Manu Dibango, surnommé Papagroove ou Papa Manu, nait le 12 décembre 1933 à Douala (Cameroun). Ses parents sont protestants. Son père, Michel Manfred N’Djoké Dibango, est fonctionnaire, de l’ethnie Yabassi, et sa mère est couturière à la maison, de l’ethnie Douala.
C’est dans la chorale du temple, dont sa mère est occasionnellement professeur, qu’il est initié au chant. Le gramophone parental lui fait découvrir surtout la musique française, américaine et cubaine. En effet, les marins de ces pays débarquent dans le port de Douala avec leurs disques.
Sa scolarité commence par l’école du village et se poursuit à « l’école des blancs », où il obtient son certificat d’études. Son père l’envoie poursuivre ses études en France.
Au printemps 1949, il débarque à Marseille, où il est accueilli par son « correspondant » M. Chevallier, sévère instituteur de Saint-Calais (Sarthe). C’est dans la famille d’accueil qu’il passe son adolescence et découvre la culture française.
Son autobiographie Trois kilos de café rappelle qu’il est arrivé avec dans son sac 3 kilos de café, denrée rare et chère à cette époque, pour payer ses premiers mois de pension. Ensuite, il étudie à Chartres, puis à Château-Thierry au début des années 1950. Il y découvre le jazz, joue de la mandoline et y apprend le piano.
Lors d’un séjour dans un centre de vacances réservé aux enfants camerounais résidents en France, à Saint-Hilaire-du-Harcouët, il découvre le saxophone emprunté à son ami Moyébé Ndédi et y rencontre Francis Bebey. Ce dernier lui apprend les bases du jazz et ils forment un petit groupe.
Mais c’est à Reims, où il prépare le baccalauréat philo, qu’il s’initie vraiment au saxophone et commence à se produire dans les « boîtes » et les bals de campagne, au grand dam de son père, qui lui coupe les vivres en 1956, lorsqu’il échoue à la seconde partie du brevet.
Différents contrats le mènent à la fin de l’année 1956 en Belgique, où il joue dans des orchestres dans des clubs privés, des cabarets. A Bruxelles, il fait la connaissance d’une artiste peintre et mannequin, Marie-Josée dite Coco, qu’il épousera en 1957.
Il est notamment chef d’orchestre dans la boîte bruxelloise les Anges Noirs. C’est la boite que les politiciens et intellectuels congolais, en pleine négociation pour l’indépendance de leur pays, fréquentent. C’est là qu’il rencontre le Grand Kallé, qui l’engage dans son orchestre.
Ils enregistrent plusieurs disques qui remportent le succès en Afrique (notamment Indépendance Cha Cha) et font une tournée au Congo Léopoldville en août 1961. Le couple Dibango prend en gérance l’Afro-Negro à Léopoldville, où Manu lance le twist en 1962 avec le titre Twist A Léo.
En 1963, à la demande de son père, il ouvre son propre club au Cameroun, le Tam Tam. C’est un échec financier à cause du couvre-feu imposé pendant la guerre civile. Si bien qu’il revient en France en 1965.
En 1967, Manu Dibango trône à la tête de son premier big band. Il crée et développe son style musical, novateur et urbain et découvre le rhythm and blues. Il participe à une série d’émissions télévisées, Pulsations, dont le producteur est Gésip Légitimus.
Manu Dibango entre alors en relation avec Dick Rivers et Nino Ferrer, vedettes ayant aussi participé aux émissions de Légitimus. Il joue de l’orgue Hammond pour Dick Rivers pendant six mois, puis Nino Ferrer l’engage. Ce dernier le fait jouer de l’orgue, puis du saxophone quand il s’aperçoit qu’il sait jouer de cet instrument. Puis il lui donne la direction de l’orchestre.
En 1969, son album afro-jazz Saxy Party produit chez Mercury (Philips) le fait renouer avec le succès.
Le 4 décembre 1977, il anime la cérémonie du sacre de l’empereur Bokassa. Dans les années 1980, il trouve un accord financier avec Michael Jackson pour l’utilisation de sa chanson dans l’album Thriller. Mais ce dernier autorise, par la suite, Rihanna à utiliser la musique de Dibango pour le titre Don’t Stop the Music. Celui ci fait la conquête des Etats-Unis et lui vaut d’y faire une tournée.
Ses accents africains passionnent les musiciens noirs des deux Amériques, du nord au sud. Dans les années 1980, il accompagne notamment Serge Gainsbourg. Dans les années 1990, il revisite le patrimoine de la chanson de plusieurs artistes africains. Il est nommé « grand témoin de la Francophonie » aux Jeux olympiques d’été de 2016.
En 1992, Yves Bigot lui propose d’enregistrer Wakafrika. C’est un album de reprises de grands tubes africains avec de grands artistes africains et des musiciens internationaux. L’album, dont George Acogny assure la réalisation et Philippe Poustis la production exécutive, paraît dans le monde entier.
Manu Dibango côtoie Youssou N’Dour sur Soul Makossa, King Sunny Adé sur Hi-Life, Salif Keïta sur Emma, Angélique Kidjo et Papa Wemba sur Ami Oh !, Peter Gabriel, Sinéad O’Connor, Dominic Miller, Manu Katché…. Le single Biko (avec Alex Brown, Peter Gabriel, Ladysmith Black Mambazo, Geoffrey Oryema et Sinéad O’Connor) est remixé à Atlanta par Brendan O’Brien.
En 1997, Dibango crée le festival Soirs au Village (titre d’une de ses chansons) dans la ville qui l’a accueilli, Saint-Calais (Sarthe). Ce festival a lieu tous les ans depuis. En 2001, il est invité par Werrason pour une collaboration dans la chanson humanitaire Croix-Rouge de l’album Kibwisa Mpimpa avec la chanteuse Nathalie Makoma. Le chanteur guadeloupéen Luc Léandry l’invite, en 2000, sur le titre Bondié, extrait de son album Peace and love.
En 2007, Manu Dibango est le parrain de la vingtième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision d’Ouagadougou. Le 3 février 2009, Manu Dibango décide d’attaquer les maisons de disques de Michael Jackson et de Rihanna (Sony BMG, Warner et EMI) pour avoir utilisé sans autorisation le thème de Soul Makossa. Le tribunal, le 17 février 2009, le déboute sur la forme. Finalement la procédure se solde par un arrangement financier à l’amiable.
Le 8 septembre 2015, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, Michaëlle Jean, nomme Manu Dibango « grand témoin de la Francophonie ». Le 2 juillet 2016, il passe en vedette au premier Jazz Festival de Port-Barcarès. Manu Dibango est aussi animateur de radio durant 20 ans sur Africa Radio.
Il participe au concert « Libérez Mandela » à la Fête de l’Humanité, en 1985. Il est aux côtés de Salif Keïta, Max Roach, Eddy Louiss et Bernard Lubat. En septembre 2018, suite à la démission de Nicolas Hulot, il signe une tribune contre le réchauffement climatique. Celle ci paraît en une du journal Le Monde, avec pour titre L’appel de 200 personnalités pour sauver la planète.
Manu Dibango meurt le 24 mars 2020 à l’hôpital de Melun, des suites de la Covid-19. Manu Dibango a deux fils, Michel (qui a travaillé de longues années avec son père), James (artiste et musicien sous le nom de James BKS23) et deux filles, Marva et Georgia.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2020-12-25.