Adrien (Benjamin) Féline voit le jour le 6 mars 1793, dans une famille protestante. Celle ci avait dû quitter la France après la révocation de l’édit de Nantes. Mais elle est revenue au 18ème siècle pour fonder une maison de banque et a fait fortune. C’est le frère de Louis Féline (1790-1858), Philippe Féline (1797-1876), marié en 1847 avec Olympe Dutens.
Il est élève de l’École polytechnique (X 1813). Il appartient à la promotion qui sert dans une batterie contre les troupes russes, en 1814, à la barrière du Trône.
Après le retour de Bourbons en France, il renonce à l’École polytechnique pour entrer dans les gardes corps du roi. Au retour de Napoléon, il fait partie de l’escorte du roi jusqu’à la frontière. Revenu à Paris, il est exilé, à Cherbourg, pendant les Cent-Jours. Après l’abdication de Napoléon, il entre dans la cavalerie.
Le maréchal de Gouvion-Saint-Cyr, ministre de la guerre, veut recréer une armée. Il fait passer une loi permettant de rétablir partiellement la conscription par tirage au sort. Il crée aussi la règle de l’avancement des officiers à l’ancienneté pour les deux tiers. Adrien Féline écrit un mémoire, en 1818, sur le recrutement de l’armée et critiquant l’avancement à l’ancienneté et la faiblesse du recrutement en cas de guerre.
Il démissionne de l’armée, en 1820. En 1829, le tsar Nicolas impose au sultan de Turquie ses conditions de paix. Dans une pétition à la Chambre, Féline réclame un droit d’intervention. Il écrit que la France « doit se déclarer, non pas seulement aujourd’hui, mais pour toujours, le protecteur des nations menacées par la Russie ». Il répond ensuite au général baron de Richemont, membre de la Chambre des députés, qui a défendu une position opposée.
Féline est partisan de l’alliance avec l’Angleterre. Il participe aux journées de juillet 1830 contre les ordonnances de Charles X et s’engage à nouveau dans l’armée. Il est aide-de-camp du maréchal Gérard et participe au siège d’Anvers. De cette campagne date son amitié avec le duc d’Orléans.
Il est capitaine de cavalerie en 1831, cependant, jaloux de son indépendance, il donne sa démission en 1833. Il écrit plusieurs mémoires pendant le règne de Louis-Philippe. Dans la brochure Le ministère devenu communiste sur la question des voies de communication, en 1842, il dénonce le projet visant à « faire transporter toutes les marchandises au frais de la communauté ».
Féline revendique des transports à bon marché. Il critique Alexis Legrand qui a fait les plans du réseau de chemin de fer et qui dirige les ponts et chaussées. Il critique aussi les lenteurs de cette dernière et « l’insouciance des hommes qui n’ont de responsabilité ni pécuniaire ni morale ».
Après la révolution de 1848, Ledru-Rollin, bien qu’ayant hérité d’une fortune de ses parents et de sa femme, qualifie le capital d’infâme. Il lui répond par la Lettre de M. Capital à M. Ledru-Rollin.
En 1850, il publie une brochure quand l’assemblée législative étudie une loi modifiant le recrutement de l’armée présentée par le général d’Hautpoul, ministre de la guerre. Il commence cette brochure en affirmant une position de principe : « on n’est pas conservateur en étant immobile ». Il s’oppose à la possibilité du remplacement d’un homme contre de l’argent en conservant le principe que tout citoyen se doit à sa patrie.
Dans sa pétition, Projet de pétition demandant l’appel au peuple pour l’abrogation des art. 45 et 111 de la Constitution, il s’en prend aux articles interdisant le renouvellement du mandat de président de la République. Il est probable que ces articles ont conduit au coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte.
Puis, dans les brochures qui suivent, il revient sur le conflit avec la Turquie et sur l’indépendance des peuples (Pologne). Il publie, après 1860, plusieurs articles empreints des tendances économiques, philosophiques et sociales qui lui sont propres. Il présente plusieurs propositions sur la réforme du français.
Adrien Féline veut rendre l’enseignement de la lecture plus rapide aux illettrés des campagnes en créant un alphabet rationnel et phonétique de 35 lettres. Il propose de régulariser l’orthographe, réforme qu’il appelle l’écriture phonétique. Puis quand l’élève a pris l’habitude de la lecture dans cette écriture, on le fait passer progressivement à l’écriture usuelle.
C’est une évolution d’un alphabet idéologique vers un alphabet phonétique. Elle fait suite à plusieurs tentatives de François Urbain Domergue (1806), Nicolas Beauzée, Marle aîné (1809) qui a inventé un sistem de reform ortografic, Volney (1821), et Victor-Augustin Vanier (1829).
Ambroise Firmin Didot défend le système d’Adrien Féline. Il indique que le général Daumas a mis en pratique son système pour enseigner le français aux Arabes en Algérie.
Par contre, Edmond Texier le critique en l’accusant de semer l’anarchie en introduisant des fantaisies biscornues. Jean-Jacques Ampère le critique aussi car « effacer les signes étymologiques d’une langue, c’est effacer ses titres généalogiques et gratter son écusson ». On reproche à cette proposition d’orthographe phonétique de ne plus faire la différence, par exemple, entre sain, saint, sein, seing, cinq, ceint.
Julien Tell (Julien Aimable Telle) écrit dans Les grammairiens français depuis l’origine de la grammaire en France jusqu’aux dernières œuvres connues que l’alphabet proposé par Adrien Féline est le plus simple qui ait jamais été proposé. Mais il désapprouve ce système car il détruit toute la sagesse de l’écriture.
Adrien Féline décède le 8 février 1863. Il repose avec Jules Juillerat (1838-1876), capitaine d’état-major.
Publications :
- Quelques considérations sur le projet de recrutement, par un sous-lieutenant, imprimerie Renaudière, Paris (1818) ;
- Réflexions sur le projet de faire une fournée de pairs afin de changer la majorité de la Chambre (1827) ;
- Pétition présentée à la Chambre des Députés pour la prier de prendre en considération les événements de l’Orient et la guerre par laquelle la Russie menace l’indépendance de l’Europe, imprimerie de Gaultier-Laguionie, Paris (1829) ;
- Réponse aux mémoires du général Baron de Richemont sur la politique de l’Europe et les intérêts de la France, Delaunay, Paris (1829) ;
- Observations sur le projet de loi sur la garde nationale, offertes à la Chambre des députés, imprimerie de Gaultier-Laguionie, Paris (1830) ;
- De la pairie. Aux électeurs de 1831, imprimerie Dupont et Laguionie (1831) ;
- Des remontes et de l’administration des haras, dans Spectateur militaire (1832) ;
- De l’action de la caisse d’amortissement appliquée aux crédits extraordinaires, dans Association polytechnique. Compte rendu trimestriel, juillet p. 61-62 (1832) ;
- Situation actuelle des départements de l’Ouest, examen critique du système suivi par le ministère et proposition de mesures nouvelles destinées à y rétablir l’ordre, chez Paulin, Paris (1833) ;
- Mémoire sur les encouragements à accorder aux entreprises de chemins de fer, par Adrien Féline, Levrault, Paris (1837).
Distinctions : croix de Juillet.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2019-12-16. Inscriptions : Cherchez les choses d’en haut où le Christ est assis à la droite de DIEU.