Philippe Daudet voit le jour le 7 janvier 1909. C’est le fils de l’écrivain, journaliste et militant royaliste Léon Daudet, le petit-fils de l’écrivain Alphonse Daudet (1840-1897) et le neveu de l’homme de lettres Lucien Daudet (1878-1946). Il décède dans des circonstances mystérieuses, le 23 novembre 1923, à l’âge de 14 ans. Sa mort suscite de vives polémiques entre l’Action française et les anarchistes, la police et le gouvernement républicain.
Jeune fugueur, Philippe Daudet se présente sous un faux nom à Georges Vidal, l’administrateur du «Libertaire» (quotidien anarchiste) le 22 novembre 1923. Il lui confie sa sympathie pour l’anarchisme. Il lui fait aussi part de son intention de commettre un attentat contre Raymond Poincaré (président du Conseil), ou Alexandre Millerand (président de la République). Le lendemain, il reformule ses désirs d’assassinat politique à Le Flaouter, libraire anarchiste, pornographique et indicateur de police.
Ce dernier tente de l’en dissuader, lui demande de revenir dans l’après-midi et prévient le Contrôleur Général Lannes, beau-frère de Poincaré, de la Sûreté Générale de ses intentions. Le 24 novembre 1923, vers 16 heures, le taxi 7657 E dans lequel se trouve Philippe Daudet s’arrête brusquement sur le boulevard Magenta, à hauteur du 126, après avoir entendu un coup de feu. Le chauffeur constate que son client a été atteint d’une balle à la tête.
Philippe Daudet décède deux heures plus tard à hôpital Lariboisière, anonymement. Son père, Léon Daudet, reconnaît le cadavre le surlendemain. Apprenant la mort tragique de son fils il aurait déclaré : « il nous aura tout fait, celui-là ! » La Sûreté Générale conclut très vite à un suicide, mais Léon Daudet ne croit pas à cette thèse.
Ayant été l’objet de différentes menaces, il croit plutôt à un complot anarchiste. En effet, il a lui-même été la cible d’un attentat en février de la même année. De plus, la jeune anarchiste Germaine Berton prévoyait d’assassiner Léon Daudet, mais c’est son collègue de l’Action Française Marius Plateau (secrétaire général du mouvement) qui est tué.
L’autopsie ne permet pas de tirer de conclusion définitive sur ce qui a causé la mort du jeune Daudet. Ceci déclenche la colère de Léon Daudet qui écrit de nombreux articles dans «L’Action française». Il y dénonce la Sûreté Générale, le chauffeur de taxi, Bajot, le libraire, Le Flaouter (qui est aussi l’ancien amant de Germaine Berton) et même le gouvernement républicain.
Ces attaques confuses lui causent des ennuis judiciaires. Certains pensent qu’un agent de la Sureté aurait pu le tuer lors de son interpellation. Ainsi, Léon Daudet reçoit une plainte en diffamation de la part du chauffeur de taxi Bajot. On le condamne à 5000 francs d’amende et à cinq mois de prison.
Après une reddition spectaculaire, on l’incarcère à la Prison de la Santé le 13 juin 1927. Grâce à l’intervention des Camelots du roi (avec un faux coup de téléphone), il parvient à s’évader. Il s’enfuit en Belgique. Suite à cette évasion rocambolesque, la presse française ridiculise le ministère de l’Intérieur et la Sûreté Générale. Daudet sera gracié par le président du Conseil, Edouard Daladier, le 30 décembre 1929, et il rentrera en France.
Si l’affaire Philippe Daudet suscite d’autres procès, la mort du jeune homme ne sera jamais élucidée. Les autorités maintiennent la thèse du suicide, mais la famille Daudet et l’Action française ont toujours maintenu qu’il s’agissait d’un meurtre à caractère politique ou d’un complot impliquant leurs adversaires anarchistes ou républicains.
Les anarchistes se sont très tôt dissociés de l’affaire, prétextant n’avoir jamais été en contact avec Philippe Daudet avant la journée précédant sa mort. Par ailleurs, rien ne permet d’accréditer la thèse du complot républicain. Mais il est certain que Léon Daudet est dérangeant. Il vient d’être élu député de Paris et il a provoqué la démission de certains ministres par ses articles incendiaires. Ce fait divers donne lieu à de multiples publications, dont un ouvrage de sa mère, Marthe Daudet.
Philippe Daudet décède le 24 novembre 1923. Il repose avec sa mère, Marthe Allard-Daudet (1878-1960), journaliste à «l’Action française», sous le pseudonyme de «Pampille», et autrice de divers ouvrages de mode et de cuisine; et son demi-frère Charles Daudet (1892-1960), que Léon Daudet a eu de Jeanne Hugo. Au Père Lachaise, reposent également son grand-oncle, l’écrivain Ernest Daudet.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2009-07-14.