Denis Cordonnier voit le jour le 30 septembre 1893, à Saint-Amand-les-Eaux (Nord). Il est issu d’une famille de sept enfants dont le père exerce la profession d’instituteur. Il effectue de brillantes études aux lycées de Valenciennes et de Lille puis à la faculté de médecine de cette ville.
Dès 1910, avec Roger Salengro, il anime un groupe socialiste d’étudiants lillois. Mobilisé comme médecin auxiliaire, il fait toute la guerre de 1914-1918 au front. Blessé, il est deux fois cité à l’ordre de l’armée. Deux de ses frères, officiers, sont tués à l’ennemi.
Après l’armistice, il poursuit sa formation professionnelle : interne des hôpitaux à Lille, médecin légiste à l’Université de Paris, chef de travaux à la faculté de médecine de Lille. Médecin conseil à la Bourse du travail de Lille, il occupe un poste d’administrateur à la caisse « Le Travail ».
Dans l’exercice de ses fonctions il rencontre la détresse et prend la mesure des ravages causés par l’alcoolisme. Il aura plus tard, en tant que parlementaire, l’occasion d’amplifier son action sociale. Pour l’heure, il débute une carrière politique locale. Elu conseiller municipal de Lille aux élections de 1929, il devient adjoint au maire, Roger Salengro. Celui ci le charge de l’hygiène et de la santé. Puis il se fait élire conseiller général de Lille-Est en 1937.
A nouveau mobilisé en 1939, comme médecin, il est fait prisonnier à Calais en mai 1940. On le libère, comme médecin, et il participe immédiatement à la lutte contre l’occupant et le régime de Vichy. Naturellement, il ne figure pas dans le nouveau conseil municipal nommé fin 1940. Arrêté par la Gestapo en août 1942, il passe dans les geôles allemandes ses onze mois de captivité à Loos (Nord).
Dès son élargissement, Denis Cordonnier prend le maquis. Responsable civil du comité français de libération nationale pour le département du Nord, il devient maire de Lille le 2 septembre 1944. Denis Cordonnier préside de nombreux organismes ou associations : office d’HLM, associations d’anciens combattants et victimes de guerre, déportés et résistants …
Aux élections du 21 octobre 1945, pour la première Assemblée nationale constituante, c’est le second d’Auguste Laurent dans la 2ème circonscription du Nord (Lille). Denis Cordonnier occupe cette même place aux élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale constituante ainsi qu’à celles de la première législature de la 4ème République, le 10 novembre 1946.
Il s’intéresse essentiellement aux questions de santé publique. A ce titre il dépose des propositions concernant :
- un fichier sanitaire et social de la prostitution (13 mars et 4 avril 1946),
- le dépistage et la déclaration des cas de tuberculose pulmonaire (11 juillet, 8 août et 18 septembre 1946),
- la lutte contre l’alcoolisme (3 octobre 1946),
- le sort des aveugles et grands infirmes auxquels il souhaite assurer un minimum vital (30 juillet et 28 août 1946).
Au cours de la première législature de la 4ème République, Denis Cordonnier accomplit un travail parlementaire considérable. Sa proposition de loi déposée le 6 février 1947, relative au minimum vital à assurer aux aveugles et aux grands infirmes, deviendra la loi du 2 août 1949, dite « loi Cordonnier ».
Très présent en séance, le député du Nord intervient dans les domaines de compétence des deux commissions auxquelles il appartient. Toujours membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique, Denis Cordonnier préside à nouveau celle de l’intérieur.
Malgré les atteintes de la maladie qui doit l’emporter, il poursuit son œuvre législative, spécialement en faveur des aveugles et des grands infirmes. Le 2 août 1951, il dépose une proposition de loi pour modifier la loi du 2 août 1949.
Il souhaite également faciliter la vie quotidienne des aveugles par la création d’une bibliothèque nationale Braille (sa proposition de loi du 5 juin 1952) et par l’exonération de la taxe téléphonique (son rapport du 9 juillet 1952 sur la proposition de résolution de Joseph Denais).
Il dépose de nouvelles propositions concernant la lutte contre l’alcoolisme, les maladies professionnelles et les accidents du travail. Enfin le 4 décembre 1951, il intervient sur le budget de la santé publique et de la population pour 1952.
Denis Cordonnier décède le 5 octobre 1952. Le 7 octobre 1952, le président Herriot annonce son décès à l’Assemblée nationale et prononce son éloge funèbre.
Sources : -. Date de création : 2009-07-10.