Marie Marthe Desinge voit le jour en 1868, à Paris. Elle épouse en 1890 Jules Crespin, fils de Jacques François Crespin fondateur du Palais de la nouveauté. Le magasin est alors la propriété de Dufayel mais Jules Crespin en dirige un des départements. Une fille verra le jour de cette union.
D’un caractère bien trempé, bien loin des critères de son époque, l’intrépide « Amazone » décide de se lancer dans les sports de l’extrême : alpinisme, parachutisme et luge. Elle invente même une nouvelle discipline : la descente en parachute-nacelle. Douée d’un sens de l’humour, d’un sourire magnétique qui fait vibrer tous les hommes, la gent masculine la trouve irrésistible. Elle se fait appeler Crespin du Gast.
Elle se passionne très vite pour les courses automobiles. Elle participe en 1901 au Paris-Berlin où elle se classe 30ème sur 154 concurrents, tous masculins. Son mari, Jules Crespin, l’accompagne bien souvent dans ses compétitions en tant que co-pilote. Elle enchaîne ensuite les exploits jusqu’en 1904 où l’Automobile Club de France (ACF) l’exclut de la compétition sous prétexte de «nervosité féminine» (sic).
Si elle suscite l’admiration, surtout auprès des femmes, Camille du Gast choque et dérange dans une époque où une femme au volant est presque immorale. Elle rejoint en cela la duchesse d’Uzès, première femme à obtenir son permis de conduire et, aussi, à avoir écopée d’une contravention pour excès de vitesse.
Surnommée la « Walkyrie de la Mécanique », elle participe à des courses de bateaux jusqu’en 1905. Elle échappe de justesse à la mort, lors du désastre de l’épreuve Alger-Toulon, en 1905. Elle arrête alors ses aventures sportives.
A partir de 1906, elle réalise plusieurs missions au Maroc, mandatée par le gouvernement français. A partir de 1912, elle se consacre exclusivement à la défense des animaux. Elle devient présidente de la SPA et le restera jusqu’à sa mort.
Camille combat notamment pour l’abolition de la corrida. Camille du Gast est également l’une des animatrices du refuge pour les chiens errants fondé en 1903 par Gordon Bennet. C’est aussi une féministe soucieuse de l’avancée des droits des femmes et de leur émancipation. C’est ainsi qu’elle intervient dans l’ouvrage Cinquante-ans de féminisme : 1870-1920 publié par la Ligue française pour le droit des femmes, en 1921, avec le texte Le rôle des Sports dans la victoire féministe.
On lui doit aussi la création de centres pour les orphelins et les femmes dans la pauvreté. Elle continue son œuvre même pendant l’occupation allemande et jusqu’à sa mort survenue en 1942, à Paris. Elle repose avec son beau-père, Jacques François Crespin (1824-1888), fondateur du Palais de la nouveauté.
Publications :
- «A deux doigts de la mort», dans la revue «Je sais tout» du 15 février 1905 (rubrique «Elégances» !), dans lequel elle relate la fameuse course Paris-Alger ;
- «Ce que m’a dit le Rogui», paru dans la même revue en 1909, qui est la chronique de sa traversée du Maroc à cheval.
Sources : -. Date de création : 2009-04-22.