Henriette Caillaux, née Henriette Raynouard, nait en 1874. Epouse légitime de Joseph Caillaux, elle vit avec lui une liaison amoureuse bien avant leur union alors qu’il est encore marié. Il l’épouse dès son divorce prononcé. Joseph Caillaux, exerce la fonction de Ministre des Finances dans le gouvernement du cabinet Doumergue. Il doit subir des attaques politiques virulentes orchestrées par ses adversaires, Aristide Briand et Louis Barthou.
Ces derniers, bien décidés à en finir avec lui, chargent Gaston Calmette, directeur du Figaro, d’organiser l’offensive. Ils veulent abattre Caillaux qui, selon eux, menace le capital. Surtout, ils l’accusent de germanophilie et d’intelligence avec l’Allemagne. Ce serait pour ce duo la fin de la politique de fermeté prônée par le président Poincaré.
Calmette n’hésite pas un instant à faire paraître dans les colonnes du Figaro des courriers échangés par Joseph Caillaux et Mme Caillaux rédigées avant leur mariage et pendant leur liaison. L’origine de ses lettres provient de Mme Geydan, première épouse de Joseph Caillaux, possédant par devers elle une correspondance de son mari avec sa maîtresse.
Mme Caillaux croit que Gaston Calmette n’hésitera pas à se servir de ces courriers contre son mari et son honneur. Elle pense aussi au futur mariage de sa fille qu’un scandale compromettrait, ainsi que sa présentation à la cour d’Angleterre. Mme Caillaux, bien décidée à défendre sa réputation et celle de son mari, prend rendez-vous le 16 mars 1914 avec Calmette, au Figaro même. Après quelques mots échangés, elle tire à bout portant sur le directeur du journal, lui loge deux balles dans les jambes, deux dans le ventre et une dans la poitrine.
Calmette, transporté à l’hôpital décède quelques heures après des deux balles reçues dans le ventre. Il semble qu’on ait mal prodigué les secours, ce qui aurait causé immanquablement son trépas. L’émotion dans le pays est à son comble. Dans le procès qui s’ensuit, Mme Caillaux plaide coupable. Fait exceptionnel, le président de la République doit comparaître, comme bon nombre d’autres personnalités.
Les lettres produites au procès ne contiennent rien de politique, les soit disant révélations de Gaston Calmette se rapportent à une affaire de financier plus ou moins véreux, prétendument protégé par Caillaux. A cette époque, le féminisme commence tout juste à entrer et à poser son empreinte sur la société française.
La défense, est très habile, en la personne de Maître Fernand Labori (1860-1917), ancien défenseur de Dreyfus et de Zola. Il exploite les stéréotypes encore bien ancrés dans les mœurs. Il convainc le jury que le crime n’est pas le fait d’un acte prémédité mais d’un réflexe féminin incontrôlé, transformant le crime mûrement préparé en crime passionnel. Fernand Labori obtient ainsi l’acquittement de sa cliente, le 28 juillet 1914.
Mais le scandale oblige Caillaux à démissionner de son mandat. Ceci arrange Poincaré et ses amis et donne indirectement raison à Calmette. Le couple voyagera beaucoup. Joseph Caillaux et son épouse ne finiront pas leurs jours ensemble, c’est séparée de son mari qu’elle s’éteint en 1943.
Merci à Bertrand Beyern pour la découverte de ce personnage et de sa sépulture.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2006-05-15.