de lettres.
« Tout au plus d’une lettre, Monsieur » réplique la comtesse qui est aussi modeste que spirituelle. Lorsque vient le temps des épreuves, durant la tourmente révolutionnaire, Madame de Vassy les subit avec un courage qu’on n’aurait pas attendu d’une nature aussi délicate; le séquestre est mis sur ses biens, elle se vit elle-même incarcérée comme suspecte et femme d’émigré.
Le comte de Vassy périt à Quiberon. Veuve depuis 1795, remariée sous le Consulat, au comte de Bohm, diplomate prussien, elle perdit son second mari et un fils plein d’espérances et de mérite, qu’elle a eu de cette nouvelle union. Madame de Bohm s’éteint doucement, entourée des consolations de la religion, dans les bras de son fils, le comte de Vassy, et de sa fille, la baronne de Baye, née Amélie de Bohm.
Elle a publié, en 1830, un volume plein d’intérêt, qui a pour titre : «Les Prisons en 1793, scènes et impressions». Mais les évènements de juillet 1830 détournèrent l’attention publique de la publication de Madame de Bohm. »
Merci à Ghislain Savary de Beauregard pour son aide dans la rédaction de cette notice.
Sources : Annuaire de la noblesse de France, Paris, 1843-1846. Date de création : 2009-04-28.