Laurent Fignon voit le jour le 12 août 1960, à l’hôpital Bretonneau, à Paris (18ème). Son père est chef d’atelier dans une usine de tôlerie mécanique et sa mère femme au foyer. Ils vivent rue Davy dans le 17e arrondissement de Paris jusqu’en 1963, année durant laquelle ils déménagent à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne). Durant sa scolarité à Lagny-sur-Marne, il a Irène Frain comme professeur de français.
Il s’initie au cyclisme en 1975, en voyant des amis pratiquer. Laurent Fignon débute sur le vélo de marque Vigneron de son père. Il apprécie immédiatement ce sport et parvient à suivre ses amis plus expérimentés. En 1976, il prend sa première licence à la Pédale Combs-la-Villaise. Il participe à sa première course à Vigneux-sur-Seine et la remporte. Il en gagne trois autres durant cette saison.
Après plus de 50 victoires chez les amateurs, Laurent Fignon débute sa carrière professionnelle, en 1982. Il entre dans l’équipe Renault de Bernard Hinault, dirigée par Cyrille Guimard. D’emblée, il s’illustre au plus haut niveau. Il remporte le Critérium International et contribue au succès de Hinault dans le Giro. En 1983, il aide à nouveau Hinault à s’imposer dans une très difficile Vuelta.
Hinault en sort blessé au genou. Fignon démontre de grandes capacités sur une épreuve de 3 semaines, notamment en sauvant la victoire du champion breton. Ainsi, lorsque Hinault déclare forfait pour le Tour 83, Guimard aligne une équipe sans leader où tout est ouvert. Après une première partie de course très discrète, Fignon accompagne les meilleurs dans la première étape pyrénéenne. Il se hisse à la seconde place du classement général derrière Pascal Simon.
Malchanceux, Pascal Simon chute et se brise la clavicule. Fignon récupère le maillot jaune à l’Alpe d’Huez, conforte sa position en s’imposant dans le dernier contre la montre et remporte son premier Tour de France à 23 ans à peine. L’année 1984 le voit prendre les pleins pouvoirs dans l’équipe Renault après le départ de Hinault chez La Vie Claire. Hinault est convalescent et ne participe pas au Tour d’Italie. Fignon lutte face aux Italiens, notamment Francesco Moser qui aidé par l’organisateur, lui vole la victoire finale.
En effet, les organisateurs du Tour d’Italie 1984 modifient au dernier moment la 18e étape. Ils suppriment le col du Stelvio, haut de 2 758 mètres pour cause de neige – alors qu’il n’y en a pas -. Ceci facilite le parcours du favori italien Francesco Moser, théoriquement moins bon en haute montagne. Ensuite, lors de la dernière étape contre la montre du Giro, l’hélicoptère de la course vient se placer devant Fignon pour le gêner, tandis que Moser utilise des roues lenticulaires sur son vélo.
Laurent Fignon remporte, par la suite, le Championnat de France. Il se présente au départ du Tour de France 1984 avec le maillot tricolore et un statut de grand favori. Un statut que lui et son équipe vont honorer en trustant les victoires d’étapes. En montagne, il est intraitable lors de la dernière semaine, dans les Alpes. Hinault n’est plus qu’un faire-valoir, il tente des attaques désespérées qui seront raillées par un Fignon insolent de facilité. Il gagne ainsi son deuxième Tour de France, et on lui en prédit alors beaucoup d’autres.
En 1985, une douleur au tendon d’Achille le conduit sur la table d’opération. Elle le pousse à mettre sa saison entre parenthèses. En 1986, son équipe devient Système U et malgré un début de saison encourageant (victoire dans la Flèche Wallonne), il ne retrouve pas son niveau de 1984. Il abandonne donc le Tour de France. De nouveau blessé, il renonce à finir la saison. En 1987, on le croit de retour : 3e de Paris-Nice, il se hisse ensuite sur le podium du Tour d’Espagne (3e).
Son Tour 87 est plus inconstant : méconnaissable et anonyme en début d’épreuve, il parvient grâce à ses qualités de récupération à remporter la très difficile étape de La Plagne et à terminer 7e à Paris. En novembre 1987, son équipier et ami depuis ses débuts en 1975, Pascal Jules, se tue dans un accident de la route, évènement qui affecte son moral. Il joue la carte des classiques, en 1988, en s’adjugeant Milan-San Remo devant le jeune Maurizio Fondriest et terminant 3e de Paris-Roubaix.
Hélas, le Tour 88 est pour lui une catastrophe. Lâché par ses coéquipiers dans le contre-la-montre par équipe, il est contraint à l’abandon quelques jours plus tard. Un doublé dans Milan-San Remo ouvre sa saison 1989. L’Italie lui réussit à nouveau sur le Giro où il efface la déception de 1984 en remportant l’épreuve. Il se présente donc au départ du Tour 89 avec un statut de favori qu’il partage avec Pedro Delgado, le vainqueur sortant.
Delgado rate complètement le début de l’épreuve. Fignon assure l’essentiel dans le contre-la-montre par équipes remporté par son équipe, Super U, et dans le contre-la-montre individuel de Rennes. Mais il assiste à la résurrection de Greg LeMond. La suite du Tour est une passe d’armes permanente entre l’Américain et le Parisien, offrant un spectacle sportif anthologique. Fignon croit avoir effectué le plus gros du travail pour la victoire finale en reprenant le maillot jaune à l’Alpe d’Huez.
Mais l’incroyable se produit sur le pavé des Champs-Elysées à Paris lors de la dernière étape contre la montre. Greg LeMond arrache à Fignon pour 8 secondes la plus haute place sur le podium. Fignon, meurtri par cet échec qui lui semble une injustice (LeMond utilisait un guidon de triathlète), parvient à se remotiver pour les Championnats du Monde qui se courent à Chambéry.
À la tête d’une équipe de France forte de talents individuels mais peu soudée, il mène le groupe des favoris en poursuite dans l’ultime ascension de la Côte de Montagnole malgré la présence de Thierry Claveyrolat aux avant-postes. Sous une pluie battante, LeMond remporte le sprint à Chambéry. Malgré ce nouvel échec, Fignon profite de sa forme pour pulvériser le record du Grand Prix des Nations à Cannes. Au terme de cette année 1989, Fignon est premier au classement mondial FICP (ex classement UCI).
Jamais Fignon ne retrouvera son niveau de 1984 et 1989. Son Tour de France 1990 se solde prématurément par un abandon. Sa relation avec Guimard se dégrade en 1991. Guimard favorise le jeune Luc Leblanc au sein de l’équipe Castorama et ne confirme sa participation au Tour 91 qu’au dernier moment. Fignon affiche pourtant une condition très satisfaisante. Il termine l’étape pyrénéenne de Val-Louron derrière le trio qui constituera le podium : Miguel Indurain, Claudio Chiappucci et Gianni Bugno.
Une étape où le maillot jaune est porté par… Luc Leblanc. On le croit une nouvelle fois retrouvé. Sa traversée des Alpes est plus irrégulière. Il termine à la 6e place à Paris, une place derrière Luc Leblanc. Son conflit avec Guimard le pousse à quitter l’équipe et rejoindre Gianni Bugno chez Gatorade. Il remporte en 1992 une dernière étape dans le Tour de France à Mulhouse au terme d’une échappée solitaire.
Dans les Alpes, il joue à fond le rôle d’équipier pour Bugno, mais les choix tactiques de l’équipe mènent l’Italien à la déroute, notamment dans l’étape menant à l’Alpe d’Huez. En 1993, il abandonne dans le Tour de France. Il met un terme à sa carrière fin août, au terme du grand prix de Plouay. Sa carrière est entachée par deux contrôles antidopage positifs aux amphétamines : en 1987, lors du Grand Prix de Wallonie, et, en 1989, lors du Grand Prix d’Eindhoven.
Laurent Fignon reconnait le second contrôle positif mais non le premier. Il impute celui-ci à une guerre que se mènent les deux principaux laboratoires pharmaceutiques belges pour le monopole des contrôles en Belgique. Il se déclare farouchement hostile aux contrôles antidopage inopinés. À la fin de sa carrière sportive, Fignon se lance dans l’organisation d’épreuves cyclo-sportives et cyclistes.
Il organise notamment, par le biais de « Laurent Fignon Organisation », Paris-Nice et le Trophée des Grimpeurs en 2000 et 2001, avant de revendre les droits de Paris-Nice à Amaury Sport Organisation. En 2001, il crée également l’épreuve Paris-Corrèze qu’il organise jusqu’en 2010, avec l’ancien pilote automobile Max Mamers. En 1998, il crée l’enseigne Profica, une marque de vélos haut de gamme, avec Alain Prost et Jacques Cadiou, avant de la céder à Véloland quelques années plus tard.
La marque de distributeur « Laurent Fignon » est détenue par Auchan qui commercialise des vélos sous cette marque. De fin 1993 à fin 2003, il collabore à la chaîne Eurosport comme consultant sur le Tour de France, le Tour d’Italie, les grandes courses classiques et les championnats du monde de cyclisme sur route, aux côtés du journaliste Patrick Chassé. En 2004 et 2005, il devient consultant sur le Tour de France et la course Paris-Roubaix pour la Télévision belge francophone aux côtés de Rodrigo Beenkens.
L’année suivante, il rejoint le service public de France Télévisions. Il commente le Tour de France en 2006 en compagnie d’Henri Sannier et en 2007, 2008, 2009 et 2010 en compagnie de Thierry Adam sur France Télévisions. Par ailleurs, de septembre 2008 à juillet 2010, il est également consultant Europe 1 dans le Club Sports animé par Alexandre Delpérier, puis par Martial Ferndandez. Il révèle le 14 juin 2009 qu’il souffre d’un « cancer avancé » des voies digestives.
Il ignore si cela peut être lié aux « doses ridicules » de produits dopants qu’il a pris, « comme tout le monde », tout au long de sa carrière sportive. Six mois après le diagnostic, grâce aux traitements, la maladie semble se stabiliser, voire régresser. En dépit de cette épreuve, il assure pleinement son rôle de consultant du direct pour France Télévisions durant le Tour 2009. Mais la maladie s’installe au poumon puis à la gorge.
Lors du Tour 2010, la voix de Laurent Fignon est enrouée à cause d’une tumeur qui appuie sur un nerf. Ceci a pour conséquence un dysfonctionnement des cordes vocales. Selon ses proches, son état s’aggrave soudainement le vendredi 27 août 2010. Il succombe finalement le 31 août 2010 à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris (13ème), à l’âge de 50 ans. Le 3 septembre 2010, ses obsèques ont lieu en présence de diverses personnalités du monde sportif et des médias.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2011-05-19.