Pierre François Marie Auguste, 2e comte Dejean, voit le jour le 10 août 1780, à Amiens (Somme). C’est le fils aîné de Jean-François Aimé Dejean (1749-1824) et d’Alexandrine Marie Elisabeth Le Boucher d’Ailly. Auguste suit comme son père la carrière des armes, tout en montrant un goût prononcé pour l’ornithologie et l’entomologie.
Il entre au service en 1795, comme aide-de-camp provisoire de son père, et fait cette campagne et celles de 1796 et 1797 aux armées du Nord et de Sambre-et-Meuse, puis celle de 1801 à l’armée de réserve en Italie, celle de 1804 et partie de celle de 1805 à l’armée des côtes de l’Océan. Passé à la Grande Armée, il combat à Austerlitz le 2 décembre 1805, et passe, le 13 février 1806, du grade de chef d’escadron au 9e régiment de dragons.
Puis il devient colonel, du 11e régiment de la même arme. Il se trouve, en 1808, aux batailles d’Eylau et de Friedland, à celle d’Alba de Termes, le 28 novembre 1809, à l’affaire de Buçaco (Portugal), le 27 septembre 1810, et aux batailles de Fuentes de Onoro (Espagne) en 1811 et de la Moskowa en 1812.
Il est général de brigade le 6 août 1811. Le 8 mai 1811, le baron Dejean est présenté à Bonaparte comme député du département de l’Aude.
Il est désigné comme candidat au Corps législatif par ce département le 8 mai 1812, mais il n’y est pas nommé par le Sénat conservateur. L’année suivante, il prête serment comme aide-de-camp de Napoléon. Il se trouve aux batailles de Lützen (Allemagne), Wurschen (=Bautzen, Allemagne), Wachau (Autriche), Leipzig et Hanau.
En 1814, il participe à celles de Brienne, Montmirail, Vauchamps, Craonne et Arcis-sur-Aube, pendant la campagne de France. Napoléon le nomme, le 23 mars 1814, lieutenant-général de cavalerie. Il doit s’opposer à la capitulation de Paris, mais il n’y arrive qu’après la reddition. Il est confirmé dans son grade de lieutenant-général par le roi le 23 juin.
Au retour de Bonaparte de l’île d’Elbe, le baron Dejean reprend auprès de lui ses fonctions d’aide-de-camp. Il est alors commissaire extraordinaire dans les départements de la Somme et du Nord. Divers rapports qu’il fait pendant cette mission ont été imprimés dans le pamphlet intitulé Portefeuille de Bonaparte saisi à Waterloo, dont rien ne garantit l’authenticité.
Après avoir rempli cette mission, il rejoint l’armée. Il se trouve aux batailles de Ligny et de Waterloo (où Dejean est le premier aide-de-camp de Napoléon). Au second retour de Louis XVIII, le général Dejean se trouve compris dans la seconde liste de l’ordonnance royale du 24 juillet. Obligé de sortir du royaume par une autre ordonnance du 17 janvier 1816, il se retire en Allemagne.
Il parcourt alors la Styrie, la Croatie et la Dalmatie, au grand profit de sa collection d’insectes. En 1818, son père obtient pour lui, de Louis XVIII, l’autorisation de rentrer en France. Le 14 juin 1824, le lieutenant-général Dejean est admis à siéger dans la Chambre des Pairs, à titre héréditaire, en remplacement de son père, décédé le 12 mai 1823. Il devient donc comte et Pair de France.
Le comte Dejean fait partie de la minorité libérale et prête serment au gouvernement de juillet. Il prend fréquemment la parole à la Chambre haute, sur la loi électorale, sur la loi municipale, contre l’abolition de l’hérédité de la pairie, sur l’avancement dans l’armée de terre (1832). Nommé membre du comité de cavalerie en 1840, il intervient aussi sur les pensions militaires, sur la remontre de la cavalerie et sur le projet de loi de recrutement de l’armée (1843). Entre-temps, ayant repris le service actif, il commande la cavalerie, lors de l’expédition d’Anvers de 1832.
Entomologie :
Grand spécialiste des coléoptères et plus particulièrement des Carabidae, il assemble la plus grande collection privée jamais réalisée. Il reçoit des spécimens de tous les coins de la planète et son catalogue final dénombre 22 000 espèces identifiées.
Il emploie Jean-Baptiste Alphonse Dechauffour de Boisduval (1799-1879) comme conservateur de sa collection. Une anecdote indique la ferveur de Dejean pour ces animaux : lors de la bataille d’Alcanizas en Espagne, Dejean doit donner l’ordre de l’attaque lorsqu’il remarque un coléoptère posé sur une fleur.
Il descend alors de cheval, le ramasse et le pique au fond de son chapeau. Il remonte sur son cheval et remporte la bataille après un dur combat. Son chapeau a été déchiqueté par des tirs ennemis, mais il a la satisfaction de retrouver intact son insecte.
Son catalogue a soulevé de nombreuses polémiques car il ne respecte pas la règle linnéenne de l’antériorité :
« Je me suis fait une règle de toujours préserver le nom le plus généralement utilisé, et non pas nécessairement le plus ancien. »
Il est l’auteur de nombreuses publications qui couvrent de très nombreuses espèces. Le plan initial de son Species Général des Coléoptères de la Collection de M. le Comte Dejean est ambitieux. Il souhaite, en effet, couvrir la totalité des coléoptères connus alors qu’il doit se limiter à décrire ceux de sa collection. Les cinq premiers des six volumes sont de sa main. Le comte Dejean préside la société entomologique de France en 1840.
Il demande 50 000 francs pour sa collection, somme que le Muséum national d’histoire naturelle de Paris est incapable de réunir. Après avoir refusé une offre du roi de Prusse, il met en vente sa collection et la disperse. Plusieurs entomologistes, comme Maximilien de Chaudoir (1816-1881) ou Charles Oberthür (1845-1924), en acquièrent des parties. On trouve aujourd’hui, dans plusieurs muséums, dont celui de Paris, des morceaux de la collection originelle.
Il décède le 17 mars 1845, à Paris, au 17 de la rue de l’Université. Il repose avec son père, le comte Jean-François Aimé Dejean (1749-1824), général et ministre, et avec ses fils, Pierre Charles, vicomte Dejean (1807-1872), général de division, et Dieudonné Marie Louis, baron Dejean (1809-1884), lieutenant-colonel de cavalerie.
Publications :
- Catalogue des coléoptères de la collection de M. le Comte Dejean (1802, 1833 et 1836) ;
- Species général des Coléoptères (sept volumes, 1825-1839, in-8) ;
- avec Pierre André Latreille Iconographie des Coléoptères d’Europe (1822) ;
- avec Charles Nicolas Aubé et Jean-Baptiste Alphonse Dechauffour de Boisduval, Histoire naturelle et iconographie des Coléoptères (1829) ;
- Observations sur l’ordonnance de 1829 relative à la cavalerie (1838).
Distinctions : officier (11 juillet 1807, après Friedland), commandant (3 novembre 1813), grand-croix de la Légion d’honneur (14 avril 1844), chevalier de Saint-Louis (septembre 1814).
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur) ; Wikipedia. Date de création : 2015-03-17.