Paul Armand Challemel-Lacour voit le jour à Avranches (Manche), le 19 mai 1827. Après ses études à l’École normale supérieure, il enseigne la philosophie à Pau puis à Limoges. Ses opinions républicaines lui valent d’être arrêté en 1851 après le coup d’État de Napoléon III.
Exilé au bout de quelques mois de détention, il voyage en Europe, donne des conférences en Belgique et devient professeur de littérature française à l’École polytechnique fédérale de Zurich en 1856. Revenu en France après l’amnistie de 1859, son projet de cours sur l’histoire et l’art est immédiatement supprimé et il est obligé de vivre de sa plume en contribuant de façon régulière à des périodiques.
Il assure la critique littéraire du «Temps», gère la «Revue des Deux Mondes» et dirige la «Revue politique». Nommé préfet du Rhône à la chute du Second Empire en septembre 1870 par le gouvernement de défense nationale, il doit réprimer le soulèvement révolutionnaire à Lyon.
Démissionnaire le 5 février 1871, il se fait élire à l’Assemblée nationale en janvier 1872 et, en 1876, au Sénat. Siégeant d’abord à l’extrême gauche, son tempérament philosophique et critique n’est pas en harmonie avec les audaces de l’extrémisme français et son attitude envers les questions politiques se modifie régulièrement jusqu’à devenir sur la fin de sa vie le premier représentant du républicanisme modéré.
Du vivant de Gambetta, il est néanmoins l’un de ses plus ardents défenseurs et, un temps, rédacteur de son journal, La République française. En 1879, il devient ambassadeur de France à Berne, puis à Londres en 1880. Peu diplomate, il démissionne en 1882 et devient ministre des Affaires étrangères en février 1883 dans le cabinet de Jules Ferry, mais se retire en novembre de la même année.
Son éloquence claire et raisonnée le place en tête des orateurs français de son époque. Élu vice-président du Sénat en 1890, il succède à Jules Ferry au fauteuil de président du 27 mars 1893 au 16 janvier 1896, où il se distingue par la vigueur avec laquelle il soutient le Sénat contre les empiètements de la Chambre avant que sa santé chancelante ne le force à démissionner en 1896.
Il entre à l’Académie Française en 1893. Certains de ses ouvrages ont été traduits en allemand et en turc. Il a, lui-même, effectué des traductions et procédé à la publication des œuvres de Louise d’Épinay en 1869.
Il est l’éditeur de Louise Florence Pétronille Tardieu d’Esclavelles d’Épinay, «Lettres à mon fils» (Paris, A. Sauton, 1869). Paul Armand Challemel-Lacour s’éteint à Paris, 26 octobre 1896.
Œuvres :
- La Philosophie individualiste ; étude sur Guillaume de Humboldt (G. Baillière, 1864) ;
- Le Salon de 1866 (1866) ;
- Un bouddhiste contemporain en Allemagne, Arthur Schopenhauer (Bureau de la Revue des Deux Mondes, 1870) ;
- Œuvres oratoires (C. Delagrave, 1897) ;
- Études et réflexions d’un pessimiste (Charpentier, 1901).
Traduction de l’allemand : Heinrich Ritter, Histoire de la philosophie moderne (Ladrange, 1861).
Traduction de l’italien : Giacomo Leopardi, Paradoxes philosophiques (Champion, 1914).
Sources : Site de l’Académie Française. Date de création : 2008-12-25.