Léon Beer Fould voit le jour le 5 mars 1767 à Boulay-Moselle, près de Metz (Moselle). Sa ville de naissance est alors la métropole religieuse des Ashkénazes lorrains. Il appartient à une modeste famille juive autorisée à résider à Nancy. Il se fait cireur de chaussures à douze ans, devant l’hôtel particulier de Cerf Berr. Le financier remarque l’enfant pour sa grande volonté d’apprendre. Selon le récit qu’en fait Alfred Cerfberr (descendant direct de la famille Cerf Berr) :
« Le banquier Cerf Berr de Medelsheim, grand seigneur et considéré comme tel à Nancy, est à l’origine de la fortune de Beer Léon Fould, qu’il trouve en train de cirer des chaussures dans la rue. En même temps, l’enfant apprend à lire et à écrire par lui-même. Cerfberr l’installe dans son hôtel, en fait un valet de chambre, puis un factotum, puis un caissier. Lorsque Léon Beer veut s’établir banquier à Paris, son bienfaiteur lui avance la somme de trente mille francs par trois fois. »
Ces trois prêts de Cerf Beer correspondent aux trois liquidations auxquelles Beer Léon Fould procède. Peu de temps après avoir ouvert sa première banque, Fould procède à une liquidation le 14 février 1799. Il y a 235 créanciers et 240 débiteurs, un passif d’environ 1 562 816 francs et un actif de 2 818 904 Fr. C’est ce que l’on appelle une fausse faillite. Fould laissant procuration à sa femme, il disparaît pendant quatre mois. Il fait alors acheter son hôtel par des hommes de paille. Cette première liquidation lui permet d’acquérir un second hôtel rue Bergère, le 21 septembre 1802.
En mars 1807, Léon Beer Fould se lance dans une activité industrielle avec un conglomérat de fonderies et de moulins près d’Avignon. Il lance des souscriptions auprès de banquiers pour créer la Compagnie des fonderies du Vaucluse. Les banques lui font confiance, mais en 1810, année désastreuse pour l’économie, 283 banques déposent leur bilan. Napoléon est prévenu que Fould laisse en souffrance, pour sa banque de la rue Bergère et dans le Vaucluse, environ trois millions d’engagements. Léon Beer Fould est encore au bord du gouffre, en 1831, avec l’implication de grandes banques étrangères. Sa troisième liquidation est la plus magistralement proche de la fausse faillite.
Mais Fould se fait réinscrire sur le registre des banquiers dès la fin de la deuxième tempête, le 30 mars 1826, et dès 1828, il achète le château de Rocquencourt (Yvelines). Son honorabilité n’étant plus en cause, il fait partie du cercle très fermé de la Haute-Banque, comprenant les huit banquiers les plus puissants.
Le parallèle entre Fould et Nucingen (banquier de l’œuvre de Balzac) est presque trop évident. Fould est employé à 12 ans chez Cerf Berr comme Nucingen chez Aldrigger. Il fait sa première liquidation et achète un second hôtel, comme Nucingen. Les activités industrielles de Fould et les mines du Worschin de Nucingen se ressemblent. Enfin, tous deux achètent un château après leur deuxième liquidation.
Tout porte à plaquer le vrai personnage sur celui inventé. Mais Balzac sait aussi que Fould a des jumeaux dans la finance : Georges Humann, Jacques Laffitte ou James de Rothschild, dont les opérations sont très voisines de celles de Fould.
Léon Beer Fould décède à Paris, le 13 mai 1855. Il est à l’origine d’une dynastie de banquiers parmi lesquels on compte son neveu, le baron Eugène Fould, son fils aîné Benoît Fould (1792-1858), son second fils, le banquier et homme politique Achille Fould (1800-1867), son troisième fils, Louis Fould (1794-1858), son petit-fils, le banquier et député, Adolphe Fould (1824-1875), fils d’Achille Fould, membre du Conseil d’Escompte de la Banque de France. Léon Beer Fould est aussi le grand-père de Cécile Furtado-Heine et l’arrière grand-père du député, Charles Achille Fould(1861-1926), le fils d’Adolphe.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2015-05-13.