Achille (François) Déum voit le jour le 5 juillet 1860. C’est le fils de Victor Isidore Déum, scieur de long, et de son épouse, Rose Alexandrine Bardy, manouvrière.
Titulaire du brevet élémentaire en 1881, il devint instituteur dans des établissements privés laïques, puis est nommé, en 1892, instituteur adjoint à Asnières, où il dirige l’école de la rue Parmentier, à partir de la fin de la décennie.
Il s’active beaucoup pour inciter les instituteurs à se grouper pour défendre leurs intérêts matériels et moraux mais aussi promouvoir une pédagogie active en faveur des valeurs républicaines.
Il contribue ainsi à Saint Nicolas, journal illustré pour les garçons et les filles. De plus, il écrit Maximes en actions, en 1890, et Régal, en 1891. Certaines strophes de sa production sont citées dans des banquets républicains :
« Ils diront que l’école où tout le monde est admis,
D’où l’on exclut toutes les haines,
Est le temple où l’on a des amis,
Où l’on cultive les vertus républicaines. »
Il publie aussi des récitations pour le cours élémentaire comme Jardin de Bébé où il conclue sur les vertus du travail et de la patience.
Rédacteur en chef du Bulletin des associations pédagogiques, il s’implique en faveur de la mutualité scolaire. C’est aussi un soutien actif du projet de contre-assurance universitaire d’Émile Bourgeois. Il intervient alors devant la Société d’enseignement supérieur qui le présente comme « un de ceux en qui on pouvait avoir le plus de confiance pour amener un rapprochement fructueux entre les trois ordres d’enseignement ».
En pleine Affaire Dreyfus et alors que le gouvernement est devenu dreyfusard, il obtient la permission du ministre de l’Instruction publique, Georges Leygues, d’organiser à Laon (Aisne) un congrès national des amicales d’instituteurs, en août 1899. Ce dernier doit venir participer à cette réunion pour l’inauguration d’un monument en hommage à trois instituteurs de l’Aisne fusillés par les Prussiens en 1870, mais il ne peut le faire.
Il dirige avec « beaucoup d’autorité et d’entrain » les débats qui ne sortent « à aucun moment du domaine de la pédagogie et du programme soumis au ministre ». Les résolutions adoptées concernent les amicales :
- De la nécessité des amicales d’instituteurs et d’institutrices et des moyens propres,
- Des rapports entre les amicales, bases d’une entente commune,
- Coopération universitaire pédagogique.
mais aussi les questions pédagogiques :
- Suppression ou refonte profonde du certificat d’études primaire,
- Esprit et programme de l’enseignement de l’histoire,
- De l’organisation pédagogique des écoles à plusieurs classes.
et des questions diverses :
- Réduction de l’engagement décennal,
- Avancement des retraites des instituteurs et institutrices,
- Nomination du personnel enseignant et déplacement d’office,
- Indemnités de direction et de résidence…
Tous ces sujets sont discutés lors d’un congrès des assises amicales à Paris en 1900, lui aussi autorisé par le ministre, à l’occasion de l’Exposition universelle. Membre puis président de l’Union des institutrices et instituteurs publics de Paris et de la Seine, Achille Deum prend une part importante dans la préparation de ce congrès et le congrès lui même.
Il meurt le 15 juillet 1901, sans voir mises en pratique les conclusions de ce congrès. Il était l’époux d’Angéline Victorine Quale.
Après son décès, il est couvert d’éloges par ses collègues et par les représentants des autorités de l’Instruction publique. Édouard Petit, inspecteur général et membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique, le cite comme :
« un des artisans les plus convaincus et les plus heureux du rapprochement qui s’est opéré entre les instituteurs qui, avant son intervention, avaient ébauché en province, la formation de Sociétés isolées, éparses, s’ignorant, se méconnaissant même », une figure des « vrais missionnaires de l’idée républicaine dans l’école ».
Ferdinand Buisson loue en lui :
le modèle de « l’homme capable de guider et d’élever les enfants d’une démocratie, esprit sûr, cœur haut, regard clair, pensée lumineuse et parole chaude », un instituteur « choisi par ses pairs mais qui savait se comporter avec l’administration, avec le ministre même », conversant d’égal à égal avec eux, « sans que rien ne manquât ni à la déférence due aux pouvoirs publics ni au tact qui s’impose dans une assemblée, ni aux nuances délicates dont est fait le savoir-vivre ».
Distinctions : officier d’académie (février 1901).
Sources : DEUM Achille – Maitron. Date de création : 2023-10-28.