Caroline Louise Victoire Courrière, dite Berthe de Courrière, voit le jour à Lille (Nord), en juin 1852. Elle monte à Paris à vingt ans pour conquérir le monde. Elle y devient la maîtresse du général Boulanger, de plusieurs ministres et hommes politiques. Auguste Clésinger, sculpteur et gendre de George Sand, la remarque et tombe sous le charme de ses formes opulentes.
Elle est très charpentée, avec une stature de « forte femme », très haute et très ronde. Ceci lui vaut les surnoms de « La grande dame » ou « Berthe aux grands pieds ». Elle ne tarde pas à succomber à ses appels. Clésinger en fait son modèle pour Marianne (aujourd’hui au Sénat), et pour la statue colossale de La République de l’Exposition Universelle de 1878.
Lorsqu’il meurt, en 1883, Berthe devient sa légataire universelle et se retrouve à la tête d’une belle fortune. En 1886, elle rencontre Rémy de Gourmont qui fait ses débuts en littérature. Elle lui commande une étude sur le défunt Clésinger. Puis elle devient rapidement sa maîtresse et son égérie.
De Gourmont s’installe chez elle, d’abord rue de Varennes, puis N° 71 rue des Saints Pères, jusqu’à sa mort en 1915. On réunira, en 1921, les lettres passionnées qu’envoie de Gourmont à sa belle pendant l’année 1887, en un volume sous le titre Lettres à Sixtine (1921). Elle sera également l’héroïne de Sixtine, roman de la vie cérébrale (1890), puis du Fantôme (1893).
Rémy de Gourmont présente Berthe à Joris-Karl Huysmans en 1889, qui en fera le modèle du personnage de Madame Hyacinthe Chantelouve dans son roman Là-bas (1891). Berthe est férue d’occultisme et se livre à des expériences et des cérémonies d’un goût douteux. Elle se trouve mêlée à une affaire de messe noire qui manque mal tourner et qui lui vaut un séjour d’un mois dans un asile psychiatrique.
Le 8 septembre 1890, la police la retrouve à Bruges (Belgique), presque nue, à proximité de la maison d’un chanoine, recteur de la Chapelle du Saint-Sang et exorciste réputé, Louis Van Haecke. Elle entretient des rapports, en outre, avec un ex-abbé défroqué Joseph-Antoine Boullan, interdit et excommunié comme hérétique. Berthe de Courrière est très perturbée et passablement déséquilibrée.
On l’interne une seconde fois à Bruxelles (Belgique), en 1906. Au comble de la rage, elle écrit contre Charcot un violent opuscule, Néron prince de la science. C’est une réaction normale de la haine vouée parfois par les patients à leur psychiatre. Elle a une passion maladive pour le clergé et les ecclésiastiques, qu’elle s’efforce de séduire par tous les moyens possibles.
On affirme l’avoir vue sortir de son sac des hosties pour les jeter à des chiens errants. Elle vit dans un intérieur digne du bric-à-brac le plus hétéroclite composé de chasubles, nappes d’autel, objets du culte, cierges etc… Berthe de Courrière meurt le 14 juin 1916, à Paris. Elle repose avec le sculpteur Jean Baptiste, dit Auguste, Clesinger (1814-1883), et l’écrivain, Rémy de Gourmont (1858-1915).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2005-12-21..