Charles Marie Dulac voit le jour le 26 novembre 1866, à Paris (11ème). Son père, Balthasar, est commerçant et sa mère d’origine alsacienne.
Extrait (d’In Memoriam, Paris 1899, par Henry Cochin) :
« Dulac fut peintre par vocation. Dès son enfance, alors qu’il suivait en élève dissipé, les cours de l’école primaire, il ne prenait plaisir qu’aux lignes et aux couleurs. Il dessinait naturellement et ne songeait qu’à dessiner. Son goût ne fut pas contrarié : il suivit les cours de l’École des Arts décoratifs.»
Il entre en apprentissage chez un peintre décorateur d’appartement, puis dans une maison de papiers peints et enfin comme peintre de décors à l’atelier de Jean-Baptiste Lavastre. Il travaille alors à l’Opéra de Paris et dans différents théâtres.
Parallèlement, il commence à peindre pour lui-même, essentiellement des natures mortes. Il fréquente les ateliers de peintres comme Adrien Karbowsky (1855-1945), Ferdinand Humbert (1842-1934), Henri Gervex (1852-1929) et Alfred Roll (1846-1919). Plus tard, vers 1890, il fréquente l’atelier de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) et d’Eugène Carrière (1849-1906).
Mais il est victime d’une intoxication au plomb due à l’emploi de la céruse lors de ses années de décorateur. Elle provoque une profonde crise morale et religieuse. Il séjourne à plusieurs reprises au monastère de la Pierre-qui-Vire, proche de Vézelay (Yonne).
Extrait (d’In Memoriam, Paris 1899, par Henry Cochin) :
« Jusqu’à la crise […] Dulac n’a pas vraiment commencé sa carrière artistique. Il a formé son œil et sa main ; aujourd’hui il se sent emporté par la vraie, la définitive vocation. […] Ce qu’il veut désormais, le voici : c’est honorer Dieu dans la beauté de ses créatures. Par les formes de la nature, il cherche la pensée créatrice. Il étudie la nature avec plus de fidélité que ne peut y mettre un réaliste, puisqu’il voit en elle l’œuvre de la main divine ».
Charles Marie Dulac expose au Salon de 1889 puis, en 1890, au Salon des indépendants et au Salon du Champ-de-Mars. Il y obtient une bonne critique.
Il rejoint la Société de Saint-Jean pour le développement de l’art chrétien. Fondée en 1839 par Henri Lacordaire, c’est une fraternité d’artistes chrétiens soucieux de renouveler toutes les disciplines artistiques. Henry Cochin en est un président très actif à partir de 1894, et c’est aussi un intime de Dulac. Il le soutient, l’expose, achète et fait acheter ses toiles par ses amis.
Henri Dulac participe au Salon des Indépendants, en 1893, avec six toiles, dont des paysages de neige, et les Ruines du château de Saint Cloud. Au Champ de Mars, il présente trois toiles en 1893, deux en 1894, trois en 1897, ainsi que trois gravures et en 1898, quatre petites toiles italiennes.
Il s’épanouit, dans les années 1892-1894, dans la lithographie. Celle-ci enthousiasme J.-K. Huysmans qui s’en fait le chantre dans La Cathédrale (1898). L’essentiel de son travail réside dans deux albums : Suite de paysages, en 1893, et Le Cantique des Créatures, en 1894.
Puis il commence une série plus religieuse, le Credo, qu’il ne peut achever pour des raisons de santé. L’ensemble de ces œuvres est exposé en 1896, à la galerie Le Barc de Bouteville, avec un catalogue écrit par Henry Cochin.
A partir de 1896-1897, il cesse d’exposer et voyage en Italie, cultivant sa passion pour l’art italien primitif et se soignant à la chaleur méditerranéenne. Il peint alors de nombreuses petites toiles représentant des vues d’Assise, Ravenne, Florence, Fiesole… qu’il envoie à ses proches pour payer son voyage.
Il séjourne aussi dans des couvents et il écrit de nombreuses lettres à ses amis, Cochin, Pierre Roche… Sa correspondance sera publiée par les soins de la Société de Saint Jean, en 1904.
La dégradation de son état de santé et son désir de rencontrer Huysmans le font rentrer à Paris. Il est devenu depuis quelques années membre du Tiers-Ordre franciscain. C’est revêtu de sa robe de bure qu’il meurt chez sa mère le 29 décembre 1898. Il n’a que 32 ans !
Huysmans rend alors un vibrant hommage à celui avec lequel il pensait pouvoir fonder une communauté d’artistes mystiques à Ligugé (Vienne) :
« Dulac était l’espoir mystique de la peinture de notre temps. […] Etant donné l’état d’imbécilité et de ruse dans lequel croupit l’art religieux moderne, la perte de ce pur artiste désarçonne. »
Une exposition posthume est organisée par ses amis et collectionneurs chez Ambroise Vollard, en avril 1899. Elle réunit une centaine de tableaux et lithographies.
Sources : Marguillier (Auguste) dans la Gazette des beaux-arts d’avril 1899 ; Jumeau-Lafond (Jean-David) Les peintres de l’âme (1899) ; Wikipedia. Date de création : 2108-05-11