Du PONT AUBEVOYE André Charles Théodore, marquis d’OYSONVILLE (1784-1862)
France

portrait par Gabriel Lepaule - Collection privée

André Charles Théodore du Pont Aubevoye marquis d’Oysonville voit le jour le 7 mai 1784, à Bocé (Maine-et-Loire). C’est le fils d’une famille noble de l’Anjou qui compte dans ses rangs le général Dupont d’Aubevoye, comte de Lauberdière (1759-1837), baron de l’empire et son oncle. Marin de grande valeur, il fait les campagnes de Martinique, de Guadeloupe.

Le 4 avril 1833, il commande « Le Superbe », qui quitte Toulon pour rejoindre l’escadre du Levant à Smyrne (aujourd’hui Izmir, Turquie), où il arrive le 23. C’est un trois-mâts, « bon marcheur et d’une belle tenue », « le plus joli vaisseau de la Flotte française », construit à Anvers de 1809 à 1814 sur les plans de l’ingénieur naval Jacques Noël Sané. Long de 56 mètres et large de 15, pour un équipage de 570 marins et fusiliers, il jauge 3. 000 tonneaux et porte 74 canons.

En route vers Smyrne, il doit croiser « Le Luxor » qui rapporte l’obélisque dont le pacha égyptien Mehmed Ali a fait cadeau à la France. L’usage de l’époque prévoit l’hivernage des navires de guerre. Au début de décembre, la corvette « La Cornélie » doit faire le détour par Salonique pour embarquer les rescapés du naufrage d’un navire de commerce et qui est partie le 9. Puis « Le Superbe » et « La Galatée » reçoivent du contre-amiral Hugon l’ordre de quitter leur mouillage et de le rejoindre à Nauplie où l’Escadre du Levant se prépare pour rentrer passer l’hiver à Toulon.

Les deux bâtiments sortent donc de la rade de Smyrne le samedi 14 décembre 1833, peu après 8 heures, juste derrière deux frégates américaines, et, presque aussitôt, affrontent un fort vent de nord-est qui dégénère bientôt en une violente tempête. Ils sont immédiatement séparés. De son côté, « La Cornélie », prise plus au nord dans l’ouragan, est rabattue vers Paros, puis va se réfugier en Crète.

Hugon s’inquiète encore de son sort après Noël. « Le Superbe » est poussé entre Tinos et Mykonos, ses voiles se déchirent. Le vaisseau dégarni voit Paros, mais ne parvient pas à rejoindre le port fortifié de Naoussa. Il est emporté jusqu’à Parikia, dont il n’a pas de cartes précises. Le mât de beaupré se brise, tuant un matelot. Puis un autre mât casse.

Le 15 décembre, vers 16 heures, le navire, mouillé sur deux ancres, par une erreur du pilote qui a lancé sans ordre celle de tribord, et balloté par d’énormes vagues, talonne un rocher. Il gîte à bâbord, la carène défoncée et menace de se briser en deux. Le commandant d’Oysonville fait preuve d’un grand courage. Il harangue ses hommes paniqués et leur interdit de quitter le bord avant qu’on ne trouve un moyen sûr d’abandonner le navire. De plus, il menace d’exécuter les récalcitrants.

Il fait tirer quatre coups de canon pour ameuter les villageois. Témoin du drame, le consul britannique, Petros Mavromatis, évoque « des vagues monstrueuses ». Un second-maître d’équipage, Guigoux, accepte malgré cela de tenter de rejoindre la terre à la nage pour chercher du secours. Il y parvient, mais la tempête est trop brutale pour mettre des caïques à la mer.

Le commandant ordonne alors de lancer des filins attachés à des barils vides, en espérant que le vent les pousse vers la côte pour qu’on puisse tracter le navire. L’idée échoue, comme la tentative d’un officier, Maisonneuve, de tirer un câble avec un canot. Finalement, on met à la mer la grande chaloupe, au prix d’énormes efforts.

Elle emmène environ 120 hommes, mais se casse en accostant. Des radeaux de fortune en sauvent chacun une soixantaine d’autres. Et un pêcheur grec héroïque réussit à faire quatre allers et retours avec son caïque, sauvant ainsi une centaine de matelots de plus. Les quelque 150 derniers marins devront leur salut, le 17 décembre, au retour subit du beau temps.

L’agent consulaire Condilly (Nicolas Kondylis) coordonne efficacement l’aide aux naufragés : la France le remerciera en le nommant à vie. Hormis le marin écrasé par la chute du mât de beaupré, seules huit victimes sont à déplorer, toutes noyées pour avoir tenté de s’en sortir par leurs propres moyens. Les neuf corps sont enterrés près de la rive, au cap Delphini.

Au témoignage de d’Oysonville lui-même, l’accueil des Pariotes est très hospitalier. Ils vêtent les marins et les réchauffent puis ils les hébergent pendant toute une semaine. Il faut s’imaginer ce que représente l’irruption de ces centaines d’hommes dans un village à peine plus peuplé. Il faut d’ailleurs faire venir des vivres de Syros.

On met la semaine à profit pour repêcher six petits canons, au prix de gros efforts. Puis, le 26, l’équipage, tambour en tête, gagne Naoussa où l’attend depuis la veille le « Ville-de-Marseille ». A Nauplie, après le nouvel-an, on répartit les hommes entre « L’Iphigénie », « Le Duquesne » et « La Galatée ». Cette dernière s’en est sortie en se réfugiant dans la baie de Cervi, à Elafonissos (Laconie).

Tous arriveront à Toulon le 26 janvier 1834. A également réchappé à la tempête, le brick-aviso de dix canons « La Flèche ». Le lieutenant de vaisseau Alphonse Odet-Pellion le commande, ce qui lui vaudra de devenir vice-amiral en 1858. Partie d’Izmir le même jour que « Le Superbe », la frégate américaine du commodore Paterson, a bien failli périr elle aussi. Drossée sur le rivage d’Andros, sans plus de voiles ni de mâts, un coup de vent la renfloue miraculeusement, puis l’emporte vers Milos.

Il reste en service dix années encore puis s’éteint à Paris, le 2 novembre 1862.

Distinctions : chevalier (18 aout 1814), officier (22 mai 1825), commandeur de la Légion d’honneur (30 avril 1833).

Sources : Ecole Navale / Espace tradition / Officiers célèbres ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2009-12-15.

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Monument

Inscriptions :

De profundis.
André Charles Théodore, du PONT AUBEVOYE, Ms d’OYSONVILLE, son père, décédé le 2 novembre 1862. Priez pour son âme.

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Date de la dernière mise à jour : 19 octobre 2024