GÉRANDO Marie-Anne Suzanne, née baronne de RATHSAMHAUSEN, dite Annette (1771-1824)
France

Marie-Anne Suzanne de Rathsamhausen, dite Annette, voit le jour à Grussenheim (Haut-Rhin), le 31 mai 1771. C’est la fille de Léopold Evrard de Rathsamhausen (1728-1795) et de son épouse, Marie Suzanne Frédérique Lambert.

Sa famille est ruinée par la Révolution, mais elle est remarquable par la vigueur de son esprit qui tranche sur la condition imposée aux femmes à cette époque.

« Abandonnée à moi-même depuis la mort de ma mère (1789), je n’ai pas eu les ressources de l’éducation qu’elle eût été bien capable de me donner (sa mère avait été élevée à Saint-Cyr) … Mon ignorance en bien des choses est excessive ».

Elle partage son temps entre Grussenheim, où elle a une maison, et Colmar, avec les filles du poète, le baron de Berckheim. Les rejoignent les nièces de Dietrich, premier maire de Strasbourg, et la fille de la baronne d’Oberkirch.

Ce groupe forme une petite « société littéraire », présidée et dirigée par le poète. Les unes et les autres vont laisser des lettres, mémoires et journaux intimes. Elle s’enthousiasme pour la littérature allemande :

« Je lis avec ravissement quelques strophes, une ode de Klopstock. Lisez la Louise de Voss… Hermann et Dorothée de Goethe »

Elle lit aussi Kant et apprécie sa philosophie à laquelle elle initie son fiancé, Gérando qui y excellera. Sa foi catholique n’est pas entamée par le rationalisme de Pfeffel. Elle pratique la tolérance religieuse et s’indigne des proportions effrayantes prises par le paupérisme à Strasbourg en 1798 :

« Les riches sont si durs, si blasés… ».

Le 27 décembre 1798, elle épouse, à Riquewihr (Haut-Rhin), Joseph Marie de Gérando, alors réfugié à Colmar au régiment des Chasseurs à cheval. Elle suit ensuite la carrière de son mari, devenu en 1804 secrétaire général du ministère de l’Intérieur.

Elle reste en relations avec les « Illuminés d’Alsace » sous la Restauration. C’est un bel exemple de « double culture » et de la volonté justifiée d’émancipation féminine et spirituelle manifestée au sein du groupe de Pfeffel.

Elle décède à Thiais (Val-de-Marne), le 21 juillet 1824. Elle repose avec son mari, le philosophe et baron d’empire Joseph Marie Gérando (1772-1842).

Œuvres :

  • Lettres de la baronne de Gérando, née de Rathsamhausen, suivies de fragments d’un journal écrit par elle de 1800 à 1804, publiées par le baron de Gérando, son fils, Paris (1880).

Sources : Souvenirs d’Alsace. Correspondance des demoiselles de Berckheim et de leurs amis (1797-1846), Paris (1894) ; Th. Schoell, « Pfeffel et le baron de Gérando », in Revue d’Alsace, t. 47 (1896, p. 61-86) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. I (1909, p. 582) ; P. Leuilliot, L’Alsace au début de XIXe siècle, t. 3, Religions et culture, Paris (1960) ; M-J. Bopp, « Le groupe de Pfeffel », in Les Lettres en Alsace, Strasbourg (1962, p. 167-178). Date de création : 2024-12-17.

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Monument

Inscriptions : FAMILLE DE GERANDO

Marie Anne Suzanne baronne de RATHSAMHAUSEN, épouse de Joseph Marie baron de GERANDO, née le 31 mai 1771 à Grussenheim sur Rhin, décédée à Thiais Choisy-le-Roi le 10 juillet 1824.

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Date de la dernière mise à jour : 17 décembre 2024