Charles Louis Chassin voit le jour à Nantes (Loire-Atlantique), le 11 février 1831. Il étudie au collège royal de Nantes, où il a pour condisciple Jules Vallès. Celui ci s’inspirera de lui pour créer le personnage de Matoussaint dans Le Bachelier, puis au collège Bourbon. Il fait son droit à Paris quand le cours de Jules Michelet au Collège de France est suspendu, le 13 mars 1851. Comme c’est l’un des premiers à s’opposer à cette mesure. On l’interne à Mazas au titre, finalement abandonné, de « complot contre la sûreté de l’État ».
Avec Vallès, il fonde, à Paris, en 1850, le Comité des Jeunes, qui tente vainement de soulever le quartier latin contre le coup d’État du 2 décembre 1851. Opposant au Second Empire, républicain, libre-penseur et anticlérical, il renonce à une carrière dans l’enseignement, afin de ne pas prêter le serment de fidélité au régime impérial. Il gagne alors sa vie en publiant dans des feuilles littéraires et des revues.
L’article qu’il consacre à « François-Joseph », au retour d’un voyage en Hongrie, contribue à l’interdiction de la Revue de Paris par décret impérial, en 1858. Au Courrier du dimanche, il publie, en 1860, le seul compte-rendu consacré à La Démocratie d’Étienne Vacherot. Mais ce dernier est saisi par la police le jour de sa mise en vente. Lié à Giuseppe Mazzini, Daniele Manin, Giuseppe Garibaldi, Lajos Kossuth, György Klapka, Gyula Andrássy et Daniel Irányi, il décrit les partis révolutionnaires à l’étranger dans les colonnes du Courrier de Paris. Puis il consacre ses premiers ouvrages historiques à la Hongrie.
Par ailleurs, profitant des concessions libérales accordées par le régime après la campagne d’Italie (1859), il tente de fonder un journal, La Nation. Mais le ministère de l’Intérieur lui refuse l’autorisation, au prétexte qu’en 1848, il « avait collaboré au Père Duchêne et à l’Aimable faubourien ». Après avoir fait remarquer qu’il était encore au collège à l’époque, sa demande n’en est pas moins enterrée !
On l’arrête au retour d’une visite au colonel Charras, exilé à Bâle, pour colportage de brochures interdites. Il passe alors devant le tribunal correctionnel de Mulhouse, qui l’acquitte, puis, sur appel du ministère public, devant la Cour de Colmar. Sauvé par l’intervention de ses amis Charras, Michelet, Quinet, Martin et Arago, il abandonne ensuite la politique pour l’histoire. Il écrit ensuite La Presse libre selon les principes de 1789 (1862).
En septembre 1867, il assiste comme premier secrétaire pour la France au congrès de Genève. Celui ci voit la création de la Ligue de la Paix et de la liberté, avec Victor Hugo, Charles Lemonnier et Ange Guépin. Cette ligue milite en faveur de l’instauration d’États-Unis d’Europe.
Après la suppression de l’autorisation préalable, il fonde La Démocratie (8 novembre 1868-5 août 1870). De même, en 1868-1869, il fonde la Société Civile des Familles Affranchies. Cette association accueille des membres à travers toute la France, mais également en Angleterre, parmi les républicains proscrits.
Favorable à l’insurrection le jour des obsèques de Victor Noir, il participe à la manifestation de la Bourse après les batailles de Wœrth et de Forbach et se trouve sur la place de la Concorde le 4 septembre. Lors du siège de Paris, il s’oppose au départ du gouvernement de la Défense nationale. Élu commandant du 253e bataillon, il participe à la journée du 31 octobre 1870 et devient délégué du 9ème arrondissement pour demander l’élection d’un conseil municipal.
Le 10 avril 1871, il est arrêté à Versailles et détenu préventivement, jusqu’à la répression de la Commune de Paris.
Puis il publie dans des journaux et revues russes jusqu’à l’interdiction des Annales de la Patrie en 1884. Il fonde avec Jean Macé La Semaine républicaine. Il s’oppose au coup de force du 16 mai 1877. Léon Gambetta fera plus tard de ce journal La Petite République. En 1878, il fait obtenir à Macé le poste de rédacteur en chef du Journal officiel.
Par ailleurs, élève d’Alphonse Aulard à la Sorbonne, ami de Jules Michelet, il est aussi historien. Il se spécialise dans l’histoire de la Révolution française. Entre 1891 et 1900, il publie 11 volumes de documents sur la guerre de Vendée, La Vendée Patriote.
Il épouse Agathe Claudine Sauvage (1836-1904), à Paris (6ème), le 18 juillet 1854. Ils auront quatre enfants :
- Anna Jeanne Claudine (1855-1876), future peintre et épouse de l’homme de lettres Maurice Marie Justin Coste, dit Maurice Talmeyr (1850-1931), qui décèdera en couches,
- Marie Lucile (1859-1924), future comédienne et épouse de l’industriel Aimé Antoine Émile Alamagny (1868-x),
- Marianne (1865-1953), future comédienne et épouse du comédien Abel Tarride (1865-1951), puis du capitaine d’infanterie Sébastien Otto Alfred Fiedler (1875-1951)
- France (1873-1932), future comédienne elle aussi.
Victime de la maladie, il se retire à Beauchamp, près de Taverny (Val-d’Oise), où il meurt le 18 juillet 1901.
Sources : -. Date de création : 2024-04-20.