Sidonie Gabrielle Colette est une des personnalités les plus courues par les visiteurs de la nécropole. La légende prétend que la tombe est fleurie par les chats du cimetière. Tendre ingénuité pour celle qui est sa vie durant, en harmonie avec la nature et la gente féline (Régis Dufour Forrestier).
Sidonie Gabrielle Colette nait à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), le 28 janvier 1873, et y passe toute son enfance. En 1893, après son mariage avec Henri Gauthier-Villars dit Willy, elle monte à Paris. Elle y publie ses premiers romans qui connaissent une fortune égale à l’indignation qu’ils suscitent. L’identité du véritable auteur de la série des «Claudine», demeure encore aujourd’hui un mystère : Willy ? Colette ?
Dès son divorce prononcé en 1906, Colette écume les scènes de music-hall. Elle s’y produit dans des spectacles de danses et de mimes. Elle s’exhibe dans des tenues dont la légèreté rappelle les mœurs des petits bourgeois qui, dans Nana de Zola, entretiennent la demi-mondaine.
Son inclinaison naturelle pour la plus grande des îles de l’Egée orientale et sa confrérie religieuse vouée au culte d’Aphrodite, l’ont orienté vers la colonie saphique de Paris. Après une liaison tapageuse avec Mathilde de Morny dite Missy, fille du frère adultérin de Napoléon III, elle incarne pour les philistins le symbole de la dégénérescence aristocratique, et pour la société ultra machiste du début du siècle, l’incarnation du scandale et de l’inacceptable effronterie et immoralité du sexe prétendu faible.
Au sortir de cette période trouble, elle épouse Henri de Jouvenel. Avec lui, elle connaît les joies et les désillusions de la maternité avec sa fille, «Bel-Gazou». Elle se consacre dès lors à la critique dramatique dans le journal «le Matin».
En 1935, elle rencontre celui qui devient son troisième mari, Maurice Goudeket. Elle s’installe alors au cœur de Paris, dans le Palais Royal. Colette disparaît le 3 août 1954, en pleine gloire. La France endeuillée lui offre des obsèques nationales, avec exposition de son catafalque au Palais Royal.
L’unité de l’œuvre de Colette repose essentiellement dans la recherche de la vérité, celle des êtres et celle des sentiments. Elle s’inspire de sa vie et de ses propres faiblesses pour façonner l’originalité de ses personnages. Colette aborde le thème de l’adolescence et de ces déboires dans L’ingénue libertine (1909) ou Le blé en herbe (1923).
Elle traite de l’ambiguïté des liens amoureux dans Retraite sentimentale (1907), Duo (1943), mais aussi dans Chéri (1920) et dans La fin de Chéri (1926), romans d’un grand réalisme psychologique. Dans Sido (1930), Colette exprime son admiration pour sa mère et célèbre son pays natal, la Bourgogne.
L’ensemble de son œuvre retrace la poursuite d’une sérénité intérieure, soucieuse de réaliser pleinement sa nature profonde.
Extrait (de Les vrilles de la vigne) :
« Je veux faire ce que je veux. Je veux jouer la pantomime, même la comédie. Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique. Je veux me retirer dans une île, s’il me plaît, ou fréquenter des dames qui vivent de leurs charmes, pourvu qu’elles soient gaies, fantasques, voire mélancoliques et sages, comme sont beaucoup de femmes de joie.
Je veux écrire des livres tristes et chastes, où il n’y aura que des paysages, des fleurs, du chagrin, de la fierté, et la candeur des animaux charmants qui s’effraient de l’homme… Je veux sourire à tous les visages aimables… Je veux chérir qui m’aime et lui donner tout ce qui est à moi dans le monde : mon corps rebelle au partage, mon cœur si doux et ma liberté ! »
Elle repose avec sa fille, l’écrivaine Colette de Jouvenel (1913-1981).
Distinctions : chevalier (25 septembre 1920), officier (5 novembre 1928), commandeur (21 janvier 1936), grand-officier de la Légion d’honneur (30 mars 1953).
Sources : Association Les amis de Colette ; Bertrand (Régis), Groud (Guénola) Patrimoine funéraire français, Cimetières et tombeaux, Editions du patrimoine, CNM, 2016, page 209 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2005-10-05.