Patrice Chéreau voit le jour le 2 novembre 1944, à Lézigné (Maine-et-Loire). C’est le fils cadet de Jean-Baptiste Chéreau, artiste-peintre, et de Marguerite Pélicier.
Il entre au lycée Louis-le-Grand et rejoint la troupe de théâtre de l’établissement. Ensuite, il obtient une licence d’allemand avant de se consacrer définitivement à la scène. En 1966, à 22 ans, il prend la direction du Théâtre de Sartrouville. Il s’engage alors dans un théâtre politique où il affiche des positions affirmées.
En 1965, il met en scène L’Héritier de village de Marivaux puis, d’Eugène Labiche L’Affaire de la rue de Lourcine. Puis il assure la mise en scène des Soldats de Jakob Michael Reinhold Lenz, en 1967. Celle ci reçoit le Prix du Concours des Jeunes Compagnies.
Il s’entoure du décorateur Richard Peduzzi, de l’éclairagiste André Diot et du costumier Jacques Schmidt pour monter deux pièces chinoises (La Neige au milieu de l’été et Le Voleur de femmes). Celles ci marquent les esprits pour leurs décors mélangeant plates-formes, poulies et passerelles. La faillite, en 1969, du Théâtre de Sartrouville le pousse vers l’Italie. Il intègre le Piccolo Teatro de Milan, à la demande de Paolo Grassi.
Simultanément, il se met en scène, à Marseille, dans Richard II de William Shakespeare. Il monte également une nouvelle version de Don Juan de Molière, à Lyon. De 1971 à 1977, il dirige, avec Roger Planchon et Robert Gilbert, le Théâtre national populaire de Villeurbanne auquel il donne de nouvelles ambitions, proches des idéaux de mai 68.
Il y met notamment en scène Le Massacre de Paris de Christopher Marlowe où la scénographie et les lumières animent une série de tableaux baroques sur la nuit de la Saint-Barthélemy. En 1973, il monte La Dispute de Marivaux au Théâtre de la Gaîté.
En 1976, à la demande de Pierre Boulez, il met en scène, à Bayreuth, les quatre opéras de la Tétralogie. Sa mise en scène, transpose le mythe des Nibelungen, dans le 19ème siècle industriel et capitaliste. Elle provoque un scandale lors des premières représentations. Puis elle le rend célèbre sur le plan international. Elle est finalement saluée par quatre-vingt-cinq minutes d’applaudissements, lors de la dernière représentation, le 26 août 1980.
En 1979, Pierre Boulez fait à nouveau appel à lui pour la mise en scène de Lulu d’Alban Berg. Leur collaboration fait encore date.
Héritier de Bertolt Brecht pour la notion de distanciation et d’art engagé ou d’Antonin Artaud pour l’idée de théâtre de la cruauté, Patrice Chéreau franchit une étape décisive dans la représentation théâtrale.
Par ailleurs, il invente donc un cinéma singulier, sensible à certaines recherches stylistiques et oscillant entre grand spectacle flamboyant et intimisme.
Son premier long métrage, La Chair de l’orchidée, adapte avec liberté, en 1974, le roman éponyme de James Hadley Chase. Son deuxième film, en 1978, Judith Therpauve avec Simone Signoret, très dense et ancré dans une réalité sociale contemporaine, semble pourtant être son œuvre la moins aboutie.
En 1982, il met en scène sur deux soirées Peer Gynt d’Henrik Ibsen au Théâtre de la Ville qui révèle Dominique Blanc, son actrice fétiche.
De 1982 à 1990, il dirige le Théâtre des Amandiers à Nanterre. En 1983, avec Combat de nègre et de chiens, de son ami Bernard-Marie Koltès, il fait connaître l’œuvre. Puis il monte Les Paravents de Jean Genet en farce sulfureuse, utilisant la salle comme extension de la scène. Il alterne ensuite le classique (Marivaux, Mozart…) et le contemporain (Heiner Müller, Koltès…), s’amusant à malmener la noblesse du 18ème siècle (Lucio Silla, La Fausse Suivante, Quartet).
Il reste néanmoins un acteur, interprétant Camille Desmoulins dans Danton d’Andrzej Wajda et Napoléon dans Adieu Bonaparte de Youssef Chahine.
En 1983, il réalise son film le plus personnel, L’Homme blessé, qui dérange pour sa peinture désenchantée d’une époque puis par l’évocation d’une crise d’identité sexuelle. Pour ce film, il obtient, avec Hervé Guibert, le César du meilleur scénario original en 1984.
En 1987, il présente au Festival de Cannes Hôtel de France, transposition du Platonov de Tchekhov dans une époque moderne. L’année suivante, il montre au Festival d’Avignon sa mise en scène d’Hamlet de Shakespeare. Celle ci fait date pour la prestation de Gérard Desarthe et pour l’inclusion de musique contemporaine. Il récompensé par un Molière en 1989.
C’est à cette époque que Pascal Greggory devient son compagnon et l’un de ses acteurs fétiches. En 1990, il quitte le théâtre des Amandiers. Il se consacre alors à l’opéra (Wozzeck, de Berg, 1993 ; Don Giovanni, de Mozart, 1994) et à la préparation du film La Reine Margot, tiré d’un roman d’Alexandre Dumas.
L’œuvre reçoit deux récompenses à Cannes, en 1994 : le prix du Jury et le prix d’interprétation féminine pour Vi A Lisi dans Catherine de Médicis. Puis, l’année suivante, elle gagne cinq trophées lors de la cérémonie des Césars dont ceux de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani et des meilleurs seconds rôles féminin et masculin pour Vi A Lisi et Jean-Hugues Anglade.
En parallèle, il met en scène à l’Odéon, Le Temps et la Chambre de Botho Strauss puis une nouvelle version de Dans la solitude des champs de coton, de Bernard-Marie Koltès, en 1995.
En 1998, il réalise Ceux qui m’aiment prendront le train. Au 51ème Festival de Cannes, le film reçoit trois Césars : meilleur réalisateur pour Chéreau, meilleur second rôle pour Dominique Blanc et meilleure photographie pour Éric Gautier.
En 2000, il tourne, en anglais, Intimité, tiré de récits d’Hanif Kureishi, qui rencontre le succès auprès du public. Le film remporte l’Ours d’or à Berlin, en 2001, et vaut à Kerry Fox l’Ours d’argent de la meilleure actrice. Il obtient également le Prix Louis-Delluc, en 2002.
Puis Patrice Chéreau met ensuite en scène l’un de ses plus grands triomphes au Théâtre de l’Odéon : Phèdre de Racine. En 2003, sort son film Son frère, adapté d’un roman de Philippe Besson. La même année, il est le président du jury du festival de Cannes. En 2005, il revient au film à costume avec Gabrielle, adapté d’une nouvelle de Joseph Conrad.
En 2006, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, le nomme président de la Fémis. Mais il la quitte quelques mois plus tard, « la mort dans l’âme », au motif d’un emploi du temps surchargé. En décembre 2007, il met en scène Tristan et Isolde de Richard Wagner, à la Scala de Milan, sous la direction de Daniel Baremboim.
Fin 2008, il retrouve sa complice Dominique Blanc dans La Douleur, d’après Marguerite Duras, au Théâtre de Nanterre. Pour sa prestation, Blanc est récompensée d’un Molière en 2010. En 2009, il présente Persécution, son nouveau film, à la Mostra de Venise.
En juillet 2013, sa mise en scène d’Elektra de Richard Strauss, triomphe au Festival d’Aix-en-Provence.
Toute sa vie, il reste fidèle à ses plus proches collaborateurs : Caroline de Vivaise (costumes), Richard Peduzzi (décors), André Diot (lumière) et André Serré (son). Il décède à Paris, le 7 octobre 2013, d’un cancer du poumon.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2005-12-25.